Hyper Cristal, le premier album d’Irène Drésel, porte bien son nom oxymoresque. La techno de l’artiste oscille – allie plutôt, intensité et fragilité, transe et mélodie.
Présenter Irène Drésel ? Plus franchement d’impératif ; déjà introduite à nos lecteurs.ices comme l’autrice d’une techno expérimentale au BPM sportif et aux mélodies cristallines, adepte d’un minimalisme ciselé. On vous avait présenté son premier EP Rita, dédié à la sainte patronne des causes désespérées, « rituel technoïde propice à une hypnose cathartique ». On avait mis en avant les clips ‘Medusa‘ et ‘Victoire‘, et avec, son univers visuel léché et floral. Vous ne connaissez pas ? Des rythmiques hypnotiques, des kicks obsédants et des mélodies immémoriales : voilà pour vos oreilles. Mais elle attrapera votre regard aussi, à l’écran ou sur scène, entre les machines métalliques et les fleurs à flot.
La compositrice sort ce vendredi 29 mars son premier album, Hyper Cristal, confirmant un tout musical à deux pôles, l’hyper d’un côté, la puissance, et la délicatesse de l’autre.
> En concert le 23 avril à La Gaîté Lyrique.
« ‘Hyper’ en grec ancien c’est au-dessus, au-delà. C’est l’excessif, l’intensité. ‘Cristal’, c’est toutes les couleurs du spectre. Ça renvoie à la luminosité, à la sonorité du cristal, à une notion de fragilité. Donc « Hyper Cristal » c’est quelque chose d’à la fois intense et fragile. Sans doute un peu le reflet de ma personnalité tout entière. Et donc du contenu de l’album. »
« Entre mélodie et transe »
Irène Drésel compose seule et avec peu de choses, un clavier MIDI et quelques VST. Sizo Del Givry, qui l’accompagne en live aux percussions, a ajouté quelques rythmiques sur certains des titres. Quatorze en tout, très différents les uns des autres, certains pour danser, comme « Victoire », d’autres pour se délasser, comme « Râ », dans les deux cas pour s’abandonner. Par rapport à ses précédents EPs, le travail de l’artiste s’est enrichi, le propos s’est affiné, et le style affirmé. Pas habitué.e.s à écouter de la techno ? Elle vous conseille en voiture ou au lit, et de vous laisser porter.
Il me semble que la patte de cet album, ce sont les contrastes entre puissance et douceur, mélodies et transe.
« C’est beaucoup de travail de composition : pour choisir quatorze morceaux, il faut en avoir produit beaucoup plus. Le fil rouge entre les titres, c’est mon instinct. Ils se sont créés de manière individuelle. L’enchaînement d’un titre avec un autre devient une évidence de manière assez soudaine. Seuls les morceaux « Myrthe » et « Marthe », qui font référence aux deux statues de pierre qui sont dans mon jardin, se succèdent volontairement. Les sonorités de la fin de « Myrthe » sont reprises sur l’introduction de « Marthe ». »
« Un univers aussi bien visuel que sonore »
Issue des Beaux-Arts, Irène Drésel a su développer une identité aussi graphique qu’elle est résonante, presque cinématographique tant les ambiances enveloppent et projettent ailleurs.
« Il n’y a malheureusement pas de recette mécanique pour créer une atmosphère seulement avec la musique, c’est surtout une histoire de ressenti, une manière d’amener les éléments mélodiques dans l’espace. Ma musique n’est pas si minimale que ça. C’est très progressif aussi. Le travail de mixage compte beaucoup. Il a été réalisé par Thibault Lavenu, l’ingénieur du son qui m’accompagne aussi en live et qui, de ce fait, connaît ma musique sur le bout des doigts. »
Les clips ‘Victoire » et « Medusa » se sont selon elle complètement construits à partir de la musique. L’artiste travaille actuellement avec l’agence Blow Factory, qui crée du mapping à partir de gifs colorés et hypnotiques, pour ajouter la vidéo aussi à sa formule live. Coloré et hypnotique, on y revient.
« Pour ce qui est de ma scénographie de live, des costumes, de la décoration fleurie sur scène et des lumières, je dirais que c’est un tout, et que les éléments se répondent les uns les autres pour construire un univers aussi bien visuel que sonore. »
Ça veut dire quoi floral pour Irène Drésel ? « Ça veut dire évolutif, coloré, sensuel… et olfactif. » Et expérimental ? « Je ne sais pas. Je n’écoute pas beaucoup de musique expérimentale, je trouve que c’est souvent trop intellectuel et pas assez instinctif pour moi. J’ai besoin d’être transportée « physiquement » pour apprécier un morceau. »
« J’essaie de ne pas trop écouter de musique, je suis en composition de nouveaux titres, et j’ai besoin d’avoir l’esprit assez dégagé de tous sons extérieurs pour être inspirée ! » En attendant la suite, on peut toujours réécouter l’album.