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Chichirama : « On veut faire voyager et évoquer des images »

Chichirama : « On veut faire voyager et évoquer des images »

Chichirama est l’un de ces groupes qui, l’année passée, s’est retrouvé à diverses reprises l’herbe coupée sous le pied. Suite à de nombreux reports et à l’annulation de deux release party en raison de problèmes logistiques entrainés par l’interminable situation d’urgence sanitaire à rebonds permanents, cette fois c’est la bonne. On peut enfin découvrir Epic Fail, le second EP qui signe le retour de cette formation de rock garage teintée de sonorités psychédéliques.

Au printemps 2019 le label indépendant Lofish Records faisait paraître Chinese Whispers. Sous ce titre énigmatique se cachait le premier EP de Chichirama, un groupe français anglophone aussi mystérieux qu’attractif, dont les sonorités oscillent entre garage rock hallucinatoire et phases d’expérimentations stellaires proches des groupes estampillés krautrock.

Pour célébrer la sortie de son successeur, Epic Fail (Lofish, Dirty Melody et Le Cèpe Records), initialement prévue à l’automne dernier, on avait profité du court déconfinement pour se rendre, sous les derniers rayons d’un astre caniculaire, au centre culturel Le 6b de Saint Denis – qui héberge le studio de répétition du groupe – afin de discuter avec William, fondateur, chanteur et guitariste de Chichirama, accompagné par Manu, leur batteur.

Il est question de l’élaboration de ce nouvel opus mais également des alternatives envisagées pour que les artistes puissent continuer à développer leur créativité lors de paralysies totales du secteur culturel. Comme la situation n’avait pas significativement évoluée depuis cet entretien, tous embourbés pendant des mois dans l’épais et sempiternel brouillard qui ne laissait percevoir aucun horizon pour la reprise des concerts, les propos recueillis sont plus que jamais d’actualité.

Manifesto XXI – Pour débuter, pourriez-vous me raconter la Genèse de Chichirama ?

William : Le groupe est né il y a 5 à 6 ans. Avec Quentin on était dans AOU, une formation à Londres, où l’on s’est rencontrés. On l’avait monté ensemble, mais ce groupe et Londres ne nous correspondaient plus vraiment à ce moment. On a décidé de rentrer à Paris pour le maintenir à flot et on avait la volonté de monter un autre projet qui serait plus live. AOU était très electro, indie, on avait remplacé notre batteur par des machines pour sonner plus actuel.

Quand on rentre à Paris le groupe ne nous correspond plus trop, on avait envie de retrouver quelque chose de plus organique et je ne voulais plus travailler avec le leader d’AOU. J’avais pris davantage de gallons à la voix et j’avais besoin de me sentir plus libre. On a ainsi créé ce groupe qui à la base s’appelait Chinese Whispers. Un EP arrive assez vite suite à une rupture avec ma copine de l’époque, je m’enferme durant deux mois chez mes parents avec mes pédales et mon matos dans une sorte de cagibi de dix mètres carrés. Je ne sors pas pendant tout ce temps parce que je me dis : « Vas-y rupture, je suis au fond du trou, il faut que je me bouge pour sortir un truc. »

Après c’est allé très vite, j’ai rencontré de bons musiciens assez rapidement. On a enregistré des batteries avec l’un des meilleurs batteurs de Paname et de fil en aiguille il ne faisait plus parti du projet. À cause de ce move on s’est retrouvé pendant deux ou trois ans à essayer de recruter un nouveau batteur. On a vu défiler seize membres dans le band en trois ans, parce que j’étais hyper dur dans ma manière de bosser, j’avais de grands objectifs et si tu n’étais pas à la hauteur en terme de niveau ou d’investissement c’était difficile. Il y en a aussi qui sont partis par eux-mêmes pour se pencher sur leur propre projet.

Après ce temps à essayer de trouver un line-up fixe – depuis un peu plus d’un an on commence enfin à l’avoir, même si ça continue parfois de changer à droite à gauche –, il y deux ans, on a renommé le groupe Chichirama parce qu’on venait de signer sur Lofish pour notre premier EP et il me semblait plus pertinent de repartir de zéro pour laisser derrière nous toutes ces galères de formations. Le nom se retient également plus simplement que Chinese Whispers.

Qu’est-ce que ça signifie Chichirama ?

