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Violet Indigo, nouvelle icône RnB de la génération hit machine

Violet Indigo, nouvelle icône RnB de la génération hit machine

Violet Indigo - Manifesto XXI
Du haut de ses 20 ans, Violet Indigo est en train de conquérir peu à peu le cœur de la scène parisienne, à coups de lives improvisés jazz et de DJ sets aux chaudes réminiscences hip-hop 90’s. Résidente de la Tchoin Party et organisatrice des soirées batardes2garde, cette fière représentante de la Gen Z est sur le point de tout dégommer sur son passage avec l’arrivée de son premier EP Last Call.

11ème arrondissement de Paris, chez « Charlie et sa bière à deux balles ». Dans une salle pleine à craquer (bien trop étroite), Violet Indigo se tient devant une foule impatiente d’assister à son deuxième concert. Entièrement vêtue de mauve et au regard souligné, Laïla, de son vrai prénom, nous explique : « On est 5 musicien·nes et c’est très différent de l’EP. On a complètement retravaillé les morceaux, je voulais faire un truc à l’américaine avec de l’improvisation jazz. » Les effluves sonores se répandent et à chaque fin de morceau, Violet Indigo, comme un poisson dans l’eau, n’hésite pas à prendre la parole pour échanger avec son public. Le concert se termine par un titre aux accents reggaeton, encore non dévoilé, qui fait se trémousser toute la pièce.

Violet Indigo - Manifesto XXI
@elliana_wise
Du jazz au rap en passant par le rock

Née d’une mère américaine et d’un père français musicien de jazz, Violet Indigo a grandi sur fond de Ray Charles, Earth, Wind & Fire, et Maceo Parker. Abandonnant le piano au bout d’un an, c’est à 7 ans qu’un nouveau monde s’offre à elle quand elle s’initie à la batterie : « Je chantais “I love rock ‘n roll” en tapant sur l’instrument. ». Jimmy Hendrix, Rage Against the Machine ou encore Led Zeppelin sont très vite devenus ses nouveaux compagnons d’enfance. Puis à l’adolescence elle démarre ses premières démos sur Garage Band, flirtant pour la première fois avec la pop. Elle nous confie : « J’ai une fascination pour les divas pop, Britney Spears et Lady Gaga, surtout au niveau de l’image, je trouvais ça fou ce dramatisme. » Mais c’est finalement à l’écoute de l’album de Mos Def, Black On Both Sides, que le coup de foudre musical la frappa en plein cœur. Son choix de carrière était décidé : «Je ne me suis jamais laissé d’autre option que la musique ». Aspirée par les méandres de la neo soul, Violet Indigo s’est révélée avoir une réelle obsession pour le genre : « J’ai diggé cette musique: Erykah Badu, The Roots, Common… il y avait un truc hyper cru dans le groove, que ce soit au niveau du rythme, la voix, les paroles. », laissant tomber du jour au lendemain ses premiers groupes pop-rock de collège, « Laïla & The Visitors » et « Lost & Found ». Triste sort. 

Le monde du jazz parisien est extrêmement cloisonné, assez vieux, et toutes les meufs sont des chanteuses. Il y a très peu d’instrumentistes et on ne te donne pas vraiment le choix. Pour eux, forcément, on ne va pas être au niveau des autres, alors : soit belle et chante

Violet Indigo

Les années lycée sont ensuite rythmées par le rap : « j’ai toujours voulu rapper, mais je le faisais très mal. Mon pote me disait « Tu rappes comme une mormone de 5 ans ». À force d’entraînement et de productions sur Logic, elle écrit ses premiers textes dans le but d’extérioriser ses sentiments. « Mon premier morceau, c’était sur une meuf qui me bullied au collège » se souvient-elle en riant. Puis parallèlement, elle démarre une formation au conservatoire, qu’elle ne terminera jamais : « Le monde du jazz parisien est extrêmement cloisonné, assez vieux, et toutes les meufs sont des chanteuses. Il y a très peu d’instrumentistes et on ne te donne pas vraiment le choix. Pour eux, forcément, on ne va pas être au niveau des autres, alors « soit belle et chante ». Direct, je me suis dit : le bourbier. »

