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I’ll never be alone anymore : tendre récit d’un exil lesbien à Lesbos

I’ll never be alone anymore : tendre récit d’un exil lesbien à Lesbos

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Le podcast « l’ll never be alone anymore » invite à la découverte d’une communauté lesbienne joyeusement vieillissante, avant-gardiste et bienveillante. Une création sonore qui donne envie de repos, de changement, d’amour et d’une sororité affirmée. 

L’hiver s’installe, il est grand temps de dire au revoir au summer of love post-covid…Mais pour celleux qui s’y refusent, le documentaire sonore « I’ll never be alone anymore » créé par Anaïs Carayon, fondatrice de Brain Magazine, Anaïs Dupuis, responsable de production à Louie Media et la réalisatrice indépendante Cécile Simon, nous emmène en Grèce, sur l’île de Lesbos à la rencontre d’une communauté lesbienne implantée dans la région depuis les années 70.

De quoi donner des envies de vacances mais pas seulement. Pour toustes celleux qui, comme moi, courent partout pour tenter d’échapper à la solitude, cette communauté a tout du point de chute rêvé ! De l’eau, du soleil et des femmes extraordinaires qui s’entourent en permanence de bienveillance. Un changement d’ambiance en comparaison du milieu queer de 2021 qui s’endurcit, entre les débats qui le déchire et le covid qui éloigne les corps. Dès lors, ce retour dans le passé paraît presque doux et moderne. Difficile de croire que cette communauté est au bord de la disparition… 

Des boomeuses plus cool que toi 

Autrefois connu comme le pendant lesbien de Mykonos, les nouvelles générations de touristes lesbiennes délaissent aujourd’hui la petite île de Lesbos. Des femmes queers du monde entier y ont pourtant construit des communautés dès les années 70 pour en faire le lieu incontournable du tourisme lesbien dans les années 90 avant de connaître le déclin dans les années 2000.

Attirées par le soleil et l’aura de la poétesse Sappho, les lesbiennes européennes qui ont débarqué dans le petit village de Skala Eressos à l’époque forment aujourd’hui une communauté de soixantenaires soudées et fêtardes. Elles ont découvert le polyamour bien avant que les hétéros décident que c’était à la mode, ont connu une palanquée de « dramagouines » mais ont aussi fui l’homophobie de leurs pays d’origine.

Je ne suis pas un monstre.

Même à Londres ou aux États-Unis, s’afficher ouvertement avec un look butch était encore synonyme de rejet social même au sein des communautés queers, et il était compliqué de trouver sa place en dehors des modèles de féminité traditionnelle. 

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À Skala Eressos, au-delà de la libération sexuelle, la sororité règne (toujours bien avant que les hétéros ne récupèrent le terme pour vendre des business models) : les corps se libèrent et la force du groupe permettent à ces femmes de s’approprier la ville et surtout la plage, où la plupart se baignent sans vêtements.

« Je ne suis pas un monstre » : c’est ce qu’une des femmes du village a pu réaliser grâce à cet endroit, où elle a eu le droit de former une vraie communauté.

 Si tu es une lesbienne, tu es d’abord une femme.

Faire communauté, hier et aujourd’hui

Pas facile pourtant de monter un village de lesbiennes dans la Grèce de cette époque, encore très catholique et largement homophobe. Une habitante d’origine grecque raconte l’incompréhension de sa famille et les menaces de viol correctif qu’elle a subies, une autre se souvient des jeunes grecs du village qui les ont d’abord vues comme des proies sexuelles potentielles.

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L’exemple montré par ces femmes frondeuses et libres a aussi vite effrayé ces messieurs qui ont eu peur de la contagion… 

C’est un mouvement politique de ne pas avoir honte de soi dans un monde homophobe.

La manne financière du tourisme lesbien et l’évolution des mœurs ont fini par avoir raison de l’hostilité de la population. Aujourd’hui, les lesbiennes se baladent dans la plupart des pays du monde sans crainte et l’île est beaucoup plus vide, même si, pour les locales, aucun autre endroit n’accueillera les femmes queers comme Skala Eressos. 

Nos aînées de Lesbos nous rappellent l’importance de se battre bec et ongles pour préserver les espaces queers et leurs mémoires. Elles nous rappellent aussi comment le simple bonheur d’être lesbienne est encore un geste politique radical dans la société aujourd’hui.

Ce podcast a fait partie de la sélection du festival de Tribeca 2021 (une preuve de plus du génie lesbien…!). Malheureusement, il n’est disponible qu’en anglais pour le moment. On espère avoir bien vite une traduction pour peut-être donner envie à nos gouines françaises de rejoindre la mif de Skala Eressos…  

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