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Art fair·e #7 : Le problème Picasso, les photos de Carlota Guerrero, une expo de nail art…

Art fair·e #7 : Le problème Picasso, les photos de Carlota Guerrero, une expo de nail art…

manifesto 21
Après vous avoir proposé une sélection d’expos pour la réouverture, retour à la formule originelle pour ce nouvel Art fair·e : un choix d’actus artistiques de formats divers : expos, mais aussi podcasts, ouvrages, événements ou appel à projets !
À visiter

Rubis sur ongle: une exposition qui croise nail art et artistes

Rubis sur ongle est une exposition collective proposée par Thily Vossier et Chloé Momi du 1er au 19 juin et s’organise sous forme de rendez-vous qui prendront la forme de balades dans Bruxelles. Pour l’occasion, les deux artistes font se rencontrer le nail art et l’art visuel en invitant  dix artistes à présenter une proposition qui sera exposée sur leurs ongles. À quatre mains, elles nous racontent la narration qui se tient derrière chaque œuvre. Les deux curatrices pensent cette exposition  comme une réponse à ces temps qui nous isolent, nous limitent et nous questionnent. En repensant la main comme symbole du faire, du soutien et du rassemblement. L’ongle devient un territoire de partage et d’expression peu exploré et qui pourtant n’appartient qu’à nous: « nos mains qui dans le contexte actuel ne peuvent se toucher mais peuvent encore se contempler ».
L.T.

Avec la participation de : Héloïse Colrat, Lucile Martin, Mika Oki, Clément Hébert, Camille Soulat, Félicité Landrivon, Macello Maggi, Christophe Synak.

Rubis sur ongle
Du 1er au 19 juin 2021
Bruxelles – visible sur rendez-vous.

BELLEVILLE WEEKEND : une escapade arty dans le Nord-Est parisien

Le réseau du Grand Belleville, regroupant des structures d’art contemporain (galeries, artist-run-spaces, maisons d’édition…) basées dans ce quartier, invite ses membres à participer à un weekend d’ouverture exceptionnel. L’occasion d’aller flâner dans le Nord-Est parisien et de faire le plein d’art contemporain. On vous recommande Fakelores, première exposition personnelle de Matthias Garcia à la galerie Sultana, véritable plongée dans l’univers aussi féérique qu’inquiétant du jeune artiste : des toiles monumentales foisonnantes habitent l’espace, aux côtés de petits formats dans lesquels se révèlent plus clairement les les créatures hybrides caractéristiques de son travail. Chez 22,48 m2, vous pourrez découvrir les retranscriptions d’émojis sous forme de masques sri-lankais traditionnels réalisés par Claudia Larcher. Enfin, à L’Annexe (espace d’art indépendant) se tiendra l’exposition collective De part et d’autre de la ténébreuse lisière, avec les travaux d’Anne Colomes, Camille Juthier, Victoria Palacios et Marcos Uriondo.
A.-C.M.

BELLEVILLE WEEKEND
Samedi 5 et dimanche 6 juin
Tout le programme est à retrouver sur le site du Grand Belleville.

Une exposition en duo de Mathilde Heuliez et Emma Bombail, invitées par Alexis Brancaz

L’exposition ‘Oh my sun, I forgot to recharge myself as I was charging my phone’, se déroulera à Anversdu 2 au 5 juin 2021. Elle a lieu dans la maison que les étudiant·es du département In Situ de l’académie des Beaux arts d’Anvers investissent depuis septembre 2020. Cette expo naît de la collaboration entre trois étudiant·es en art : Alexis Brancaz, diplômant d’In Situ à la Royal Academy d’Anvers, Emma Bombail, étudiante en photographie à L’Erg à Bruxelles, et Mathilde Heuliez, en Fine Arts à la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam.C’est en remarquant un motif commun à leurs collection d’images qu’est apparue l’idée de travailler avec la lumière : les multiples fragments solaires amassés au dehors se sont transformés en signaux électriques lumineux lorsque passé l’espace de la maison. Les installations, au rez-de-chaussée et au sous-sol, sont comme oubliées là après un déménagement, résidus mélancoliques d’une grande famille d’adolescents.
L.T.

In a teenager’s room, the curtains are almost completely closed.
Every day at the same hour, a thin ray of light slips in through the heavy black fabric, which, just as a simple stencil delimitates an eerie bright shape.
What means this drawing that keeps coming back ?
Memory is filling every square millimeters of this empty room, where only remains small light signals coming from electronic devices that someone forgot to unplug.

Mathilde Heuliez et Emma Bombail

“— Oh my sun, I forgot to recharge myself as I was charging my phone”
Dambruggestraat 356, 2060 Anvers
Du 2 au 5 juin 2021
Finissage le 05/06/21 de 17h à 22h.

À écouter

Picasso, séparer l’homme de l’artiste, Vénus s’épilait-elle la chatte ?