William : Il faut aller voir sur le site web (rires). [Vision spirituellement transmise pendant une extase ou le sommeil, une vision qui manque de simplicité. J’étais tranquille, quand tout à coup, Chichirama]. Non, plus sérieusement, initialement je voulais créer un label qui s’appelait Chichirama, qui sortirait en co-release avec Lofish notre disque de Chinese Whispers. Finalement cette idée s’est totalement plantée mais je suis content aujourd’hui de ne pas avoir monté de label.

On s’est retrouvé à repartir de zéro, plutôt que de garder Chinese Whispers, je préférais ce nom qui était plus catchy et plus simple à retenir. On avait déjà tout l’univers qui allait avec. Ça fait appelle à plein d’inspirations, on dirait plus une marque de rāmen ou de noodles en Asie. Il y a un côté un peu post-seventies, truc progressif, tu sais des visions chelous, toute cette période avec La Montagne Sacrée de Jodorowski. Ça fait vachement penser à cet imaginaire je trouve et ça fait travailler l’inconscient collectif.

William et Manu dans leur studio de répétition du 6B © La Voix Sauvage

Selon vous, quelle place a le rock psyché en France aujourd’hui ?

William : Personnellement, j’ai du mal à trouver des choses qui me parlent dans les artistes de musiques psychédéliques actuels. Je ne suis pas la meilleure personne pour en parler. Il y a plein de petits groupes mais je pense qu’il y a encore des choses à prouver en France. On était très inspirés par les pointures comme les premiers Temples ou Tame Impala, on s’inscrivait un peu dans cette lignée, du rock psyché en étant un peu progressif. Mais ça c’est plus sur le premier EP. Là on s’est davantage démarqué de cette scène. C’est peut-être dû au fait d’avoir beaucoup trainé avec Rendez-Vous, mais maintenant il y a un côté plus garage sur certaines chansons mais aussi post-punk au niveau de la sonorité des arrangements sur d’autres. Un côté plus énervé, plus live.

Manu : C’est vrai que la scène psyché en France ça reste une toute petite niche. Il y a des groupes mais ce n’est pas du psyché pure.

William : Tu vois les Psychotic Monks ? Ce n’est pas directement du psyché à mon sens mais ça me parle plus que du pseudo psyché un peu « pouette pouette », tu vois ? C’est plus ça qui m’interpelle. En Angleterre, Black Market Karma font de la musique de ouf.

Y a-t-il des anecdotes cocasses à propos de l’enregistrement d’Epic Fail ?

William : « Epic Fail », on a failli split le band dessus. Paul, qui fait partie du groupe Alpes, a joué pendant un moment avec Chichirama et on a écrit ensemble certaines tracks de l’EP. J’aimais bien le titre, j’aimais bien la basse, mais il y avait un truc qui me gênait un peu avec la batterie. J’ai rajouté quelques bouts d’idées qui me restaient, qui trainaient, ça s’est bien passé mais il nous manquait quelque chose, une partie pour que ça nous ressemble vraiment. Du coup, on a fait toute une outro un peu solo et on a créé une partie harmonique de keyboard derrière un solo de guitare, mais cette partie est un peu complexe. On ne va pas rentrer dans les détails techniques mais en gros cet ajout frisait un peu à l’oreille, il y a des sonorités étranges.

Pendant quatre mois ça a été la bataille entre Quentin et moi contre Manu et Paul. Il y avait deux camps, ceux qui voulaient aller au plus simple et arrêter de se prendre la tête, et notre camp qui défendait qu’on avait passé dix heures en studio pour trouver ce truc. On ne voulait pas l’enlever jusqu’à ce qu’on se fasse une session chez moi où on a parlementé pendant 45 minutes. On aurait dit un débat politique, c’était tellement passionné. Manu s’est levé, saoulé, il s’est barré.

Manu : Ça ne servait plus à rien de se prendre la tête là-dessus.

William : Du coup Paul veut se barrer, c’est parti un peu en live mais on ne voulait rien lâcher et on a trouvé une sorte de compromis qui a mis plutôt tout le monde d’accord.

Il y a beaucoup de groupes qui misent sur le côté impactant du live et qui ne prennent pas assez en compte le rapport au disque.

William – Chichirama

Pouvez-vous me décrire l’EP en quelques mots ?

