Tribune. Pour un #MeToo du monde de l’art

Plus de deux cents artistes et travailleur·ses de l’art ont signé une tribune dénonçant les violences et les discriminations dans le monde de l’art contemporain. Nous la publions ici, accompagnée de nombreux témoignages recueillis. Iels appellent à une assemblée générale #metooartcontemporain le 3 juillet à 18h, à La Parole Errante à Montreuil.

Nous avons longtemps partagé entre nous les récits de violences sexistes, sexuelles, racistes, homo et transphobes dans le monde de l’art. La publication des témoignages de Déborah de Robertis dans la presse et les affects qu’ils ont suscités nous ont rappelé la nécessité de nous rassembler dans une prise de parole collective. Notre colère nous a mis·es en action et décidé·es à lancer un #metooartcontemporain.

J’ai décidé de ne plus rester dans des espaces dans lesquels les gens ne croient pas à une politique dont font partie l’amour, la bienveillance, l’espoir et la responsabilité.

Tarana Burke, fondatrice du mouvement #MeToo, mars 2023

Nous, travailleur·euses de l’art contemporain, artistes, étudiant·es en art, critiques, agent·es des institutions, assistant·es d’artistes et de galerie, galeristes, commissaires d’exposition, enseignant·es, éditeur·ices, historien·nes de l’art, chargé·es des publics et de la communication, coordinateur·ices, régisseur·euses, administrateur·ices…, voulons sortir le monde de l’art de l’inertie.

Les violences sexuelles et sexistes, aggravées par des asymétries persistantes de genre, de race et de classe, s’y perpétuent notamment en vertu d’une supposée exceptionnalité issue d’une vision romantique de l’art, dont jouissent ses acteur·ices en situation de pouvoir. 

Le régime patriarcal s’exerce plus particulièrement dans la confusion qui s’opère entre espaces intimes et professionnels, dès l’école et jusque dans les institutions, les musées, et les lieux indépendants. 

Face aux témoignages ou signalements de victimes ou d’allié·es, la complaisance et la complicité avec les auteurices de violences est souvent de mise et permet le maintien d’un système dans lequel les souffrances ne sont jamais prises en compte. On préfère alors l’exclusion et la disparition de celles et ceux qui dénoncent, plutôt que la mise en place de réels changements.

Cette dynamique malsaine permet également la récupération et l’instrumentalisation des questions politiques au profit de politiques de diversité qui confisquent nos histoires, et altèrent la possibilité de remettre en question profondément les discriminations systémiques.  

Nous voulons travailler à faire advenir un monde de l’art réellement ouvert et accueillant. Ainsi, nous souhaitons rendre visibles nos expériences pour qu’elles ne puissent plus être ignorées. Nous souhaitons prévenir et réparer, pour qu’on ne nous reproche plus de dénoncer, de censurer ou de calomnier.

APPEL À UNE ASSEMBLEE GÉNÉRALE #METOOARTCONTEMPORAIN
MERCREDI 3 JUILLET 2024 À 18H À
LA PAROLE ERRANTE À MONTREUIL

Témoignages

Nous avons appelé toustes celleux qui le souhaitent à apporter un témoignage anonymisé d’expériences d’abus, de harcèlement, d’agression sexiste ou sexuelle – misogyne, transphobe, homophobe, validiste – dans le monde de l’art, y compris à l’intersection de violences racistes et de classe, et d’expériences de complaisance / protection des agresseur·e·s / silenciation. Nous avons reçu à ce jour près de deux cents témoignages, nous en recevons encore. Chacun d’entre eux est important. Dans le cadre de cette publication, nous en avons sélectionné une partie, pour des questions éditoriales et afin de rendre sensibles les mécanismes, la nature des oppressions et les effets de récurrence. Dans ce #metooartcontemporain nous avons privilégié l’inclusion de situations de racisme et d’homo ou de transphobie, de validisme, afin de souligner comment ces situations émergent corollairement dans un système patriarcal.

Si vous êtes concerné·es et souhaitez contribuer, merci de nous envoyer votre témoignage via ce formulaire.

