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Bootchy Temple. Vague à l’âme d’un monde en constante transformation

Bootchy Temple. Vague à l’âme d’un monde en constante transformation

Formé à Bordeaux en 2012, invité à se produire sur la scène du Marché des Labels Indépendants à Paris en 2019, Bootchy Temple agrandit sa discographie avec la sortie d’un quatrième album : In Consummated Bloom.

Deux années se sont écoulées depuis la sortie de Glimpses, le troisième long-format du quintette bordelais Bootchy Temple, à une époque où défendre son album sur scène pour le promouvoir était encore une évidence. Cet automne, alors que le secteur culturel français est toujours immobilisé dans sa torpeur, le quatrième opus du groupe, In Consummated Bloom, enregistré en octobre 2019 au Capitola Analog Studio en Creuse, apparaît entre l’interminable chaos et l’épais brouillard dans lequel musiciens et professionnels du spectacle vivant essayent tant bien que mal de persévérer à la recherche d’alternatives.

La mélancolie liée aux lointains souvenirs dont il ne reste aujourd’hui que des bribes nostalgiques est un thème central d’In Consummated Bloom. Certains titres comme l’entrainant « Lost Future », « Solastalgia » – sentiment de détresse psychologique lié à la destruction de l’environnement relative à l’idée qu’on ne peut rien faire pour y échapper – et « Can’t Tell » font par ailleurs échos à la conjoncture actuelle. Martin, guitariste et chanteur du groupe explique : « Besoin de rattraper certaines choses pour les dépasser, de courir après des moments vécus, de transformer des souvenirs en fantasmes. Il y a peut-être aussi une façon d’exprimer la manière dont on est affectés par la situation actuelle… Certains morceaux de l’album en parlent derrière leurs images. Peut-être plus dans la musique que dans les paroles, mais toujours avec ce sentiment de lutter contre la détresse, malgré la fin, et en attente du renouveau ».

© Maëlys Favory

Les pistes d’In Consummated Bloom, nourries lors de son enregistrement par l’écoute de Deerhunter, Hand Habits, Eliott Smith, Tim Presley et Women, mais aussi des classiques des Beach Boys, du Velvet Underground et de Yo la tengo, par les membres de Bootchy Temple, enivrent diligemment d’un sentiment passéiste, évoquant avec regret ces instants de joies dissipées. Le titre de l’album a quant à lui été choisi en hommage à la poétesse du XIXème siècle Emily Dickinson, figure majeure de la poésie américaine.

Installé depuis peu à Nanterre, le groupe travailla scrupuleusement durant une année entière sur la conception de cet album de 12 titres pour un résultat des plus remarquables. Sans changer de registre, il y a un quelque chose qui rend cet opus plus mature face au précédent. Serait-ce justement la rigueur imposée pour son élaboration ? Ou peut-être l’enregistrement sur bandes magnétiques et sa production ? La texture du chant y est percutante, captivant au sein de ces guitares cristallines et carillonnantes qui n’annihilent en rien l’impact des claviers qui tiennent également une place de choix dans cet ensemble cadré par la solide section rythmique. À l’écoute, c’est la délicatesse, la sensibilité et la quiétude qui se dégagent.

Sans surprise, c’est au label indépendant Howlin Banana – en collaboration avec Safe In The Rain Rds pour le format cassette audio –, qui s’efforce à redynamiser la scène rock indé hexagonale en accordant sa confiance à des groupes locaux au potentiel manifeste, que l’on doit l’arrivée de cette galette qui ravira les amateurs de la scène rock indépendante made in France.

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Photo en une : © Pierre Donadio

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