William : Déjà, je n’ai pas encore fait de LP, je ne sais pas comment font les groupes pour arriver avec quarante tracks et ensuite en sélectionner dix. On a essayé d’avoir quand même douze à quatorze morceaux, sachant que c’est un EP, il fallait se limiter sur les choix. Ce qui est intéressant, c’est que là-dessus, avec Paul, on était ouvert à la collab’. Ce n’est pas évident de collaborer avec des gens étant donné que j’ai toujours appris à travailler seul. On a également mieux défini le scope musical de ce que l’on voulait faire.

Le disque n’est pas encore sorti mais on l’a déjà joué en live et je suis encore assez fier des tracks. C’est comme si t’as un tricks que tu kiffes en skate, au bout d’un moment t’en as marre de le faire. Mais là, à chaque fois que je les joue je les kiffe. On a aussi réussi à toucher à différents domaines, on est assez éclectiques au niveau des sonorités. C’est toujours délicat quand tu fais un disque, tu veux avoir une pâte mais tu ne veux pas être redondant. On veut faire voyager et évoquer des images. Tu ne veux pas manger du même plat pendant tout ton concert en fait.

Pour avoir du relief pendant le set on s’est fait un kif plus full garage sur « cheaters », un peu plus cold sur « Epic Fail » à des moments, plus krautrock sur « Hell Will Take Care Of Her ». Cette dernière est une reprise du morceau d’un groupe un peu obscure [Brass Buttons ndlr] que j’apprécie et qui était présent sur une vidéo de skate de la marque Habitat. Comme on a tous fait du skate dans nos potes, avec les gars de Rendez-Vous, c’était important pour nous de reprendre cette track qui venait de la part’ d’un skateur qu’on admirait.

Manu : Ça fait aussi partie de nos influences, le rock très psyché des années soixante. Même si aujourd’hui la chanson ne ressemble plus du tout à l’originale, si ce n’est le thème et les paroles, on l’a quand même totalement transformée.

William : Au début on s’est dit qu’on allait la faire sixties, mais ensuite on a décidé de gonfler le beat. Puis, on s’est dit qu’on pouvait la faire un peu plus kraut’ et à la fin elle ne ressemblait plus du tout à l’originale. On voulait rendre hommage à cette track. Sinon à propos des titres présents sur Epic Fail, à l’époque on était sur un troisième EP avec AOU, qui n’est finalement jamais sorti. On a recyclé des idées. Également certaines choses qui devaient se trouver sur le premier EP de Chichirama. J’ai du mal à jeter à la poubelle mes démos, du coup, on s’est un peu appuyé sur tout ça tout en continuant d’écrire et de développer les compositions.

Pensez-vous pouvoir réaliser la promotion d’Epic Fail telle que vous l’aviez prévu d’ici sa sortie ?

William : En vrai, je n’en ai aucune idée mais ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète. Même si les concerts font partie du truc, il n’y a pas que ça. Il faut être autonome, sortir des disques, des bonnes tracks et des clips cools, et après évidemment le prolongement c’est de défendre sa musique sur scène. Il y a beaucoup de groupes qui misent sur le côté impactant du live et qui ne prennent pas assez en compte le rapport au disque. Quand tu fais un concert qui sonne fort, l’expérience que tu te prends dans la figure est colossale.

L’extension de l’expérience du live c’est d’écouter le disque chez toi. Forcément faire des disques aujourd’hui a une dimension marketing, t’en fais pour que les gens viennent te voir en concert parce que c’est une des dernières manières de se faire de l’argent dans ce milieu. On veut défendre Epic Fail en live mais ça fait partie du tiers du taf. J’espère qu’on pourra le faire malgré la pandémie mais à la limite si c’est bloqué ce n’est pas grave. On peut continuer à faire des disques en studio, faire nos clips et toujours avancer en tant qu’artistes et se développer.

On avait pensé à faire un concert acoustique dans le métro. T’annonces le début du concert à une station à telle heure en début de ligne, si tu montes dans le wagon tant mieux t’es dans le gig et sinon tant pis pour toi mais tu peux aussi prendre le concert en cours.

William – Chichirama

Quelle est votre stratégie de promotion si les protocoles sanitaires continuent de restreindre la programmation des concerts ?

William : Je ne pense pas faire du live-stream. À moins d’arriver avec un concept vraiment détonant, mais sinon je n’ai aucune envie de retomber dans cette tendance de masses. Les artistes ne se sentent pas toujours de faire de l’acoustique avec leurs tracks, d’autres ne se sentent pas de faire des lives-streams, et nous on en fait partie. Peut-être pour le fun, de façon spontanée pourquoi pas, mais quelque chose d’officiel… Non, ça ne me ressemble pas, ce n’est pas ce que j’ai envie de faire.