TW : Nous vous informons que les témoignages contiennent des violences à caractère sexiste, sexuel, raciste, homophobe, transphobe, validiste…

1. Je suis assistante dans une galerie. Pendant une soirée très arrosée, open bar rituel des semaines de foire parisienne, un des artistes représentés par la galerie me regarde dans les yeux et me lance : « J’aimerais voir le fond de ta culotte. »

2. Je suis étudiante aux Beaux-Arts. Notre professeur invite un célèbre critique d’art et commissaire pour venir discuter de nos travaux. Quand il arrive à mon travail (une sculpture et un grand dessin), il me regarde et dit face au groupe « Toi, tu aimes te masturber hein ? ». Je suis sidérée par la remarque, silence dans la salle, et il insiste « Alors, la masturbation, tu aimes ça ? ».

3. J’ai 26 ans. Le directeur des Beaux-Arts m’invite chez lui, il en a environ vingt de plus. On s’est rencontrés dans un vernissage puis il m’a retrouvée sur Messenger. Je cherche des plans de boulot, je commence tout juste à travailler dans le monde de l’art. Dans la soirée, il me propose des heures de cours dans l’école, et me dit dans la même phrase que je peux rester dormir chez lui, sa femme en sera ravie aussi. Je m’enfuis, je n’ai pas eu de travail dans cette école. 

4. J’ai 26 ans, racisée, diplômée d’école d’art. Lors d’un rendez-vous personnel avec un professeur de l’école, je l’entends dire que les étudiantes asiatiques sont soit folles, soit sages, et qu’elles parlent toutes de « fragilité ». Il dit qu’il en a vu mille fois et que c’est ennuyant.

5. J’ai 30 ans, je travaille en galerie. Lorsque, indignée, je lis à haute voix le message d’un photographe d’exposition qui me demande de lui « envoyer ma photo » alors que je le sollicite pour réaliser des vues du dernier accrochage, le galeriste (mon patron) me répond : « Envoie-lui une photo de ta chatte, envoie-lui une photo de ta chatte ! » Aucun des monteurs ou artistes présents n’a rien dit ou fait.

6. Le directeur d’une école d’art que je rencontre pour un partenariat me demande d’être son « sale petit secret ».

7. Je fais partie d’un lieu collectif où agit un artiste agresseur depuis plusieurs années. Lors d’un vernissage, il balance une chaise sur son ex. J’apprends en parallèle qu’il a envoyé une autre copine à lui à l’hôpital. Lorsque je parle de ces violences dans le collectif, on me renvoie au danger que cela représenterait pour lui de ne plus pouvoir accéder au lieu. Il finit par revenir lors d’un vernissage et me crache au visage en me traitant de « reine des putes ». Le collectif est à nouveau informé de cette agression, l’été passe. À la rentrée suivante, je découvre que cet artiste est programmé dans le lieu par un membre du collectif… Ma protestation donnera lieu à un backlash sur ma responsabilité dans les méthodes de dénonciation, et finira par mon auto-exclusion du collectif, ne parvenant définitivement pas à s’accorder sur des positionnements et une solidarité quelconque envers les victimes d’agression. 

8. J’avais une collègue noire, la directrice de l’institution se référait à elle comme « la renoi » et jamais en l’appelant par son prénom.

9. Je suis à la Biennale de Venise pour le travail. Je suis épuisée par des nuits blanches de problèmes de production. Le soir de l’ouverture, un commissaire d’expo que j’avais croisé au vernissage se pose à côté de moi au bar, on commence à parler de la biennale, il me pose beaucoup de questions sur mon travail, il trouve ça fantastique, et puis, brouillard… J’ai juste quelques flashs de lui dans le hall de l’appart où je dormais. Je me réveille le matin et je comprends qu’il m’a violée. Je le recroise deux ans plus tard dans un autre événement d’art contemporain. Je lui parle de tout ça, il s’excuse : il n’était « pas bien à cette période ». 

10. En 2000, j’ai 19 ans, en deuxième année d’école d’art. Aux bilans de fin de semestre, devant le jury et les autres étudiant·es, le coordinateur me fait remarquer « qu’on ne voit pas assez mes seins et mon cul » sur mes photos qui répondent au sujet donné « Autoportrait ».

