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Les Mains Gauches, festival touche-à-tout de courts métrages queer féministes

Les Mains Gauches, festival touche-à-tout de courts métrages queer féministes

À l’heure où nous sommes privé·e·s de salles obscures, Les Mains Gauches, festival de courts métrages indépendants à étiquettes glissantes, se réinvente et laisse filer sa programmation de la toile cinématographique à l’intimité de nos écrans. 

Nous ne tenterons pas de définir Les Mains Gauches mais plutôt de rompre la fonction attendue d’une définition – à l’image de ce projet queer féministe qui revendique un espace inclusif qui se prête à accueillir et à explorer plusieurs identités et leurs mutations. Une aspiration qui irrigue le festival de son fonctionnement à ses sélections, avec pour aboutissement de nous inciter, à travers l’invention d’un lieu de représentation et de validation, à porter un œil critique contre le système dominant, à lutter contre ses normes, formelles ou discursives. 

La représentation de la communauté LGBTQI+ et de sa production artistique est le noyau de cette initiative. Souvent marginalisée, pas financée, privée d’espace, la communauté a un besoin vital de place dans toutes ses déclinaisons. Qu’on la donne, qu’on l’occupe ou qu’on la réclame, celle-ci est d’autant plus cruciale que l’on est dépossédé·e d’espace réel. Comment sortir du silence, se donner une voix en tant que personne opprimée, créer ses propres références, quand la privation est double et le champ d’action virtuel ? Comment faire de celui-ci le champ de nos cyber luttes ? Les Mains Gauches ont imaginé ce second format, une plateforme de streaming gratuite et sans inscription, comme une piste d’exploration et d’engagement visuel.

L’initiative a germé autour du collectif Une Quinzaine, des Féminismes et de la salle de cinéma indépendante marseillaise Videodrome 2, mais surtout d’une histoire d’amitié entre ses six membres. Nous en avons rencontré quatre : Jaz, qui a étudié les sciences humaines ; Ambr, au parcours de cinéma universitaire ; Juliette, passée par les lettres puis le cinéma ; et Lau, du milieu des arts plastiques puis de la mode. Tous·tes partagent une passion pour le cinéma, ses enjeux de programmation, la géographie sensible, où territoires et défis politiques se rencontrent autour de films pour créer du commun. À travers Les Mains Gauches, iels mettent en avant des thématiques culturelles liées au féminisme afin de visibiliser et faciliter la compréhension des dynamiques et des théories. L’idée étant de ne pas s’adresser qu’aux initié·e·s, mais surtout aux personnes concernées directement par ces questions – une démarche facilitée par leur plateforme en ligne. À l’occasion de son lancement nous avons longuement discuté autour d’un thé après le couvre-feu (oups). 

Manifesto XXI – Pourquoi avoir fait le choix du court métrage ? 

Lau : Pour moi le court métrage c’est une forme qui permet à des personnes qui ont peu de moyens de créer. Dans une démarche queer féministe, il est intéressant de penser l’aspect économique. Le court métrage peut être pris soit comme un premier essai, soit comme un genre à part entière et une manière de créer.

Ambr : C’est une forme qui manque souvent de visibilité parce que dans la doxa, le cinéma, c’est le long métrage. Finalement il y a une sorte de continuité entre les enjeux queers féministes qui ne sont pas forcément visibles et le court métrage qui ne l’est pas non plus, qui a besoin des festivals pour exister. Il y a ce besoin d’espace et de diffusion. 

Lau : Quelqu’un parlait du fait qu’en général tu ne regardes pas qu’un court métrage… 

Jaz : Même si souvent on va faire un court métrage tout seul, après ce film va être mis en relation avec plein d’autres films. Il y a quelque chose de collectif, qui dialogue entre les différents films. Personnellement c’est ce qui m’a fait aimer les programmations de courts métrages et qui m’a donné envie d’en diffuser.

En regardant votre projet de près, si l’on devait le résumer en trois mots ce serait : visibilité du cinéma queer féministe, expérimentation et échange. Bousculer les normes formelles, emprunter de nouveaux chemins de narration, faire lumière sur les silences, c’est aussi une manière de porter ses combats à l’écran. En cela votre fonctionnement résonne en écho avec le cinéma que vous soutenez, un cinéma militant. Pouvez-vous nous préciser l’importance de cette dimension militante, qui s’exprime autant dans vos choix logistiques qu’au cœur des films que vous choisissez de diffuser ? 

Jaz : Déjà je pense qu’on ne peut rien faire de façon non militante en étant concerné·e·s par plein de choses qui ont trait à des enjeux politiques, ou par des oppressions, par des vécus, des identités qui ne sont pas la norme. Le cinéma qui me touche, c’est un cinéma qui y fait accéder de façon sensible. C’est toute sa force : t’amener à des endroits inexplorés, formuler des choses par toi-même. Quant à la dimension militante en elle-même, elle est toujours à interroger d’où elle est ; c’est assez compliqué comme question.

