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Jonatan K. Magnussen, l’incomprise pop star danoise

Jonatan K. Magnussen, l’incomprise pop star danoise

Découvert au-devant du surprenant quintette The Love Coffin en 2015, groupe aussi brumeux qu’assourdissant, Jonatan K. Magnussen réapparaît aujourd’hui sous l’alias Chopper, son nouveau projet musical d’une ineffable nébulosité.

À l’origine, c’est vers 2012 que The Love Coffin – Le Cercueil d’Amour –, mené par le charismatique Jonatan K. Magnussen, émerge des méandres de la tumultueuse scène indé de Copenhague.  À cette époque, le groupe n’a encore aucun enregistrement à proposer et ses apparitions sur scène, furtives mais éclatantes à chaque occasion, génèrent un halo de mystère qui le ceint d’une aura disruptive. En 2015, le projet se confirme avec Veranda, un premier EP aux sonorités courroucées qui s’acoquinent lascivement à une approche vocale glam rock fuligineuse. Un premier hit s’en dégage avec « Black Shut Eyes ». Le magazine Vice, médusé, chante leurs louanges et se demande même s’il ne s’agirait pas du « meilleur nouveau groupe danois ».

L’année suivante, le versant glam, autant débraillé qu’incandescent, se précise sur un second moyen-format, Buffalo Thunder (sur le label danois Flammekaster, en partenariat avec le parisien Third Coming Records), qui s’ouvre sur l’étincelant « New Morning Light ». La formule s’étoffe et le chant de Magnussen se rapproche parfois fiévreusement de celui de l’esseulé Marc Bolan, ou sensiblement d’un Bowie période Ziggy Stardust.

Après une tournée européenne en 2017, qui comprend notamment un passage à la Mécanique Ondulatoire et l’Espace B à Paris, c’est en 2018 que The Love Coffin passe finalement le cap du long-format avec Cloudlands (Bad Afro et à nouveau Third Coming). Le groupe nordique reste hélas toujours confiné à la confidentialité et ne jouit pratiquement d’aucune couverture médiatique au sein de la presse d’Europe occidentale, malgré un deuxième album, le bien nommé Second Skin, en 2020.

Chopper, shock rock post-pandémique

Les Danois n’ont toujours pas tiré leur révérence mais un besoin de renouveau se profilait néanmoins chez ces musiciens. « Nous travaillons actuellement sur de nouvelles chansons. Mais nous nous donnons aussi le temps et l’espace pour travailler sur d’autres projets. », nous confie Jonatan.

Ainsi, aujourd’hui le ténébreux frontman, telle la créature d’une saga d’épouvante, ressuscite au cœur d’un nouveau projet baptisé Chopper. « C’était une sorte d’accident chanceux dont je suis très heureux aujourd’hui, explique-t-il. Ça a débuté avec l’idée de faire des chansons basées sur la fonction easy-play des claviers bons marchés. Elle permet de générer une mélodie ringarde préenregistrée lorsque l’on joue un accord. Le mélange de ces sonorités cheap et enfantine avec mon amour partagé entre le shock rock, les films d’horreurs et la pure pop basique en quelque sorte, façonnent cet univers aussi mystérieux qu’endommagé qui m’a rapidement obsédé. »

L’isolement et la mise à l’arrêt de l’industrie culturelle liée à la situation sanitaire ont probablement aussi joué un rôle dans l’émergence de cet alter ego. « Au début du projet, je me sentais un peu déconnecté des gens qui m’entourent, poursuit le chanteur. J’avais besoin de m’échapper ou de me réfugier. Il y avait quelque chose de libérateur et de drôle à faire cette musique sur laquelle on pouvait danser. Parfois ça sonnait gaiement mais en filigrane c’était assez sombre et dépeignait un degré de solitude. »

Peut-être que finalement la tant attrayante que regrettable dimension confidentielle de The Love Coffin a néanmoins permis de nourrir ce projet artistique atypique. « J’ai commencé à m’intéresser de plus en plus au concept de la pop star. Comme je n’ai jamais réellement eu l’argent, la célébrité, la voix ou le look pour en être une, je trouvais assez amusant d’essayer de camper ce personnage, tant musicalement que visuellement dans mes vidéos. De devenir une sorte d’incomprise, triste et misérable pop star à petit budget, ou de perdant magnifique. »

Hybride, autant corrosif qu’insubordonné, Magnussen développe sur son opus une approche originale qu’il décrit de prime abord comme « une idée drôle et un peu stupide qui consiste à faire une sorte de toy pop au clavier » qui a ensuite évolué vers l’ambition d’élaborer « cette shock pop lo-fi qui est devenu le son de Chopper ».

Le titre de ce premier opus rappelle quant à lui The Wonderful and Frightening World of The Fall, septième album studio de l’éternel Mark E. Smith, qui tirait également nombre de ses références de la littérature d’effroi. Intitulé The Wonderful and Wicked World of Chopper (Pink Cotton Candy et Vicious Records), Jonatan sait où puiser ses inspirations riches et subversives, autant dans le glam et le disco des années soixante-dix, que dans la new wave et l’indie dance des années quatre-vingts. Il qualifie notamment les morceaux présents sur ce premier long-format comme « une sorte de disco dance-rock bizarre ».

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Pour la suite, on peut déjà annoncer que, poussé par son irrépressible aspiration à explorer les genres musicaux, l’artiste travaille déjà sur un nouveau disque qui sera « plus influencé par la techno industrielle ». Et de conclure : « En outre, j’ai l’intention de donner davantage de concerts au Danemark, et j’espère pouvoir bientôt tourner en Europe. Je vais continuer à développer la configuration live avec plus de musiciens, de danseurs et de visuels, ainsi que poursuivre l’enregistrement de nouveaux morceaux. »


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Toutes les photos : © Amalie Maj

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