11. J’ai 30 ans et j’ai quitté la France depuis trois ans car je me sens humiliée et empêchée dans ce que je cherche à travailler dans ma pratique, pour beaucoup de raisons que nous tentons ici de décrire. Je suis invitée lors d’une exposition collective sur la scène artistique émergente, ma première exposition dans une institution parisienne, et à cette occasion, à mon premier dîner des Amis de l’institution. J’y vais parce que je n’y connais encore rien et que je pense que c’est requis. Nous sommes placé·es. Je me retrouve entre un gros galeriste parisien et un directeur de ventes aux enchères. Je me bourre la gueule parce que l’ambiance est dégueulasse, je ne sais pas faire de small talk à ces gens, je ne sais pas réellement qui iels sont, je sais qu’iels ont une fortune assez grande et/ou un certain pouvoir pour être à table avec nous, les artistes. Le gros galeriste parisien à ma droite cherche à mettre sa main sur mes cuisses au moins trois fois, rigole quand je lui dis de dégager, et a pour seule conversation de me demander mon 06 à peu près cinquante fois comme un robot. Sa femme est à sa droite et essaye, flirtante, de se choper un autre artiste. Le big art auction manager prend la relève à ma gauche, allez voilà qu’ils ont une cuisse chacun. Je pars avant de vomir. Sept ans plus tard, j’ai 37 ans, cela fait 10 ans que j’ai quitté la France, j’en ai oublié les manières et en effet je m’offusque lorsqu’on me présente un directeur d’un grand musée parisien qui, au dîner des lauréats d’un grand prix français, en entendant mon nom s’exclame en public « Ah c’est vous !? Votre travail fait bander toute l’équipe de mon musée » et il rit aux éclats en prenant tous les hommes à témoin.

12. Je suis artiste, c’est l’une de mes premières expositions. Au vernissage, le responsable des acquisitions d’un musée apprenant que j’ai grandi dans les cités me demande si ce sont les petits jeunes de la cave qui m’ont cassé la dent de devant pour pouvoir y faire passer leurs glands. Plus tard il insiste pour que je passe la nuit avec lui et une femme en me disant que ma pièce pourrait l’intéresser.

13. Un commissaire d’exposition, ancien directeur d’une institution, me rencontre pour une visite d’atelier. Il est accompagné d’un commissaire plus jeune. Dès son arrivée, il fait des commentaires sur mon corps. L’échange se faisait en anglais et d’un coup il me dit « J’aime les petits garçons ! », avec un grand sourire et en clignant de l’œil. Puis il repasse à l’anglais pour me dire que de me voir en vrai a réveillé son « syndrome de Crusoe ». Les corps noirs l’attirent. À la suite de sa visite, j’ai refusé de participer à l’exposition à laquelle il m’avait invité. Ce qui a provoqué sa colère. J’ai reçu plusieurs emails, lettres manuscrites et textos sur mon téléphone personnel me demandant de reconsidérer : tout ça était un énorme malentendu. J’ai dû menacer de porter plainte pour harcèlement pour que lui et son collègue arrêtent de me contacter. 

14. Je travaille dans des conditions misérables pour un galeriste sur la foire de Bruxelles. Le galeriste est toujours en train de m’embêter pour « rigoler ». Je l’ignore en attendant que cela passe. Durant une soirée, je lui tourne le dos volontairement, il vient et me donne un coup de pied dans les fesses devant tout le monde. Je fais comme si rien ne s’était passé et lui tourne toujours le dos. Alors il me frappe de nouveau mais très violemment. Je me retourne et je lui flanque une volée de claques. Il s’enfuit en ramassant ses lunettes. Personne ne bouge, ne pose de question. 

15. Je suis en poste en tant que professeure titulaire stagiaire en école d’art. Lors d’un cours, un collègue se tourne vers moi et dit à très haute voix « TA GUEULE LA STAGIAIRE » devant l’ensemble des étudiant·es.

16. J’ai 35 ans et je travaille comme enseignante en école d’art. Le régisseur, régulièrement alcoolisé au travail, agresse verbalement les étudiantes et les enseignantes avec une telle régularité que, au moment où j’arrive à l’école, c’est devenu une habitude pour tout le monde de demander aux rares mecs de l’école d’aller lui demander le matériel. Quelques années plus tard, j’apprends qu’il a pris des photos des modèles vivant·es posant nu·es pour les classes de peinture amateure dans l’école, et qu’il les a montrées à un étudiant. La direction (un directeur puis une directrice) ne fait rien, malgré les différents dépôts de plaintes.