Viols, coups, chantage affectif, emprise, pédocriminalité, misogynie… Attention, l’écoute du nouvel épisode de Vénus s’épilait-elle la chatte ? remue. Il contient le récit de violences sexuelles et sexistes commises par Pablo Picasso tout au long de sa vie. Les faits exposés démontent complètement le monument de la peinture du XXème siècle en exposant crûment la violence tue, et pourtant réelle, derrière les œuvres de l’artiste. Dans cet épisode préparé de longue date et minutieusement référencé, Julie Beauzac reçoit la journaliste Sophie Chauveau, autrice de Picasso, le Minotaure. Ensemble elles décortiquent la vie affective du peintre, et prouvent qu’il est impossible de séparer l’homme de l’artiste : toute sa vie, Picasso s’est servi des souffrances qu’il a infligées aux femmes qui ont partagé sa vie comme d’un matériau artistique. Pire, il apparaît que le viol et les violences conjugales sont des motifs récurrents de ses travaux, qui sont rarement contextualisés comme il se devrait. 

En plus d’avoir bâti sa gloire sur des pulsions de destructions, Picasso a aussi détruit la carrière de celles qui étaient artistes, comme la brillante Dora Maar qu’il forcera à arrêter la photographie, lui faisant dans le même temps perdre son autonomie artistique et financière. Picasso la battait et la fit interner quand il souhaita s’en débarrasser. Elle mourut dans l’oubli et la religion, brisée à jamais par cette relation. En creux, c’est un douloureux portrait de la condition des femmes artistes et compagnes de « génies » qui est brossé. Car si quelques luttes en matière de droits des femmes ont été remportées depuis les méfaits de Picass-hole, nul doute qu’il existe encore des femmes (créatrices ou non) souffrant dans l’ombre de leurs démiurges compagnons. 

Enfin, on retiendra que cet égo surdimensioné, surcôté, suradulé, a laissé derrière lui une famille divisée et marquée. L’emprise exercée sur ses ex-femmes et au sein des cercles familiaux était telle que trois suicides ont eu lieu peu de temps après son décès. Bref, cette écoute implique que vous ne verrez plus jamais le grand génie du cubisme pareil. 
A.B.

En attendant Omar Gatlato, Manifesto XXI et Triangle Astérides

Au printemps 2021, l’exposition En attendant Omar Gatlato mettait à l’honneur, à la Friche Belle de Mai à Marseille, des artistes algérien·nes ou issu·es de la diaspora. Alors que cette exposition unique en France n’a pas pu recevoir de public, Manifesto XXI et Triangle – Astérides ont donné vie à une série de podcasts pour vous permettre de la visiter à travers les voix de certains·es artistes invités·es, de la curatrice Natasha Marie Llorens et de Céline Kopp, directrice de Triangle. 

Le premier épisode revient sur la genèse de En attendant Omar Gatlato, projet duré trois ans, et sur le rapport de Natasha Marie Llorens avec l’Algérie. Le deuxième épisode, quant à lui, porte sur les témoignages d’Amina Menia, Ahmed Merzagui et Hassen Ferhani. Leurs œuvres, comme d’autres dans l’exposition, documentent le quotidien de l’Algérie et de sa diaspora, ou évoquent une période de son passé. Dans le troisième, avec Adel Bentounsi, Halida Boughriet, Nasser Bouzid et Louisa Babari, nous explorons l’enjeu de la transmission d’un héritage tandis que dans le dernier nous examinons le film Omar Gatlato, objet cinématographique à contre-courant, avec les artistes de l’exposition, dans les 13 minutes qui clôturent notre série de podcasts.
C.S.

Écriture et réalisation : Soizic Pineau et Lila Le Clanche.
Prise de son, montage, textes : Soizic Pineau, avec la voix de Lila Le Clanche.

Déconstruction, Réappropriation, Reconstruction 

Après avoir créé Bad to the Bone, le magazine dédié aux bizarreries sous-culturelles, Hervé Coutin lance une série de podcasts intitulée Déconstruction, Réappropriation, Reconstruction. Dans la continuité du magazine, qui prône la résistance comme langage, le podcast propose « une réflexion radicale sur l’habitat, la ville, les territoires, les modes de vie et gouvernances alternatives ». La parole est donnée à des enseignant‧es, chercheur‧euses, curateur‧ices, auteur‧ices, architectes et journalistes. Pendant une heure, iels refont le monde autour des concepts de biorégion et résilience (#01), d’anarchisme, municipalisme et autogestion (#02), d’auto-constructions, zad et occupations (#03), et enfin d’écocide et anthropocentrisme (#04). L’écoute est dense, mais passionnante pour toute personne qui se questionne sur ces sujets.
J.S.

Le mercredi de 15h à 16h. Podcasts en ligne sur Station Station, webradio de La Station – Gare des Mines.