Après, détourner le contexte social et être un peu à la bordure du légal pour faire des concerts spontanés, ça, ça me parle, par exemple. Tu vois Kamera en Allemagne ? Ce qu’ils ont fait depuis longtemps, comme sûrement pas mal de groupes auparavant, c’est de s’installer dans des lieux avec une réverbe naturelle pour faire un concert à l’improviste de 40 minutes. Ça, ça me parle. Parce qu’il y a une performance, c’est plus rock’n roll.

Manu : En mode rave party Madchester.

William : Oui, ça se fait bien pour des raves techno, par exemple, alors pourquoi ça ne se ferait pas pour du rock ? Ok, il y a une grosse prise de risque mais bon… On avait pensé à faire un concert acoustique dans le métro. T’annonces le début du concert à une station à telle heure en début de ligne, si tu montes dans le wagon tant mieux t’es dans le gig et sinon tant pis pour toi mais tu peux aussi prendre le concert en cours. Le trajet sur la ligne fait peut-être 50 minutes, c’est parfait pour un set. J’aimais bien cette idée, c’est quelque chose que j’aimerais bien faire. Tu peux peut-être te manger une amende mais bon… Essayer d’être plus intelligent que le contexte politique actuel où concrètement si tu dois te plier aux décisions pour faire des concerts tu ne t’en sors pas.

Manu : Oui, ou alors profiter des petites opportunités, comme ce que propose le Trabendo, pour pouvoir monter sur scène [entre l’été et l’automne 2020, le Trabendo organisait conjointement avec le Supersonic des concerts en plein air, ndlr]. Et début 2021 peut-être que la situation va changer comme les programmations ont été décalées à cette période. On devra s’adapter dans tous les cas, comme tous les groupes. Ça ne sert à rien d’être pessimiste et de se dire que ça ne va jamais marcher et qu’on arrête tout.

William : Oui et il y a une réalité, si ça ne redémarre pas d’ici 2021, ça va être la merde pour pas mal de salles. Il faudra tout reconstruire si les salles ferment. S’il n’y a plus de lieux où jouer, on trouvera des alternatives. Je préfère dire que j’ai de l’espoir plutôt que : « je suis optimiste ». Bref, on est beaucoup dans le flou mais projeter un projet marketing là-dessus ce n’est vraiment pas évident. Il y a plein de gens qui sont déprimés de la situation, moi au contraire je me dis : « Allez c’est la fin du monde, on y va ! »

Manu : Et puis justement la demande est toujours là. En septembre on a fait un concert acoustique au Petit Bain, il y avait plein de monde et c’était super cool. Pour nous c’était comme la reprise. En électrique ça aurait été encore mieux mais ainsi on s’est adaptés.

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Chichirama en concert acoustique au Petit Bain. Septembre 2020 © La Voix Sauvage

Que pensez-vous des « solutions » qui ont émergées récemment, notamment le concert virtuel qu’a donné Jean Michel Jarre pour la fête de la musique 2020, ou tous les événements musicaux qui ont lieu dans des jeux vidéos comme Fortnite [le rappeur Travis Scott dès avril 2020 a été suivi par 12 millions de spectateurs virtuels, le DJ Diplo s’y est produit le 25 juin pour présenter son dernier album] ou Minecraft [qui a organisé un festival de dance music le 9 juillet pour 4 jours] ? Ces solutions ont-elles de l’avenir dans l’industrie musicale ?

William : Déjà faut jouer à Fornite (rire). C’est compliqué en fait d’y répondre et c’est pour ça que je n’ai pas trop envie de me projeter sur les concerts virtuels. Il y a plein d’artistes qui font des concerts chez eux avec leur gratte et ils ou elles te mettent un micro qui, au lieu de partir dans la carte son, part dans les enceintes de leur salon, pour être repris par le micro de l’ordi. Tu te dis : « À quoi bon s’ambiancer dans le salon pour que la capta soit merdique ? »

T’auras jamais l’expérience qui sonne à 120db dans ta face, ni celle lorsque que tu te prends un truc comme un mur du son et que t’as tes tripes qui vibrent. J’ai vu des groupes en live dont l’expérience est formidable, et ça comment tu veux l’avoir en stream ? Ton casque audio te mettra jamais les vibrations que t’auras dans le bide devant un concert. Il faut aller de l’avant mais je pense qu’il y a encore des choses auxquelles on n’a pas pensé en terme d’expériences immersives musicales en parallèle avec la situation actuelle. Je ne peux pas te dire qu’il y a de l’avenir dans ce truc ou que j’y crois de ouf.