17. Je suis assistante en galerie d’art. J’ai 21 ans. Un visiteur régulier de la galerie vient à tous les vernissages, il fait partie d’un groupe Facebook de pique-assiettes. Il me harcèle sur les réseaux (« J’aime bien que tu me résistes, pucelle en rut, assume-toi, tu aurais dû me prévenir que tu ne baises pas, ça n’empêche que t’es une cochonne, t’agis comme une princesse qui a la seule chatte de Paris… »). J’ai peur car il sait où je travaille. J’apprends plus tard qu’il a invité ma collègue à un apéro chez lui et s’est mis à se masturber devant ses invité·es.

18. J’ai 31 ans, après une mission ponctuelle de deux mois en tant qu’indépendante dans un centre d’art en Île-de-France, je me rends au vernissage du lieu. Lorsque je fais la bise à la directrice que je reverrai la semaine suivante à un autre événement du centre d’art, celle-ci me souffle : « Tu penseras bien à mettre ta petite robe la semaine prochaine. »

19. J’ai 29 ans, je dois déjeuner avec un blogueur d’art beaucoup plus âgé que moi. Avant d’aller au restaurant il me propose de le rejoindre chez lui. Je ne me méfie pas, il est midi et il a déjà écrit sur mon travail. Je m’assois sur le canapé de son salon, il me saute dessus en me disant « On se laisse tenter ? », je sens sa langue dans ma bouche, je suis pétrifiée une seconde puis je le repousse. Je lui demande pourquoi il a fait ça, il me répond qu’il pensait qu’il était temps.

Voir Aussi

20. Pendant un dîner qui suit un vernissage institutionnel, un critique d’art, ami de l’artiste exposé, passablement ivre, me dit en parlant très fort quelque chose comme « You’re so beautiful, you look so French, you look like one of those Nouvelle Vague actresses, I want to fuck you so hard ». Je me sens humiliée mais n’arrive pas à répondre. En réaction, tout le monde rit, alors moi aussi. 

21. En 2015, nous sommes trois enseignant·es à ne pas renouveler volontairement notre CDD dans une école d’art pour y dénoncer le comportement harceleur et prédateur d’un enseignant en théorie de l’art ainsi que la complicité de la direction. Depuis, l’homme enseigne toujours et ce malgré plusieurs signalements.

22. Je suis d’origine immigrée. Des collectionneur·euses me « complimentent » régulièrement sur mon français alors qu’il s’agit de ma langue maternelle.

23. J’ai 31 ans. Je cherche du travail. Un collectionneur m’invite chez lui « pour un dîner d’amateurs d’art » – « vous verrez ma collection ». J’arrive : nous ne sommes que deux. Il a prévu que l’on dîne en tête à tête, par terre sur une peau de bête. Je parle d’art. Un soir peu après, il m’invite à boire une coupe, je dis ok mais dans un lieu public (je cherche urgemment du boulot, j’ai quitté le mien dans un tiers-lieu quand le directeur a levé la main sur une artiste). Il me propose le bar du Crillon. Il boit et mange la bouche ouverte. On part en taxi à l’ouverture d’une nouvelle galerie. Là, dans le taxi, il met sa main sur ma cuisse et m’embrasse dans le cou. Pendant la soirée, je l’évite, je suis mal. Il m’écrira le lendemain : « Je peux briser votre carrière. »

24. Je suis enseignante en école d’art. Il y a quelques années, une étudiante, encouragée par la direction de l’école, porte plainte pour viol contre un autre étudiant de l’école. La justice classe l’affaire sans suite, jugeant les faits insuffisamment caractérisés. Quelques années plus tard, l’ancienne étudiante a déménagé. Lui est soutenu par les structures associatives locales d’art contemporain, il fait la communication graphique d’expos, participe à des expos et initie des ateliers. Les réseaux sociaux de ces structures mettent en avant sa présence. Je me questionne sur l’apparent silence, le soutien de ses amix pourtant très à proximité du débat et sur la manière possible de communiquer. Je ne sais pas comment agir.

25. Je suis à l’étranger et me retrouve à aller seule sans mon collaborateur à un dîner avec un collectif d’artistes hommes avec qui je dois travailler, l’entente est moyenne avec eux mais nous sommes à deux jours du vernissage. À la fin du dîner, alors que je suis assise sur ma chaise, le studio manager du collectif passe derrière moi sans que je m’en rende compte et me brûle les cheveux en y passant son briquet. Je suis dévastée, pleure, personne ne dit rien et on me fait passer pour la femme qui fait un scandale, prétextant qu’il puisse s’agir d’un accident. Quelques semaines plus tard, j’en parle à une amie qui connaît cette personne et me confie que plusieurs comportements problématiques ont déjà été identifiés chez cet homme. Un an et demi après, je vais saluer une jeune artiste récemment rencontrée et qui travaille dans une nouvelle très grande galerie dans le Marais. Elle m’apprend qu’il en est l’un des directeurs, je pars prétextant un rendez-vous tant cet épisode traumatisant me fait ressentir un sentiment de honte. 

