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Femme Bass Mafia, le collectif qui initie Berlin au son UK

Femme Bass Mafia, le collectif qui initie Berlin au son UK

Lassée de la techno classique berlinoise, la team de Femme Bass Mafia (FBM) débarque avec ses gros sabots sur les dancefloors de la capitale allemande. Attaché à la UK bass, ce nouveau collectif forme des femmes, des personnes trans et non-binaires au DJing.

L’ambiance est bien calme ce dimanche 14 novembre dans le Raw Gelände situé au sud du quartier de Friedrichshain à Berlin. Au milieu de la foule de passant·es habituel·les sur la Warschauer Straße, on distingue celles et ceux qui rentrent d’after et celles et ceux qui y retournent. Pendant ce turn-over stratégique, MSJY et Marie Midori accueillent Rowan, Leticia, Anna, Katia et Fia au Crack Bellmer. Cet après-midi, le club affiche fermé mais le sound-system et les platines tournent bel et bien. La deuxième promotion du crew Femme Bass Mafia (FBM) a pris possession des lieux à l’occasion d’un nouvel entraînement au DJing.

Sous les conseils avisés de MSJY, les cinq nouvelles DJs se relaient à tour de rôle derrière les platines. Clés usb en main, elles apprennent à gérer les transitions, les boucles, les cuts et autres skills. Un morceau de breakbeat résonne dans les enceintes du Crack Bellmer. Appartenant à la bass music, ce sous-genre est l’un des styles joués par la troupe. Comme leur nom l’indique, Femme Bass Mafia s’attache à ce son typique UK : de la drum and bass au footwork en passant par le breakbeat.

MSJY assure le workshop de DJing auprès de la seconde promotion de Femme Bass Mafia. © Jérémie Le Hénaff (IG: @irmia2523)
Vers de nouveaux genres

FBM voit le jour en janvier 2021 à l’initiative de Lilia aka Dangermami. Elle est ensuite rejointe par Marie Midori et Luz1e en septembre. Même si, à ce moment-là, les clubs sont toujours fermés, les trois DJs partagent deux constats édifiants : « La culture UK n’est pas assez présente à Berlin, note Lilia. Mais surtout, les femmes, les personnes trans et non-binaires sont sous-représentées sur les line-up ! » Motivées comme jamais, les trois jeunes femmes se retroussent les manches et lancent un appel à candidature destiné aux novices du DJing. L’intitulé est simple : FBM invite toute personne femme, trans ou non-binaire et fan de breakbeat, de drum and bass, de footwork et autres styles UK à venir apprendre à mixer. Parmi la quarantaine de réponses reçues, FBM sélectionne une première promotion de sept apprenti·e·s DJs.

© Jérémie Le Hénaff (IG: @irmia2523)

Pour animer les workshops, Lilia s’appuie sur les mentors Marie Midori, MSJY, Luz1e, Monibi, DJ Fuckoff et jpeg.love. « Je les ai contactées sur Instagram avant de les rencontrer. Tout s’est très bien goupillé puisque chaque mentor a sa spécialité. Tout le spectre des styles de bass music est représenté », résume Lilia qui trouve des lieux partenaires dans la foulée. Les radios Hör Berlin et Refuge Worldwide ou encore des établissements tels que le Paloma Bar et le Crack Bellmer mettent à disposition leur matériel de DJing. Les premiers workshop FBM peuvent commencer !

Une claque drum and bass

En mettant en avant les styles UK, FBM rafraîchit l’offre clubbing berlinoise. « Hors les classiques techno et house, les autres genres sont sous-représentés », estime Lilia aka Dangermami. Si elle a commencé par la ghetto house et l’electro, Lilia se prend une véritable claque devant un set drum and bass de Regis durant l’été 2019 à l’occasion du Krake Festival. « On était tous·tes choqué·e·s », se souvient Dangermami qui se rend compte de l’existence d’une mini-scène UK à Berlin. Souhaitant partager sa passion pour ces styles musicaux, le crew FBM joue sur les scènes de l’Err3or Festival et du Paloma Bar et balance ses meilleurs tracks UK garage, ghetto tech et drum and bass. « Même si les gens ne savent pas tous comment danser sur cette musique, ça été bien reçu. Le public est hyper ouvert », se réjouit la fondatrice de FBM.

Pourtant lorsqu’elle a démarré, Lilia n’était pas si optimiste. « En commençant le DJing, je me suis rendu compte à quel point cette culture s’entretenait entre hommes. En tant que femme, il est plus difficile de s’imposer. J’étais mal à l’aise. Chaque fois que je mixais, j’avais l’impression qu’on me soufflait dans le cou », confie-t-elle. C’est donc lassée de « ces mécanismes de domination plus ou moins volontaires » qu’elle imagine Femme Bass Mafia.

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Femme Bass Mafia
La première promotion de FBM © Lior Neumeister // Mama Lior (IG: @mamalior)

Désormais, toutes les deux semaines, une à deux mentors forment les membres de FBM au DJing. Le crew a déjà organisé sa première soirée avec la première promo au Paloma Bar le 8 octobre dernier. « Tout le monde a joué de 23h à 8h. Il y avait la queue à l’entrée. C’était incroyable et très émouvant », confie Lilia qui ne s’attendait pas à un tel engouement dès le début. Maintenant que la machine est en route, FBM ne se fait pas prier et enchaîne avec la deuxième promotion. « Leur formation devrait prendre fin en février avec une soirée au Paloma le 7 mars prochain », conclut Lilia. Le rendez-vous est pris.


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Image à la Une : © Jérémie Le Hénaff

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