Lau : Je n’envisage pas de visionner les films en me disant « je veux trouver un film militant ». Même si c’est imbriqué ; le militantisme dans ce projet se situe dans le fait de laisser place à de la représentation et au travail artistique de personnes opprimées. À l’inverse, ce serait comme dire à ces personnes-là que tout ce qu’elles doivent être ou faire, c’est parler de leur souffrance et de leur domination. Alors que tu peux aussi parler du fait que tu arrives à continuer à te lever le matin, et à rêver, et à voir de la poésie, et que t’es pas qu’une personne qui vit des oppressions. Elles peuvent être juste joyeuses, faire des trucs trop beaux et il faut le montrer aussi. Juste leur laisser montrer ça, c’est une démarche militante. 

Ce projet a-t-il une portée pédagogique ?

Lau : Je fais de la médiation culturelle, c’est le point d’accès pour mêler la culture et le militantisme. La visée pédagogique est multiple : déjà juste le fait de montrer ces personnes, montrer qu’il y a un cinéma queer, et ce que c’est. Par exemple, si je parle de films queers à mes parents, soit mon père soit ma mère pense que c’est du porno (rires) ! Donc rien que montrer que c’est autre chose, c’est hyper chouette. C’est une pédagogie qu’on faisait déjà à la Quinzaine, montrer que les cultures queers féministes sont aussi autre chose que les manifestations, même si c’est très important.

Maintenant avec la plateforme, vous tentez un autre contexte, virtuel et beaucoup plus accessible. Celui-ci permet de toucher un public plus large, tout en bousculant la dynamique en ce qui concerne d’autre part le dialogue. Comment imaginez-vous l’échange aujourd’hui ? 

Juliette : À l’origine le but pour nous c’était aussi de créer un espace de rencontres. On cherchait cet effet festival, où tous les jours tu reviens, tu retrouves les mêmes personnes… Pour moi les meilleurs moments du festival, c’est quand tu sors après la projection et que tu parles à des gens que tu croises depuis longtemps : d’un coup on a un objet commun, on peut en discuter. Je trouvais ça trop beau, d’être lié par quelque chose collectivement. 

Ambr : Le retour principal qu’on attend c’est « trop bien on peut voir des films ! » (rires)

Jaz : De la même façon, dans la plateforme, il y a cette idée de pouvoir s’ouvrir, et pas seulement à des personnes qu’on connaît. Celle aussi de partager ce cinéma-là, qui n’est pas hyper accessible, parce qu’il y a très peu d’endroits où le voir.

Juliette : Pendant le festival, plein de gens nous ont demandé s’ils pourraient revoir les films… Cette énergie-là est portée à travers la plateforme, dans un autre endroit. 

Ambr : Maintenant le dialogue se fait sans nous, on espère qu’il aura lieu dans d’autres cercles sur lesquels on n’aura pas de vision, autant en termes de géographie que de communauté. Dans la cinéphilie, il y a ce rapport qui tient de la collection, de l’accumulation, de films et de paroles, et d’exercice intellectuel autour des films qu’on voit. Ce n’est pas ce que l’on cherche ; plutôt à mettre en place un rapport aux enjeux des films, des enjeux peut-être plus émotionnels, plus intimes que politiques.

Pour votre dernière édition en septembre 2020, vous aviez reçu plus de 1800 films. Pour établir la sélection, vous avez formé un comité de visionnage, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? Comment avez-vous choisi parmi tous ces courts métrages, sachant qu’un film fait rarement consensus ?  Est-ce qu’il y a aussi un paramètre sentimental qui entre en jeu ?

Ambr : Concernant le fonctionnement de la plateforme on a lancé un appel à films sur FilmFreeway où on reçoit des films toute l’année, et c’est gratuit d’envoyer son film.

Juliette : Puis pour sélectionner les films, on avait vraiment envie que ce soit collectif et ouvert. C’était le début du confinement et plein de copaines étaient intéressé·e·s pour former un comité de visionnage. On était 20-25 personnes, en petits groupes de 6, on faisait des listes, puis dans chaque groupe on discutait d’une liste finale avant de s’échanger les films… C’était un peu intense, un peu chaotique. On tâtonnait quoi ! 

Ambr : L’année dernière, les séances les plus constructives, c’était ces moments où on regardait les films à 10-12 puis on en parlait pendant trente minutes. On va essayer de valoriser ça cette année, penser à une phase collective plus importante. On a reçu deux fois moins de films déjà, parce qu’on a mis en place trois questions qui permettent aux réalisateur·rice·s de situer quel festival on est. Peut-être qu’on osait moins dire non à certains films aussi.

