Après les aventures Oktober Lieber et Ambeyance, la productrice Charlotte Boisselier s’émancipe en solo sous l’alias Cate Hortl. Elle dévoile son premier EP, Smog, chez Ritmo Fatale.
Longuement infusé entre transe et dystopie, Smog est le premier EP quasi ésotérique de la française Cate Hortl, sorti le 22 octobre sur le label toulousain Ritmo Fatale, accompagné de son premier clip « Deadpan ». Ancienne moitié des duos Oktober Lieber et Ambeyance, la productrice protéiforme Charlotte Boisselier marque le début de sa carrière solo avec un univers enivrant, digne de Tim Burton, baigné dans une esthétique new wave et techno indus. À l’occasion de cette sortie, on lui a posé quelques questions.
Manifesto XXI – Salut Cate Hortl ! Avant la sortie de ton EP, on avait déjà eu l’occasion de t’entendre en solo sur la compil Liquid Sky de Ritmo Fatale. Est-ce que l’on peut interpréter le « it’s time » répété comme un mantra au début de ton morceau « Get Out of your Habits » comme un prélude à ton nouveau projet ?
Cate Hortl : Oui, on peut carrément l’interpréter comme ça ! Quand j’ai composé « Get Out of your Habits », l’EP était déjà prêt et j’étais super impatiente de pouvoir enfin faire découvrir mon travail. Ce « it’s time » raconte le désir d’un être sous-marin d’émerger enfin à la surface et sortir de ses abysses. C’est l’image que j’avais en tête pour les paroles de ce morceau.
« Deadpan » est le premier morceau de ton EP à sortir en clip. Peux-tu nous en dire plus ?
En composant « Deadpan », quasiment dès le début, j’ai eu beaucoup d’images en tête : une personne esseulée, à sa fenêtre, en attente, figée, et un travelling arrière dévoilant progressivement le décor autour d’elle, une barre d’immeuble et un ciel fantastique et inquiétant. J’ai écrit les paroles en me projetant dans ce genre d’images. Quand l’opportunité de pouvoir clipper un des morceaux de l’EP s’est présentée, proposer « Deadpan » m’a paru une évidence. J’ai eu envie d’y montrer un univers étrange, paradoxal, sur fond dystopique et faisant entrer en contradiction les éléments : l’organique avec le chimique, l’absurde avec le réel, l’artifice avec la sobriété. Ensuite, on peut y voir ce qu’on veut, et différentes métaphores. J’aime beaucoup l’idée qu’il puisse être interprété de plusieurs manières ! Quoiqu’il en soit, cet univers mystérieux un peu « burtonien » colle bien à l’état d’esprit du morceau.
La réalisatrice du clip, Julia Tarissan, a un univers visuel très marqué. Comment votre collaboration s’est-elle construite ?
Cela faisait partie des envies que j’avais, travailler avec un·e vidéaste ayant une identité forte et à laquelle je pourrais mêler la mienne. Scénaristiquement, il y avait cette séquence dans la barre d’immeuble, déjà très définie pour moi, et on a décidé ensemble d’une première partie : ce repas et ces deux mondes antagonistes, dans lesquels Julia pourrait exprimer son univers, se lâcher avec son équipe sur les décors, les costumes, les personnages, etc. La collaboration s’est construite sur beaucoup d’échanges afin d’arriver à un résultat qui nous corresponde à toutes les deux et donne cette ambiance si particulière au clip.
Je me souviens du live d’Oktober Lieber sous la pluie à La Route du Rock en 2019 où j’ai eu l’impression que nous, public, étions en transe. Est-ce que c’est un effet que tu recherches dans ton travail ?
Oui, je recherche beaucoup l’immersion, l’idée d’envelopper le public, de créer une musique propice à l’envoyer ailleurs, dans l’introspection mais aussi dans la danse. Quand j’écoute de la musique, j’aime qu’elle me mette dans cet état, qu’elle ait un effet très physique. Du coup, intuitivement, quand je produis, je me mets souvent à la place de l’auditeur·rice. J’ai tendance à construire et structurer les morceaux en gardant en tête l’effet potentiel transmis lorsqu’il sera écouté.
On te sent portée par des influentes très différentes et marquées. Pourrais-tu nous citer tes influences majeures ?
Je trouve qu’il est toujours difficile de trier et choisir parmi mes influences parce que je n’ai pas que quelques influences majeures, mais plutôt une multitude d’influences disséminées. Je peux citer la scène électronique pop scandinave avec Björk, The Knife, iamamiwhoami… Il y a aussi l’univers du premier album de Fever Ray qui m’avait fascinée à sa sortie et coïncide avec la période où j’ai commencé à composer et expérimenter dans ma chambre d’étudiante. Je pense aussi à une scène plus club, plus froide/indus et minimaliste : Factory Floor, Chris & Cosey, etc. J’ai adoré la réunion de Nik Void avec eux : Carter Tutti Void. Je pourrais continuer à citer beaucoup d’autres « scènes », italo, new wave… Je vais terminer en ajoutant Chloé, parce qu’elle a aussi été un modèle dans mes années étudiantes, au moment où je tâtonnais sur mes machines.
Pour terminer, quand seront tes prochaines dates ?
Ma prochaine date, ce sera au Metronum à Toulouse le 27 novembre prochain, pour le festival Girls Don’t Cry, organisé par l’association féministe et queer La Petite. J’ai super hâte d’y jouer et de soutenir ce collectif ! Ritmo Fatale, mon label, est basé à Toulouse, et j’y ai aussi beaucoup d’ami·es et de la famille, donc pluie ou soleil, ce sera le feu !
Image à la Une : © Vincent Ducard