Hillary Clinton a peut-être remporté de peu le « vote populaire » (47,7% des votes contre 47,5% pour Trump), elle ne sera pas la « première femme présidente des États-Unis ». Donald Trump est le 45e président des États-Unis, il faut s’y faire… À New York, Boston, Seattle, San Francisco, les démocrates ne veulent pas s’y résoudre et sortent dans les rues. Mais alors, où sont-ils, ceux qui n’ont pas honte d’avoir voté pour Trump ? L’électeur de Trump est-il vraiment ce vieil américain blanc et bedonnant, un 45 à la ceinture, cet Américain de nos clichés ?
Des clichés, il y en a, le « Naked Cowboy » de Times Square, celui qui porte encore une capuche blanche pointue, celui qui arbore fièrement sa collection d’armes. La fracture au sein de la population américaine, elle, est réelle, tangible. Les images du QG de campagne de la candidate à New York sont parlantes : les mines dépitées se succèdent. À côté, les supporters de Trump sont réjouis. Dans ses QG de campagne, on pourrait penser que les moins de 30 ans n’ont pas été conviés à la fête.
Ceux qui ont élu Trump ont voté pour une promesse : « Make America Great Again ». Mais ce ne sont pas tous des hommes, Blancs, ils ne sont pas tous vieux, ils ne sont pas tous stupides. 42% des femmes qui sont allées voter ont choisi Trump malgré ses propos sexistes ; 29% des Hispaniques ont voté pour le candidat républicain malgré ses propos racistes ; 37% des jeunes de 18 à 25 ans l’ont choisi malgré l’écart générationnel. Le propos de Trump ne séduit pas que les ignorants. Les premiers sondages montrent que 54% des hommes diplômés (à l’université) et 45% des femmes diplômées ont choisi Trump. Ils adhèrent à une ou plusieurs propositions du candidat et surtout détestent Hillary Clinton.
Les indécis des « swing states » ont préféré le candidat républicain ; environ 48% des Américains inscrits sur les listes électorales n’ont pas voté. Ils n’ont pas pris la peine de se déplacer, ou n’ont simplement pas pu. Ceux qui ont voté témoignent parfois d’une attente de plusieurs heures pour aller aux urnes, alors certains ont été découragés, las des choix qui s’offraient à eux. Si le populisme l’a emporté, la passivité aussi. L’alternative à Trump n’a pas suffisamment convaincu.
« J’ai honte », me dit Megan, une jeune américaine, « je suis tellement en colère et tellement effrayée, mais surtout j’ai honte de mon pays ». Elle a honte parce que je suis française, parce qu’elle pense qu’une telle chose ne peut pas arriver dans notre pays… Les Américains ont fait confiance à celui qui leur promettait de changer les choses en cassant les codes du système actuel. Et si les électeurs français faisaient pareil, serions-nous capables d’accepter de devenir des clichés ?
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