26. En école d’art, j’ai été agressée sexuellement par un étudiant. Le professeur à qui j’ai rapporté les faits m’a dit : « C’est rien, il est bizarre, c’est pour ça qu’il fait de bonnes photos. »

27. Début des années 2000, j’ai une vingtaine d’années et je travaille pour une grande institution culturelle publique parisienne. Un conseiller scientifique fait quotidiennement des blagues sexistes, misogynes, racistes et salaces, personne ne dit rien, on laisse faire, « c’est pas méchant », il est perçu comme un gai luron qui anime la galerie alors qu’il crée un climat toxique et anxiogène. Je subis, comme beaucoup, ses remarques, parfois je le rembarre, ce qui l’amuse, mais je me sens tellement subalterne et précaire que je préfère l’ignorer la plupart du temps. Il se trouve aussi qu’il a deux doctorantes sous sa coupe, qu’il harcèle également quotidiennement et met en compétition, là aussi personne de la direction n’intervient alors que leur souffrance est flagrante. L’une d’elle fera une dépression sévère (aujourd’hui on parlerait sans doute de burn-out), il dira qu’elle est hystérique… L’autre résistera mais n’en sera pas moins affectée et supportera difficilement ces années de thèse. Le conseiller sera finalement nommé professeur dans une grande université de province. J’apprends quelques années après qu’il s’est mis en couple avec une de ses étudiantes de plus de vingt ans sa cadette.

28. J’ai 25 ans, je porte une robe courte lors d’un dîner, un commissaire et expert en art moderne passe sous la table afin de prendre en photographie mon entrejambe avec son iPhone. 

29. En poste dans un centre d’art, la directrice, un autre employé et moi recevons un mail détaillé de la part de deux personnes extérieures qui nous alertent sur un comportement de harcèlement sexuel avéré et sérieux de la part d’un homme que nous avons accueilli plusieurs mois en résidence très peu de temps auparavant, envers une jeune artiste. Je propose à la directrice d’enquêter auprès de notre équipe, principalement composée de jeunes femmes, afin de savoir si des agissements de ce type ont pu avoir lieu. La directrice refuse et s’insurge contre le ton « délateur » de ce message, qu’elle trouve très violent vis-à-vis de la personne décrite comme agresseur.

30. Un enseignant essaye de prendre des photos avec son téléphone portable des dessous des jupes des étudiantes pendant qu’elles présentent leurs travaux. Cela amuse ses collègues.

Retrouvez plus de témoignages sur cette page.


Les 200 premier·es signataires

Les signataires sont des personnes ayant subi ou subissant le type d’oppressions et de silenciations mentionnées dans cette tribune.

Si vous êtes concerné·es et souhaitez signer, vous pouvez le faire ici.