Picasso - manifesto 21
À regarder

Presqueleciel : regard onirique sur le tube pop de Lacopinedefliper

Voir Aussi
brooke candy

La chaîne Youtube Presqueleciel, imaginée sur le mode du télé-crochet par Alexis Liger et Alex Cendret, combine musique et paysages marseillais le temps d’un live filmé. Le projet unit « faire ensemble » et expérimentations, comme en atteste leur récente collaboration avec Lacopinedeflipper. Cette dernière compose et interprète des mélodies délicates qui ondoient vers les rivages du fragile et de l’intime. Douleur, solitude, ruptures et doutes sont à l’origine de ses créations, tels des exutoires à ses écueils personnels. Remixé par Gajeb, « Tes mystères » additionne des rythmes allègres et numériques à un texte répétitif, progressant en spirales. Par un temps nuageux et humide, sur un toit de la Corniche, elle nous confie les bénéfices de la responsabilité émotionnelle, amicale comme amoureuse. Entre ciel et mer, ce tube printanier esquisse une ère de tendresse et d’espoirs, à-venir.
A.A.

Stylisme : Angèle Lepolard.
Lien vers la vidéo ici.

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À feuilleter ou lire

La puissance féministe : un essai théorique, inclusif et militant 

« Gago propose dans ce livre l’analyse transversale la plus complète et le plaidoyer le plus convaincant pour une praxis féministe. », écrit Judith Butler à propos du nouvel ouvrage de Verónica Gago : La puissance féministe ou le désir de tout changer. Dans cet essai engagé et personnel, l’activiste et docteure en sciences sociales argentine Verónica Gago montre comment les mouvements féministes sud-américains contemporains ont provoqué, ces dernières années, une révolution à la portée internationale. À travers huit chapitres, analysant chacun un problème, l’autrice déploie une « pensée située dans une séquence de luttes, de fêtes de rue, de secousses expérimentales », et expose une méthode féministe puissante, nourrie de références théoriques, de pratiques politiques et de sa propre expérience. Ce manifeste « écrit à chaud » offre ainsi un aperçu des dynamiques, des soulèvements et des actions collectives qui animent le féminisme latino-américain aujourd’hui, et invite les lecteur·rices à tout déconstruire pour tout changer.
L.P.

Verónica Gago, La puissance féministe, traduit de l’anglais par Léa Nicolas-Teboul, publié en avril 2021 aux Éditions Divergences, est disponible ici et en librairie (17€).

veronica gago / picasso / manifesto 21
Verónica Gago, La puissance féministe, 2021, Paris, Éditions Divergences

Tengo Un Dragón Dentro Del Corazón: The Photographs of Carlota Guerrero 

Publiée en avril 2021 par les éditions Prestel, la première monographie de l’artiste espagnole Carlota Guerrero, offre une rétrospective de ses dix dernières années riches en création artistique et en collaborations. De ses premiers clichés, réalisés en autodidacte à ses obsessions visuelles, Carlota Guerrero pose un regard subtil sur les beautés plurielles du corps. Explorant les concepts de féminité, de genre et de spiritualité, elle parvient à créer un univers débarrassé du male gaze. Le tout orné de textes de la poétesse Rupi Kaur, la créatrice Paloma Lanna (Paloma Wool), l’artiste Rosalía et des écrivaines Alejandra Smits et Leticia Sala.
J.S.

Ouvrage disponible sur le site de Prestel Publishing à 50$ (sans les frais de livraison) ou à 58€ sur commande en librairie via Place des Libraires

Picasso
© Carlota Guerrero
Le bon plan : appel à projet pour éditer son premier livre photo

La plateforme de financement participatif KissKissBankBank et le magazine Polka s’associent pour soutenir l’édition d’un premier livre photo. Cinq premiers projets seront retenus pour la deuxième édition de cet appel à projet commun. Les photographes, qui doivent être majeur·es pour candidater, peuvent être accompagné·es par une maison d’édition ou non, mais doivent ne jamais avoir édité ou auto-édité de livre. Les lauréat·es seront accompagné·es dans l’organisation de leur collecte de fonds et dans l’édition de leur ouvrage. Le comité de sélection est composé de :

  • Patton Hindle, directrice de la catégorie Arts de Kickstarter
  • Léonor Matet, iconographe de Polka Magazine
  • Bastien Manac’h, directeur de la Factory Polka et responsable des éditions Polka
  • Lætitia Moukouri, responsable des éditions du Jeu de paume
  • Marianne Théry, directrice des Éditions Textuel
  • Clara Chalou et Emmanuelle Halkin, membres du comité artistique du collectif Fetart/Festival Circulation(s)
  • Corentin Fohlen, photographe indépendant

Vous avez jusqu’au 9 juin 23h pour candidater ici.


Sélection et rédaction : Alexia Abed, Apolline Bazin, Anne-Charlotte Michaut, Léa Pagnier, Justine Sebbag, Costanza Spina et Laura Trance.

Image à la une : visuel de Rubis sur ongle, Maxime Delavet et Loup Lopez.

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