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Baisers Volés. Un festival pour « défendre la nouvelle scène française »

Baisers Volés. Un festival pour « défendre la nouvelle scène française »

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À partir de ce vendredi 28 septembre 2018, Saint-Malo accueille un nouveau festival : Baisers Volés affiche un line-up soigné, pile dans l’air du temps. Sur fond bleu pastel, les noms des nouveaux talents, les « nouvelles idoles des jeunes », forment un tableau singulier.

Une cohérence romantique, d’une telle évidence qu’on se demande presque pourquoi ils n’avaient pas tous été réunis avant. En quelques mots volés autour d’un café, Guillaume et Cyril, les programmateurs, nous ont raconté l’esprit de ce nouveau rendez-vous musical, et ils nous ont (presque) fait leur déclaration d’amour aux jeunes pousses hybrides de la musique française.

Quelle est l’origine du festival ? Racontez-nous la génèse.

Cyril : Ça vient d’un autre projet, qu’Öctöpus a monté : le Winter Camp, un festival plutôt orienté scène émergente internationale, on va dire… Ça faisait longtemps que l’on avait envie de donner un pendant plus francophone à cet événement, et en dehors de Paris, justement ! Ça voulait dire créer un nouveau rendez-vous. C’est la rencontre avec la Nouvelle Vague, en la personne de Jérôme Chevalier (son directeur), qui a tout bousculé. L’idée c’est de défendre une scène pop émergente (mais pas que) à travers des têtes d’affiche comme Clara Luciani ou Eddy de Pretto ; et de se réserver la possibilité de montrer ce qui va se passer dans les années à venir…

Pourquoi ce nom, Baisers Volés ?

Guillaume : Parce que l’événement se fait précisément à la Nouvelle Vague et qu’on avait envie de trouver un écho. On trouve que cette nouvelle scène français apporte un vent de fraîcheur comme il y avait pu en avoir à l’époque. Le côté poétique à parlé à tout le monde.

Cyril : C’est le titre d’un film de la Nouvelle Vague (ndlr : de François Truffaut ). Qui véhicule un truc assez léger. Aujourd’hui ça pourrait paraître un peu désuet mais il est sans contraintes ; et je trouve de fait que ça correspond à ce qu’on s’impose : aucune limite, que des coups de coeurs.

Guillaume : Je trouve que la nouvelle scène française que l’on veut défendre se retrouve dans ce côté désuet, ses tribulations amoureuses, ses questionnements existentiels sur ce que peut être la jeunesse. Et elle se reconnaît totalement dans les codes artistiques qui ont été cassés à l’époque de la Nouvelle Vague. À présent on navigue entre balades urbaines, chansons pop… tout est un peu explosé.

Dans le choix de D.A. on retrouve ce côté vintage, très présent dans le style de certains artistes. A quelle moment dépasse-t-on la simple nostalgie ?

Guillaume : Il suffit de regarder des groupes comme Bagarre ou Eddy de Pretto : à un moment on n’est ni dans le rap ni dans l’électro. Ils se sont appropriés des codes musicaux pour faire vraiment ce qu’ils voulaient, avec une sorte d’insouciance dans les paroles et dans la manière de produire. On a essayé de faire quelque chose de très cohérent, qui soit très pop mais qui représente aussi tous les styles musicaux imaginables. C’est vrai que faire enchaîner Clara Luciani, Jeanne Added, Silly Boy Blue un soir et l’autre soir Bagarre et Eddy de Pretto…

Cyril : Y a une notion de familles esthétiques. Je pense que ces artistes se sont côtoyés cette année – souvent sur les festivals –, et nous leur offrons ce dernier moment pour se retrouver. On a envie de créer cette atmosphère de convivialité pour eux mais aussi pour le public. Que ça vive. Et que ça ancre à la fois cet événement et ces courants artistiques dans notre temps.

Si on devait mettre trois mots sur cette nouvelle scène française, ce serait lesquels ?

Cyril : Ambitieuse artistiquement et sans doute aussi en terme de notoriété.

Guillaume : Insouciante et…

Cyril : Indépendante. Ils sont conscients de ce qu’ils sont et là où ils vont.

Guillaume : La plupart des artistes qui sont représentés sont sur des labels indépendants – à l’exception d’Eddy de Pretto, qui est chez Initial mais qui représente quand même une façon artisanale de bosser chez Universal. Il n’y a pas de major : de Nowadays à Roche Music, en passant par Entreprise et PIAS, ce ne sont que des labels indépendants.

C’est aussi une des clés de ce qu’on veut montrer : ces groupes se sont beaucoup structurés sur des entités et des façons de fonctionner un peu à l’ancienne, en créant de vraies marques. Ce sera l’ambition pour les années à venir : mettre en place tous le décorum autour, inviter des labels, faire un marché de labels, mettre en avant les gens qui travaillent autour de ces artistes. On n’a pas eu le temps cette année, malheureusement. Il faut commencer à un moment et essayer de bien faire pour la première année ; mais, à terme, il y a une réelle ambition de monter ça.

Le choix de Saint-Malo est uniquement lié à la rencontre avec Jérôme Chevalier. Vous n’avez pas d’attache particulière avec la Bretagne, sinon ?

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Guillaume : Non. Mais on est attachés à un modèle de festival comparable à celui de la Route du Rock – qui est partie prenante de cette salle et qui tient de façon indépendante depuis tant d’années avec une ligne artistique forte. Donc on est plutôt contents de pouvoir faire ça indirectement avec eux.

Cyril : Et puis il y avait quand même la notion de cadre qui nous semblait importante. Celui d’un paysage et d’une ville agréable. De fait, on voulait s’extirper de Paris qui a beaucoup d’avantages et beaucoup de défauts en terme de programmation et d’environnement.

Guillaume : On a choisi un socle pour imposer la marque mais, à terme, on a envie d’aller investir la plage, la ville intramuros, la côte… On est dans une phase bêta.

Quels sont vos coups de coeur perso ?

Guillaume : Pour moi, Silly Boy Blue. C’est un projet pour lequel j’ai eu un gros coup de cœur il y a quelques temps. L’auteure a une très belle écriture. J’ai aussi eu un coup de cœur pour la personne.

Cyril : J’aime bien le projet Le Comte qui va jouer le dimanche en hors les murs.

Une dernière chose à ajouter ?

Guillaume : C’était pas prévu mais Fakear a rejoint le line-up. C’était une demande de sa part, une envie de se connecter à cette scène artistique. Il vient en pur cadeau pour passer ce week-end là.

Cyril : Ça rejoint ce qu’on disait sur les familles artistiques, qui sont autant d’histoires d’amitié. En arrivant aussi tardivement dans l’année, je pense qu’il y aura une dimension d’accueil qu’on va soigner pour que les artistes puissent échanger – et peut-être créer : on ne sait jamais !

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