De DJ mash-up à organisatrice de soirées

Alors qu’elle n’a encore que 16 ans, elle fait la connaissance du DJ Die Klar, organisateur des soirées Darude et membre du crew Bel Air Sounds. Une rencontre déterminante, puisqu’il lui proposera plus tard de mixer à leur nouvelle soirée pop-rnb La Tchoin, dont elle depuis est devenue DJ résidente. « Ça a ouvert une petite porte », explique-t-elle. Depuis on a pu voir jouer Violet Indigo à Hôtel Radio Paris, mais aussi sous la bannière d’Écoute Meuf pour le Pitchfork et elle s’occupera cet été du warm-up de la prochaine Boiler Room à Paris, aux côtés d’artistes de renom comme DJ Stingray 313, Helena Hauff ou encore LSDXOXO. Mais depuis sa première date à la Tchoin, sa décision est prise : « Je veux être une meuf qui mixe du hip-hop » affirme-t-elle, mais pas que puisque « le hip-hop c’est déjà de la musique électronique en soi, et des trucs comme la jungle, la drum and bass, la house, ça se rejoint directement. J’aime bien mixer de tout, j’adore faire des mash-up. » De tout, sauf de la techno visiblement : « Moi j’étais la meuf qui se faisait chier en soirée techno. » 

« En tant que personne de la génération Z, on vient de plein de genres musicaux différents, entre ta famille, tes potes, tes connaissances… Et il y a des soirées avec un seul genre de musique, alors qu’on peut comprendre plein de choses. » C’est avec ce constat que Violet Indigo et son amie Kali Kalité ont crée des nouvelles soirées batardes2garde aka B2G, un projet dédié à la communauté queer et aux personnes racisées, mettant en valeur les styles musicaux les moins répendus dans la capitale : club music, jungle, dancehall, reggaeton… avec pour volonté d’hybrider les genres et d’éduquer le public à ces sons. Les soirées se veulent être safe reprenant les mêmes actions que la Darude et la Tchoin : « On a mis en place des référent·es, dont nous, signalé·es par un brassard coloré en cas d’agression, overdose ou autre problèmes. » Leur devise : « Ne pas trop se prendre au sérieux. Tant qu’on a notre code couleur, nos icônes et nos chiens, ça parle aux gens. »

Pantone de RnB amoureux

Violet Indigo dévoile à présent son tout premier EP Last Call, avec 3 titres aux accents RnB sur des productions rap qu’elle a composé et écrit entre ses 16 et 19 ans, révélant une première facette de son univers musical riche en couleurs. Elle nous explique : « J’ai envie d’arriver à un certain projet mature, avec plein de facettes différentes justement, mais pour le moment je vais continuer d’explorer ce domaine RnB, parce que c’est vraiment ce qui m’est cher. » Influencée par J Dilla, D’Angelo, Erykah Badu, mais également des artistes plus modernes comme Doja Cat ou Amaarae, Violet Indigo chante en anglais ses secousses émotionnelles, « des petites déceptions » qui « résument ces 4 années de passion adolescente ».
Droite dans ses bottes à plateformes, la jeune artiste ne se laisse pas duper par les maisons de disque : « Je suis très méfiante, car souvent iels veulent mon argent ou mon image » et décide de faire confiance à un jeune label, 7.83 Hertz, pour sortir son maxi « je sens que je suis un peu comme à la maison, je n’avais rien à perdre. »

Toutefois, malgré son air confiant et son entrain débordant, l’artiste confie rencontrer quelques moments difficiles dès ses débuts : « ça a été super dur et j’ai eu beaucoup de moments où ça n’allait pas, les gens me prennent pas au sérieux parce que je n’ai pas de renommé. », mais elle ne se laisse finalement pas abattre, puisque, déterminée à poursuivre ce nouveau projet, elle déclare : « C’est que le début. C’est que le bouillonnement et en même temps il faut donner l’impression de savoir faire ce que tu fais. Et je sais exactement ce que je veux ». Elle conclut fièrement « Be Ready, Stay Ready ».

Image à la une : Violet Indigo par @elliana_wise

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