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Avec Flavourite CÂLÂ, Sônge s’impose en reine de nos rêves

Avec Flavourite CÂLÂ, Sônge s’impose en reine de nos rêves

Sônge © Goledzinowski

Talent dont on attendait l’explosion depuis longtemps, la jeune artiste signe un premier album captivant. Avec Flavourite CÂLÂ, Sônge nous donne toutes les clés pour s’évader avec elle vers un ailleurs rêvé.

On l’attendait avec impatience, les premiers extraits nous promettaient un voyage exceptionnel. Et Flavourite CÂLÂ nous a bien entraîné.e.s dans un tourbillon de sons, de mots, de sensations et de couleurs. Comme un journal de bord ou un cabinet de curiosité, les titres rassemblés représentent les couleurs préférées de l’artiste. Fidèle à son approche très picturale de son travail, Sônge a collaboré avec l’artiste 4ur3lia, pour illustrer chaque titre de l’album dans une esthétique naïve comme l’oeuvre d’un Douanier Rousseau pop. Les beaux voyages du bout du monde et les rencontres évidentes – avec Killason, Pauli Love Joy, Ash Kidd – ont façonné cet album et affirment la force d’un univers singulier, plein de références mystiques. Les chansons sont comme des contes modernes, plein de sagesse, mis en musique à chaque fois avec un équilibre subtil entre base RnB et électro. Si parfois la mélancolie s’invite dans ses chansons, elle se fait contemplative, jamais vraiment triste.

Avec cet album, Sônge nous montre toute l’étendue de son royaume imaginaire et affirme en douceur son grand talent de compositrice et songwriter. 

Manifesto XXI : L’album mélange des histoires très fortes, comme la légende du Soukounian. Est-ce que ce sont des histoires que tu portes avec toi depuis longtemps  ?

Sônge : C’est un mélange, il y a beaucoup de choses que j’ai découvertes tôt mais aussi plus récemment. J’ai grandi en Bretagne où la magie est omniprésente. On te raconte des histoires de korrigans qui vivent dans des forêts, près de la mer, il y a des druides… C’était assez fort et petite j’étais à fond dans la sorcellerie. Ça me passionnait, et j’avais plein de grimoires avec des potions, des formules.

Ensuite, “Crépuscule des dieux” je l’ai découvert en fac de musicologie. J’avais une classe de romantisme, où j’ai découvert le romantisme tardif et Wagner. Et là… Grosse découverte, pas tant dans la musique que dans l’histoire. Il a mélangé toute la mythologie scandinave et des éléments de contexte allemand, comme des poèmes médiévaux. Il a mélangé toutes ces histoires et il en a fait un conte, l’anneau du Nibelung. Une histoire qui fait le lien avec les inspirations de Tolkien pour le Seigneur des Anneaux d’ailleurs. J’ai l’impression que dans chaque culture il y a une version différente de l’anneau de pouvoir.

Ensuite c’est un ami qui m’a raconté l’histoire du “Soukounian”, l’esprit terrible de Guadeloupe. “Magic Hairdo” parle aussi de magie, de l’invisible, de l’inexplicable, l’innommable.


Il y a une grande maturité et philosophie dans tes textes, par exemple dans les paroles de “Soukounian” tu écris : « Rien n’est essentiel ». Tu penses que ça te vient d’où ?

Mes parents s’intéressent beaucoup à la recherche du bonheur, de soi. Ils se sont aussi intéressés à la philosophie, l’histoire. Donc peut-être que ça vient de là. Et puis la nuit quand je ne dors pas je réfléchis. (rires) C’est juste la vie comme elle vient, les voyages que j’ai fait, les gens que j’ai croisés, ce à quoi ça m’a fait réfléchir, ce qui m’a fait douter.

L’album est fantaisiste, je suis fantaisiste mais je sais où j’habite. Ce n’est pas juste un truc de rêveur, c’est ancré.