Manu : En fait, ça peut être intéressant de manière événementielle. Tu vois, le concert de Travis Scott, tout le monde en reparle maintenant parce que c’était un peu le concert phare du confinement. Mais je ne pense pas qu’en faire plus fonctionnerait. Je pense que ça s’essoufflerait vite. Pendant le confinement beaucoup d’artistes ont fait des live-streams mais j’en ai eu très vite marre parce que l’expérience qu’on aime dans les concerts, elle n’était pas là. C’est sûrement pour ça qu’on a refusé de s’investir là-dedans. Faire la même chose que les autres ce n’est pas très intéressant.

Comme disait ma grand-mère : « usez de tout mais n’abusez de rien ».

William – Chichirama

Manifesto XXI a organisé un festival du 18 au 20 septembre aux Magasin Généraux de Pantin sur le thème du Care. C’est important de prendre soin de soi ? Et des autres ?

William : Je pense que c’est important de prendre soin de soi pour plusieurs raisons. Personnellement, quand je te racontais l’histoire de l’idée du label Chichirama qui est tombé à l’eau, durant le même mois j’ai voulu lancer ma marque de skate et ça a foiré, et j’ai perdu ma copine dans la foulée. À cette période, j’avais un train de vie très malsain. T’es dans un life style rock’n roll mais tu n’avances absolument pas du tout sur la zike. Tu ramasses, t’es pas bien, t’es frustré, donc tu te défonces encore plus, bref c’est n’imp’. Du jours au lendemain mon cadre de vie a changé et je vois que prendre plus soin de soi, mieux manger, faire du sport, essayer de faire la fête mais quand même bien dormir, te rends plus épanoui et tu sens qu’il y a un rapport à la création qui est plus facile aussi.

J’ai toujours cru en l’image du mec torturé, créateur, que ça marche et tout, mais tu peux tout à fait créer des trucs profonds, parfois tristes aussi, sans être toi-même dans ce schéma destructeur. Prendre soin de soi pour un musicien ça va avec l’idée de ne pas se mettre dans des situations comme ce que j’ai pu vivre dans AOU lorsque je suis resté 12 heures en studio pour enregistrer un solo.

Au niveau du public, c’est le respecter parce qu’il paye une place pour venir te voir. Peu importe la taille de la salle. Aujourd’hui les gens payent hyper cher pour voir des concerts, il faut respecter ça. Après, si en tant qu’artiste tu peux essayer de proposer des surprises lors de tes concerts, c’est aussi cool pour leur présenter une expérience différente.

Manu : Il y a la scène et le contact avec le public. Justement, c’est aussi important pour nous d’aller voir les spectateurs avant ou après le concert pour discuter avec eux. Je pense qu’on n’a jamais été un groupe fermé.

Chichirama en concert acoustique au Petit Bain. Septembre 2020 © La Voix Sauvage

Est-ce qu’aujourd’hui la devise « Sex, drugs and rock’n roll » a toujours un sens dans le milieu de la musique rock après les abus et harcèlements dévoilés ces derniers mois avec les mots-dièses #musictoo et #balancetamajor par exemple ?

William : Je vais dire un truc con mais, tu peux résumer ça à : Sex, drugs and rock’roll si consentement. Tu peux te défoncer si tu sais ce que tu fais et que t’es conscient de la chose. Le sexe c’est pareil, et il faut bien entendu un consentement avec autrui. Là où c’est moche c’est qu’on a souvent tendance à mettre les rock stars sur un piédestal, en disant que ce sont des icônes, tu les idéalises, et l’histoire de Burger Records a fait réagir beaucoup de personnes.

Il ne faut peut-être pas généraliser le statut de rocker, t’as des connards partout. Après, l’adage peut toujours tenir parce qu’on ne vend pas des savons. Quand tu mets de la musique à 125db dans ta face et que les gens boivent des bières, qu’ils sont chauds et que ça su, c’est l’esprit. Mais comme disait ma grand-mère : « usez de tout mais n’abusez de rien ».

Avez-vous un slogan ou une devise ?

William : Je pense que : « J’étais tranquille, quand tout à coup, Chichirama », nous définit bien en fait.

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Photo en Une : © 7F


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