Lau : Pour cette édition, on a réfléchi un peu autrement que par affinités. Plus en se demandant qui a une vision qui serait intéressante. Par exemple moi en étant dans le comité de visionnage je me suis dit : quand même y’a beaucoup de blancs, tout simplement, en me plaçant en tant que meuf noire. Peut être que des potes trans se diraient qu’il y a beaucoup de personnes cis, du coup on a eu une discussion à propos de ça : qui on aimerait bien avoir qui soit à la fois à la croisée des visions militantes de l’art et des visions artistiques du militantisme. On s’est aussi posé la question de visionner ensemble, c’est plus motivant.

Jaz : Ensuite concernant le consensus, on a tous·tes un rapport sensible aux films. Et si on veut porter ce film et que vraiment il nous touche, on le portera. Bien sûr c’est à condition qu’il ne soit pas hardcore par ailleurs, qu’il ne fasse pas violence à une personne. Là forcément il y aura discussion. Mais si il y a un coup de cœur, même si les autres sont moins sensibles au film, on va avoir plutôt tendance à le programmer, et on sait que quelqu’un pourra le porter. À l’inverse certains films sont des no way pour certaines personnes, c’est comme ça aussi. Il y a une espèce de veto positif et négatif.

Exercice pour la main gauche, poème d’Alejandra Pizarnik et source d’inspiration du festival Les Mains Gauches

Sur la plateforme les films sont répartis en trois catégories. S’agit-il de thématiques ? Comment se fait cette répartition ? 

Ambr : Jusqu’à maintenant on sélectionnait d’abord les films qui nous plaisaient puis on essayait de les faire dialoguer ensemble. Les éléments thématiques sont choisis de manière large, pour pouvoir entrer en résonance. Chaque personne perçoit les films d’une certaine manière, axe ses émotions sur certains enjeux du film. L’idée c’est d’essayer de les articuler pour que ça visibilise un maximum ce qui nous a touché·e·s. Ça peut être parfois un peu tiré par les cheveux. J’avais entendu un programmateur parler de constellation – une image très efficace pour la programmation de courts métrages, l’idée de mondes isolés avec des liens, qui composent une nouvelle forme. 

Certains films programmés en septembre reviennent dans votre sélection sur la plateforme. Pourquoi ceux-ci ? Comment va fonctionner cette plateforme ? Envisagez-vous par exemple des rediffusions, des archives de vos programmations ?

Juliette : On trouve des thèmes communs parmi les films qu’on nous a envoyés, puis on pense à ceux reçus l’année dernière. On avait envie de les faire vivre une seconde fois, pour les gens qui n’ont pas pu venir notamment. Il y a plein de films qu’on a programmés qui n’ont eu qu’une diffusion. On a l’occasion d’élargir le public de ces films qu’on a choisis donc si ça peut continuer, de manière éparse, ce serait génial.

Jaz : J’y vois aussi un truc de communauté. On programme en majorité des films de réals queers féministes faits avec peu de moyens, l’idée c’est de savoir comment les reporter encore et encore. De la même façon si y’a des réals de l’année dernière qui nous renvoient des films et qu’ils nous touchent, on va les diffuser. On défend la même chose, à des endroits à la fois similaires et différents. C’est pas juste un one time et puis après on s’ignore. Concernant l’utilisation, le but est que ce soit le plus simple possible, c’est en accès libre sans inscription… Il y a quand même une cagnotte, pour reproduire le prix libre en salle. Nous on bosse bénévolement, mais ce serait bien de rémunérer les auteur·rice·s.

Juliette : Dans l’idée on aurait envie de mettre tous ces films et les laisser à l’infini, pour créer un endroit d’archivage du cinéma queer féministe. Mais ce n’est pas non plus possible pour des questions de droit. On en demande déjà beaucoup aux réalisateur·rice·s, c’est-à-dire de laisser leurs films pendant un mois, sans qu’iels soient payé·e·s. L’idée avec la cagnotte c’est de réussir à ce que les gens puissent vivre en faisant des films ou en les diffusant ! 

Nous voyons sur votre site une catégorie jeune public à venir, de quoi s’agit-il ? 

Ambr : C’est en réflexion. On reçoit des films qui nous paraissent chouettes à valoriser comme des films pour des publics plus jeunes. Ce sera fait dans les mois qui viennent, on va mettre un label qui permettra aux personnes référentes ou aux personnes plus jeunes de se dire que les problématiques les concernent davantage. 

Lau : Oui puis peut-être faire des projections pour les jeunes publics. Nous, personnellement, on bosse beaucoup avec des ados. J’ai fait un mémoire sur le cinéma d’animation et l’impact sur les adolescents, Jaz travaille aussi beaucoup sur ça. Ce serait trop chouette de sortir chaque mois une programmation destinée à des ados par exemple.