Tu sembles dégager une sorte de « force tranquille », et d’un autre côté tes textes laissent entrevoir différents visages de Sônge. Est-ce que tu te vois comme des identités multiples ?

C’est sûr que j’ai plusieurs personnalités, comme tout le monde je m’adapte avec qui je suis. Je pense que j’ai une grosse contradiction parce que je suis plutôt timide mais je vais quand même sur scène. Dans la vie je ne suis pas trop habituée à prendre la parole, faire du bruit et pourtant j’ai choisi ce métier-là. C’est comme si j’avais deux personnalités, dans les groupes je suis timide mais sur scène, dès je sais que j’ai le micro, personne ne va me couper la parole. A partir du moment où j’ai le volume, c’est parti, c’est instoppable. Même si c’est très mégalo de dire ça ! (rires)

Est-ce que ton métissage fait aussi partie de ces identités ?

Je ne dirais pas que mes identités multiples viennent de mon métissage, parce que je suis née à Brest. Elles viennent de mes voyages plutôt. J’ai vraiment bougé un peu partout, j’ai habité en Allemagne, à Amsterdam, en Belgique ; puis il y a des escapades au Népal, en Afrique du Sud, au Brésil… Je puise plus dans mes voyages pour ma multiplicité que dans mes « racines pures ». Ce que j’aime avec les voyages c’est que tu ramènes des choses que tu n’aurais pas imaginées, et deux mois après cela ressort, tu ne sais pas trop comment. En ce moment je n’arrête pas de faire des sons « bleus cubains », pourtant ça fait un an que je suis allée à Cuba.

Dans tes précédents titres, notamment dans le clip d’ « I come from pain », on voit une inspiration beaucoup plus futuriste. Est-ce quelque chose que tu as mis de côté ?

Non c’est toujours là, très fort. Notamment sur le prochain clip, avec “Thanatonautes”. C’est ce que j’aime le plus en fait, m’inspirer du cinéma et de science fiction. Ça me parle tellement. 

Dans “One Thing” il y a d’ailleurs une référence à Major Tom.

Oui c’est celle qui est en featuring avec KillASon. C’est l’histoire de quelqu’un qui n’a pas trouvé ce qu’il cherchait sur Terre, et part. C’est un voyage, la décision de quelqu’un de partir pour explorer d’autres planètes et d’autres gens.

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Parmi tous les gens avec qui tu as collaboré sur l’album, Myd occupe une place un peu particulière. Tu avais déjà travaillé avec lui avant ?

Non c’est la première fois. En fait la première fois que je suis allée chez lui son chat a fait pipi sur la pochette de mon synthé, alors que c’est un synthé hyper cher, un Prophet-6. J’ai pris ça comme un test, j’ai senti le climat un peu hostile genre « Tu ne viens pas chez mon maître comme ça ». (rires) C’est une femelle, elle s’appelle Cosmos. Quand je suis revenue c’était bon avec le chat. Avec Myd c’était bien direct.

C’est important les animaux, il faut toujours que le chat valide. Tu aimes les animaux ?

Oui de ouf. Après souvent elle venait se poser et écouter ce qu’on faisait. Sérieusement Myd c’est un producteur extraordinaire, il a beaucoup d’idées. Il ne va pas tout changer mais rendre les prods vraiment géniales. Il comprend l’univers des gens et il rajoute sa patte, et là boum c’est parfait ! C’est génial de travailler avec lui, en plus il est hyper drôle… 

Ton nom de scène résonne singulièrement avec tout ce que tu racontes sur les légendes. Est-ce que tes rêves font partie de ta manière de créer ?

Oui, des fois je trouve des idées dans mes rêves. Il faut les écrire tout de suite. Par exemple le clip de “Roses” : en me réveillant j’ai écrit au réalisateur que j’avais le scénario ! C’est pratique de réfléchir en dormant.

/ Release Party au Badaboum jeudi 28 mars /

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