Alexia Abed, critique et commissaire indépendante
Clémentine Adou, artiste, enseignante et membre de DOC!
Celine Ahond, artiste
Line Ajan, curatrice
Isabelle Alfonsi, galeriste
Marie-Laure Allain Bonilla, historienne de l’art
Nino André, artiste
Léna Araguas, éditrice et designer graphique
Victoria Aresheva, commissaire d’exposition
Edwige Armand, MCF en Art numérique
Mikaela Assolent, médiatrice culturelle et chercheuse
Nour Awada, artiste et enseignante
Joan Ayrton, artiste et enseignante à la Villa Arson
Laëtitia Badaut Haussmann, artiste
Maja Bajevic, artiste plasticienne et professeur d’art
Aron Barbier, artiste
Camille Bardin, curatrice et critique d’art
Eva Barois De Caevel, curatrice et enseignante
Jeanne Barral, conservatrice
Clélia Barthelon, artiste et membre de somme toute
Maïc Baxane (Marie Jolu-Planques), artiste et graphiste
Devrim Bayar, curatrice
Juliette Beau Denès, artiste
Clotilde Beautru, travailleuse de l’art
Emmanuelle Becquemin, artiste, autrice, enseignante en école d’art
Eva Belgherbi, chercheuse en histoire de l’art
Camille Benarab-Lopez, artiste
Arlène Berceliot Courtin, curatrice, chercheuse et enseignante en école d’art
Juliette Bessette, historienne de l’art
Albine Bessire, travailleuse de l’art
Emma Bigé, philosophe et enseignante en écoles d’art
Tiphanie Blanc, critique d’art et éditrice
Adélaïde Blanc, curatrice
Virginie Bobin, curatrice, éditrice, traductrice
Florence Bonnefous, galeriste
Rada Boukova, artiste et enseignante
Anne Bourrassé, curatrice et autrice
Lorenza Brandodoro, senior artist liaison
Camille Brée, artiste et membre de Doc!
Émilie Brout, artiste et enseignante en école d’art
Salomé Burstein, curatrice indépendante
Marie Canet, critique d’art, enseignante en école d’art
Thelma Cappello, compositrice et artiste
Johana Carrier, éditrice et commissaire d’exposition
Céline Chazalviel, éditrice
Robyn Chien, artiste
Jagna Ciuchta, artiste et enseignante
Anna Colin, curatrice, éducatrice, chercheuse et jardinière
Christine Confiance, travailleuse de l’art, artiste
Contemporaines, association
Estelle Coppolani, poète
Lauren Coullard, artiste et enseignante en école d’art
Julie Crenn, historienne de l’art et commissaire d’exposition indépendante
Pauline Curnier Jardin, artiste
Chris Cyrille, critique d’art, curateur
Clémence de Montgolfier, artiste et autrice
Déborah De Robertis
Lorraine de Thibault, autrice et directrice de collection
Hélène Deléan, artiste et enseignante
Caroline Déodat, artiste, cinéaste
Vanessa Desclaux, curatrice, critique d’art et enseignante
Justine Do Espirito, galeriste
Marie Docher, photographe
Dorothée Dupuis, commissaire indépendante et directrice de Temblores Publicaciones, Mexico
Lucile Encrevé, historienne de l’art et enseignante
Aurélie Faure, commissaire d’exposition indépendante, éditrice et autrice
Lou Ferrand, autrice et curatrice
Flora Fettah, curatrice et critique d’art indépendante
Star Finch, auteur*e et enseignant*e
Ariane Fleury, chercheuse et commissaire d’exposition
Athénaïs Fondrevelle, autrice de bande dessinée
Marine Frœliger, artiste et enseignante
Garance Früh, artiste
Dora Garcia, artiste et enseignante
Julia Gault, artiste
Vanina Géré, critique d’art et enseignante en école d’art
Hélène Giannecchini, écrivaine, curatrice, enseignante
Isabelle Giovacchini, artiste
Geraldine Gourbe, commissaire d’exposition
Iris Gravemaker, danseuse et chorégraphe
Alice Guittard, artiste
Anya Harrison, curator et critique d’art
Marguerite Hennebelle, historienne de l’art, dessinatrice
Laura Huertas Millan, artiste, cinéaste, enseignante
Alix Hugonnier, travailleuse de l’art
Sarah Ihler-Meyer, critique d’art et commissaire d’exposition
Ilanit Illouz, artiste
Sandrine Israel-Jost, enseignante et chercheuse
Maud Jacquin, chercheuse et curatrice
V. Jourdain, travailleuse de l’art
Camille Juthier, artiste et enseignante
Flora Katz, critique d’art et commissaire d’exposition
Margaux Labesse, galerie
Anne Laforet, artiste et enseignante
Fanny Lallart, artiste et éditrice aux éditions Burn~Août
Marine Lang, travailleuse de l’art
Sophie Lapalu, critique d’art, enseignante en école d’art
Pia-Mélissa Laroche, artiste
Victoria Le Boloc’h-Salama, critique d’art