Comment imaginez-vous le futur des Mains Gauches ? Avez-vous d’autres projets en cours ? Dans une interview donnée à Radio Grenouille vous parliez d’organiser des ateliers, est-ce toujours d’actualité ?

Jaz : Pour l’instant c’est un chantier mais ça pourrait être aussi bien des projections que des ateliers plus poussés de réalisation, de réflexion autour de ce que c’est de réaliser, de s’engager soi, de travailler sur les représentations. Souvent les ateliers audiovisuels en milieu scolaire ne portent pas autour de l’identité. Alors que c’est important ce que vous avez à dire, en tant que personne jeune aussi.

Ambr : On voudrait aussi développer des rencontres entre les acteurs du cinéma queer. Que des réals viennent présenter leurs films, pour imaginer le festival le plus complet possible. 

Jaz : On a cette envie de pouvoir réunir tous·tes les acteur·rice·s du cinéma queer féministe, même à une échelle locale. Par exemple je connais des personnes queers féministes qui font du cinéma à Marseille mais est-ce qu’elles se connaissent entre elles ? Il y a cette réflexion autour de comment sortir de cercles affinitaires pour travailler ensemble. Comment on évite aussi, en tant que réalisateur·ice, de se confronter à des producteur·rice·s misogynes, transphobes… On aimerait aussi donner des ressources : quels sont les financements qui existent aujourd’hui, partager des outils de compréhension du paysage audiovisuel. Et comment nous voulons nous inscrire là-dedans en tant que personnes liées au cinéma queer féministe.

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3 coups de cœur

Perifericu

Nay Mendl, Vita Pereira, Rosa Caldeira, Stheffany Fernanda, 2020, Brésil, 20’

Il est question de collectif dans ce film. Derrière la caméra d’abord, puisqu’il s’agit d’une œuvre réalisée à huit mains. Mais aussi devant l’écran : parmi les 1800 films sélectionnés par Les Mains Gauches, Perifericu fut l’un des rares coups de cœur unanimes. C’est que celui-ci, naviguant entre humour, douceur et empowerment, est baigné de lumière. Dans le sillage de Denise et d’une certaine Luz qui porte bien son nom, 20 minutes nous sont offertes pour saisir leurs espoirs, leurs rêves, leurs doutes. 20 minutes pour prendre leur pouls, laisser le nôtre s’affoler avec, s’arrêter net ; rattrapé·e·s par la brutalité routinière, celle du quotidien d’une jeunesse queer au sud de São Paulo. Le temps d’un monologue poétique dont on ne ressort pas indemne, Perifericu nous laisse le souffle coupé. On y repensera le sourire aux lèvres. 

Perifericu, Nay Mendl, Vita Pereira, Rosa Caldeira, Stheffany Fernanda, 2020, Brésil

Hot ‘Goy’ Summer

Lori/Lot Lo Bianco, 2020, Angleterre, 2:30’

Pivotant autour du détournement identitaire du hashtag #HotGirlSummer de Megan Thee Stallion, Hot ‘Goy’ Summer réécrit le concept à travers des souvenirs estivaux : douceur, chaleur, sucre, sel, culture pop et réseaux sociaux se mêlent dans une version ironique, sensuelle et transgenre. Filmé entièrement par une caméra de portable, images et filtres superposés s’enchaînent dans un court métrage qui revendique la sexualité, célèbre l’identité virtuelle et sa performativité qui se prête à ce qui veut/peut rentrer dans ce jeu de personas. Le granité Calippo, ou même Calypso faisant appel à la nymphe de la sexualité et de la séduction, de l’immortalité qui va de pair avec la mort sociale, sert de symbole d’une féminité potentiellement phallique dans l’acte ultime de la performativité de genre : sucer, sucer critiquement comme acte de révolte. 

Hot ‘Goy’ Summer, Lori/Lot Lo Bianco, 2020, Angleterre

CAPTURANDO EL TIEMPO

Itzel Sarmientos, 2020, Mexique, 6:09’

« Nous sommes des photo-journalistes » : l’affirmation résonnante provient de celleux qui racontent de l’intérieur le combat contre les violences sexistes au Mexique. À travers une juxtaposition d’images postées sur les réseaux sociaux, Itzel Sarmientos propose une réflexion sur le format documentaire en cassant la dynamique verticale de la narration. Laquelle fait corps avec son sujet puisqu’à l’heure de la pandémie, les réseaux sociaux sont le lieu où bouillonnent les luttes avant le feu de l’action. « Nous sommes des photo-journalistes » – et le pilier de la 4ème vague féministe : c’est l’affirmation de celleux qui capturent le temps à mesure qu’iels le vivent.

CAPTURANDO EL TIEMPO, Itzel Sarmientos, 2020, Mexique, 6:09’

Pour voir plus de films : lesmainsgauches.tv
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Photo à la Une : Face à face dans la nuit, Loïc Hobi, Suisse, 2019, 7′

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