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Une nuit avec Catastrophe

Une nuit avec Catastrophe

La nuit est encore jeune

Collectif inclassable et imprévisible s’il en est, Catastrophe vient de nous faire parvenir des lointaines ténèbres étoilées son premier album, La nuit est encore Jeune.

Ce disque raconte une traversée nocturne. Un morceau pour chaque heure de la nuit, de dix heures du soir à dix heures du matin. À 22h, nous ne comprenions plus rien. À minuit, j’ai dit adieu à l’enfance. À 5h, tu te mettais tout nu. À 6h, un souffle a été retenu au-dessus du vide. À 10h on était quelqu’un d’autre.

Ce groupe artistique habité par l’idée que « tout pourrait être autrement » nous offre ici un objet hybride et atypique, fusion de genres et d’époques, entre poésie et musique, art et réflexion, assimilation d’un vaste héritage et volonté profonde de créer de l’inédit. Après un possible moment d’appréhension, inévitable devant toute œuvre véritablement audacieuse, on se laisse lentement happer par les basses enveloppantes et les harmonisations complexes des morceaux, qui se succèdent comme autant de danses lunaires.

Le son se veut éminemment organique, et l’écriture musicale reprend tout son sens, dans une époque où les ordinateurs et la synthèse règnent aujourd’hui en maîtres, formatant trop souvent le travail des compositeurs peu alertes. Jonglant entre révérences aux pages glorieuses de la pop, de la chanson, du rock progressif ou encore du psychédélisme, Catastrophe tire les fils de son instrumentarium riche de timbres et de nuances avec talent et panache. Les voix mixtes, tantôt rappées, tantôt parlées, tantôt lyriques, mais toujours hypnotisantes, flottent élégamment entre le conte, le manifeste et le rêve. Les textes multilingues, percutants d’images et d’évocations, viennent eux éveiller la pensée au-delà des sens. Divinement onirique, la musique de Catastrophe nous ensorcelle doucement à travers la nuit vers des lendemains qui restent à écrire.

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