Le label français InFiné célébrera ses 15 ans à grandes pompes le 13 au 14 novembre au Centquatre à Paris. À cette occasion, Alexandre Cazac, un des cofondateurs, revient sur 5 albums qui ont marqué et marqueront la vie encore prometteuse de cette belle famille unie par la passion de la musique.
Voilà maintenant 15 ans que Yannick Matray, Alexandre Cazac et Agoria (qui a quitté la maison en 2011) ont fondé le label InFiné en 2006. 15 ans que ces acteurs ont comme motto « easy music for the hard to please » et ont su satisfaire dignement les oreilles affûtées de leurs auditeur‧ices. Plus qu’un label, c’est aussi une grande famille, qui a su, année après année, construire une grande maison autour de valeurs similaires et d’une vaste variété de musique classique et électronique produite à travers le monde. Grâce à la pluralité de leurs artistes, InFiné a pu rayonner jusqu’ici comme étant un label et éditeur précurseur dans le paysage musical et c’est d’ailleurs cette année qu’ils affichent fièrement leur premier César de la musique originale, avec la BO de Rone pour La nuit venue. Un événement unique pour un label indépendant. Et pour célébrer la fin de cette belle année et les 15 ans de création du label, ils ont convié une grande partie de leurs artistes pour célébrer ce grand événement au Centquatre : Rone, Léonie Pernet, Lucie Antunes, Deena Abdelwahed, Basile3, Sabrina Bellaouel, et bien plus encore pour des concerts et DJ sets. On retrouvera MEWEM et Music Declares Emergency autour de tables rondes, et des expositions photos de Marco Dos Santos et Marine Keller, qui aménageront le lieu.
À cette occasion, Alexandre Cazac revient sur ses 15 dernières années à travers 5 albums qui retracent l’existence d’InFiné.
Francesco Tristano – Not For Piano (2007)
Album « programmatique » d’InFiné : le premier, donc déjà une grande aventure pour le réaliser avec un titre prophétique « Not For Piano ». Francesco Tristano est un artiste musicien et compositeur luxembourgeois et italien venant d’une génération d’artistes né‧es dans la musique électronique, mais plus seulement « producteurs ». Une reprise du fondateur hymne de la techno de Detroit « Strings Of Life » (Derrick May), une autre du non moins mémorable « The Bells » de Jeff Mills, mais aussi une autre de Autechre (« Andover ») et un hommage à Pascal Dusapin, compositeur de musique contemporaine (« AP* »), l’ensemble passé entre les oreilles du sorcier mexicain Murcof pour le mastering. Pour moi, c’est le début de notre légende !
Rone – Spanish Breakfast (2009)
Un disque construit presque à l’envers. Pour son premier maxi, Erwan (Rone) est arrivé avec une idée de clip de son ami Vladimir Mavounia-Kouka pour le titre « Spanish Breakfast ». On a finalement eu ce clip avec presque 6 mois de retard… alors on a construit un album autour d’un printemps et d’un été. C’était beau, fluide, simple, une première étape de notre histoire commune qui ne présageait encore de rien. Nous étions innocents, Erwan le premier qui se rêvait dans le cinéma et qui ne savait pas que quelques années plus tard, sa musique lui offrirait une porte d’entrée en première classe dans ce monde qui le fascine ! Ah oui, le clip de Vlad est bien visible sur le CD et puis il y a un titre avec Alain Damasio, il paraît qu’il est auteur de SF à suivre…
Murcof / Wagner – Statea (2016)
Une longue histoire ; en 2005, je propose à Murcof le projet qui deviendra l’album Versailles Sessions où il revisite la musique de Lully. En 2010, lors de notre workshop au Normandoux, résidence d’une semaine entre un manoir et une carrière, il joue après un concert de la pianiste classique Vanessa Wagner. On en avait profité pour monter une transition où la pianiste jouait une pièce de Satie et le sorcier mexicain venait amplifier puis tordre le son du piano qui s’est répandu dans la carrière. L’expérience a été tellement extraordinaire qu’ils ont décidé de poursuivre. Il a fallu 5 ans pour trouver le répertoire, expérimenter, apprendre comment l’interprète pouvait jouer et le producteur apporter de nouvelles lumières sur les pièces sélectionnées. C’est un disque qui est aujourd’hui une référence incontournable du genre « modern classical », mais c’est surtout un disque unique, car il fallait la qualité hors du commun de ces deux artistes pour trouver des équilibres inégalés tout en respectant des auteurs et des pièces.
Deena Abdelwahed – Khonnar (2018)
Le premier album « sauvage » pour Deena qui apprenait ; tout en écrivant une page de notre histoire. Elle a été à Barcelone et a travaillé avec Edu Tarradas (aka Clip) qui l’a aidée pour le mix. Après quelques allers-retours, elle est revenue avec ce diamant noir, sans concession, qui fait résonner une énergie brute, et tisse un pont entre les côtes de la Méditerranée. Elle est une figure de proue d’une scène bouillonnante en quête d’émancipation, influencée par les sons des clubs de Londres et Berlin, nés dans ceux des kasbah. Après des mois de recherche et de tâtonnements, la pochette de Khonnar est finalement celle que nous avons réalisée le plus rapidement : un jeudi, je découvre et envoie un message à Judas Companion ; le mercredi, elle est à Montreuil pour photographier Deena et ses masques. Le résultat est désormais l’une des plus iconiques pochettes de notre catalogue.
Léonie Pernet – Le Cirque de Consolation (2021) CryBaby & InFiné
C’est celui qui arrive… il est encore brûlant ce second album de Léonie ! On l’a attendu longtemps, il est calé au programme depuis plus d’un an et a glissé régulièrement… enfin il va voir le jour en novembre 2021. C’est un album qui me touche, car j’y entends la femme se débattre avec les démons de son enfance. Avec ce Cirque, elle les amadoue et s’en libère avec courage. Elle chante en français, une fois qu’on l’a entendue ce n’est plus une surprise, mais ce n’était pas une évidence « a priori ». Je pense qu’avec ce « Cirque de Consolation », elle affirme une signature musicale unique et impose sa singularité dans le paysage français.