Lecture en cours
Olga Productions, Vol.1 : commencer par la fin (du monde)

Olga Productions, Vol.1 : commencer par la fin (du monde)

Ola Radio lance son label : Olga Productions. Une plateforme pour fédérer les scènes électroniques alternatives qu’elle défend, inaugurée avec un Vol.1 chaotique et révolté, qui réunit TTristana, Golce, whiterose ou encore M3C.

Née à Bordeaux et maintenant installée à Marseille, Ola Radio a su réunir, en plus de trois ans d’existence, une large communauté d’artistes indé qu’elle a contribué à propulser. La webradio se réinvente régulièrement au fil de formats et de projets toujours plus excitants – comme dernièrement le Cheat Code Show, une émission axée autour de la musique de jeux vidéos, qui s’accompagne de l’univers visuel néo-gothique de s1m0nc3ll0. Ola repousse encore davantage les frontières en créant aujourd’hui son propre label, Olga Productions. Inauguré le 11 février avec la sortie d’une première compilation intitulée DÉLITEMENT, le projet propose une réflexion sonore autour de la question : « Que reste-t-il lorsque les systèmes s’effondrent, les cycles se désynchronisent et les paysages connus disparaissent ? »

​​Ouvrant le bal, les tracks martiales de TTristana et Christoff Riedel, puis celle de Cumslut666, introduisent un monde en chaos, où de longs soupirs s’immiscent entre le cliquetis des sabres et l’écho des guns, martelant l’apocalypse par des voix rauques incantatoires. La pression redescend avec jd sleksi vers un rythme reggaeton cloudy, où s’alanguit un flow mielleux, plaintif. Sol Pleureuse poursuit avec sa « Dub2remember », sur laquelle résonnent de longs chants éthérés, comme quelque appel du ciel transperçant la voûte nuageuse de cette planète en déliquescence. La voix emo de migu s’affirme alors avec une résistance adolescente, sur un piano emporté par des beats rapides remplis d’une émotion festive. La rave reprend, mais souterraine, ralentie, assourdie, dans le « Givre Noir I & II » de holyld. Là encore, de salvatrices envolées lyriques nous rappellent qu’un espoir subsiste. Les kicks ronds, les cymbales, les textures grésillantes et numériques de Modern Collapse ajoutent un relief sound design à la base percussive chaude de son « Automatic Romantic », où percent des samples de voix et des notes mélancoliques. Le récit prend finalement forme dans une longue mélopée SF, que Golce s’applique immédiatement à envoyer valser par un petit bijou de deconstructed club. whiterose s’empare alors du « Waitin » de Kelela pour lui appliquer un riddim noisy, avant que la voix kawaii 6.0 de M3C, accompagnée par Le Fléau des Vignobles, hurle ses vérités sur un rock’n’ roll explosif, agité par quelques soubresauts emo-pop.

Avec ce premier volume où l’experimental glitch fraye volontiers avec le hardcore, déroulant un récit radical de free party post-internet, Olga donne chair à une génération éparpillée qui chante à l’unisson les vertus de la destruction créatrice. Dix morceaux pour une démolition progressive, une lente danse de fin du monde auquel on rend un dernier hommage… avant de lendemains prometteurs.

Artwork © Olga Bjem

Retrouvez l’univers de chaque artiste dans leurs takeovers sur Ola, AlHara et Lyl Radio.

Release party dimanche 6 mars de 17h à 00h à Marseille, avec Golce, Sol Pleureuse, jd sleksi, Ola Terreur. Infos à suivre.

Voir Aussi

Olga Productions : site web / soundcloud / bandcamp / instagram / facebook

Image à la une : © jd sleksi pour DÉLITEMENT

© 2022 Manifesto XXI. Tous droits réservés.