Magali Le Mens, historienne de l’art
Elisabeth Lebovici, historienne et critique d’art
Myriam Lefkowitz, artiste et enseignante
Lucille Leger, artiste
Les mots de trop, collectif de lutte contre les discriminations en école de la culture
Elena Lespes Muñoz, curatrice et responsable des publics à Bétonsalon
Lola Levent, artiste, poète, fondatrice de D·I·V·A·
Marie Madec, galeriste
Paul Maheke, artiste, enseignant en école d’art
Liza Maignan, curatrice et autrice
Ambre Maillot, artiste designer
Horya Makhlouf, critique d’art et commissaire d’exposition
Guslagie Malanda, actrice et curatrice indépendante
Marianne Maric, artiste
Haydée Marin-Lopez, artiste et commissaire d’exposition
Maud Marique, artiste & enseignante en école d’art
Michèle Martel, historienne de l’art et enseignante
Isabelle Massu, artiste et enseignante
Elsa Mazeau, artiste et enseignante
Antoine Medes, artiste
Ana Mendoza Aldana, critique d’art et commissaire d’exposition
Claire Migraine, travailleuse de l’art
Salma Mochtari, chercheuse, traductrice et curatrice
Léna Monnier, curatrice
Cynthia Montier, artiste
Rafael Moreno, artiste
Clothilde Morette, commissaire d’exposition
Pascaline Morincome, chercheuse
Estelle Nabeyrat, travailleuse de l’art
Alice Narcy, curatrice
Émilie Notéris, enseignante, écrivaine, théoricienne
pascale obolo, curatrice, chercheuse, éditrice
Sophie Orlando, historienne de l’art
Oihana Ospital, artiste
Camille Paulhan, historienne de l’art, critique d’art et enseignante
Lætitia Paviani, autrice
Julie Pellegrin, curatrice et critique d’art
Émilie Perotto, artiste et professeure-chercheure en école d’art
Laurence Perrillat, consultante en transition écologique pour la culture
Camille Philippon, chercheuse en histoire de l’art
Pol Pi, chorégraphe et pédagogue
Benoît Piéron, artiste
Marie Plagnol, curatrice, responsable communication & médiation au CAC Brétigny
Madeleine Planeix-Crocker, curatrice, chercheuse et enseignante
Berni*e Poikāne, vidéaste
Elisa Pône, artiste
Katia Porro, curatrice et directrice d’In extenso et La belle revue
Mathilda Portoghese, commissaire
Chloé Poulain, curatrice
Mathilde Provansal, chercheuse en sociologie
Rosanna Puyol Boralevi, éditrice
Kantuta Quirós, curatrice, théoricienne de l’art, enseignante
Clément Raveu, curateur
Emilie Renard, directrice de Bétonsalon
Georgia René-Worms, autrice-curatrice
Caroline Reveillaud, artiste et enseignante
Lili Reynaud-Dewar, artiste et enseignante en école d’art
Camille Richert, historienne, curatrice, enseignante
Elisa Rigoulet, autrice et galeriste
Mathilde Rouiller, artiste-chercheuse
Chloé Royer, artiste
Élodie Royer, curatrice et critique d’art
Olga Rozenblum, chercheure, programmatrice
Chloé Salgado, galeriste
Martha Salimbeni, graphiste & enseignante
H·Alix Sanyas, artiste, graphiste, réalisateurice & formateurice en design
Julie Sas, artiste et autrice
Liv Schulman, artiste
Clara Schulmann, autrice et enseignante en école d’art
Sephora Shebabo, artiste
Louise Siffert, artiste et membre de DOC!
Clio Simon, artiste autrice
Floraine Sintès, artiste
Barbara Sirieix, autrice
Ghita Skali, artiste
Apolonia Sokol, artiste et enseignante à l’Esam Caen-Cherbourg
Eleonora Strano, artiste et enseignante
Katrin Ströbel, artiste et enseignante en école d’art
Mathilde Supe, réalisatrice
Nastassia Takvorian, artiste
Ramaya Tegegne, artiste, membre de Wages For Wages Against
Kengné Téguia, artiste
Aliha Thalien, artiste
Vanessa Theodoropoulou, chercheuse et enseignante en école d’art (TALM)
Eden Tinto Collins, artiste
Nanténé Traoré, artiste visuel et auteur
Céline Vaché-Olivieri, artiste et enseignante
Ana Vega, artiste
Sophie Vela, designer graphique / travailleuse de l’art
Elsa Vettier, commissaire d’exposition indépendante
Laure Vigna, artiste et chercheuse
Anne Vimeux, curatrice, galeriste
Agnès Violeau, curatrice, autrice
Ericka Weidmann, journaliste culture
Elora Weill-Engerer, historienne de l’art et curatrice
Mawena Yehouessi, curatrice, chercheuse et praticienne
Hani Yikyung Han, artiste
Giovanna Zapperi, professeure d’histoire de l’art contemporain
Alicia Zaton, artiste plasticienne et scénographe
Marion Zilio, autrice, curatrice et enseignante

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