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Rencontre avec Costello

Rencontre avec Costello

Ce Vendredi 6 Mars, c’est à Saint-Brieuc, d’habitude plus réputée pour ses plages des Côtes d’Armor et ses vallées, que les amateurs de techno se sont donnés rendez-vous. C’est la deuxième fois de l’année que la scène La Passerelle organise les soirées Priz’unique, et en Octobre dernier elle avait accueilli Acid Arab, Joachim Pastor, Oniris et Julien Tine.

Pour cette seconde édition, l’organisation n’a pas lésiné sur les moyens et a su remédier aux petites imperfections que l’on avait pu remarquer la fois dernière. L’occasion pour le public local de pouvoir assister à une soirée techno de qualité sans avoir à faire 100km .

La programmation n’avait rien à envier aux gros clubs de Bretagne : F.E.M. (Astropolis, Panoramas, Rex Club, Transmusicales …), the Driver aka Manu Le Malin VS Electric Rescue (Astropolis records), et Costello. Du lourd.

Le spectacle était aussi oculaire, la scène ayant été investie par les visuels du duo brestois RELIEF, bâtissant un milieu graphique et hypnotique au rythme de la musique. Le public a pu profiter de cette soirée dans les meilleures conditions, avec une salle bien remplie mais pas saturée, une organisation prévenante mais qui a su rester discrète, et un son plus puissant que lors de l’édition précédente. Encore un regret toutefois ; que la fête s’achève à 3h00, laissant les fêtards sur leur faim (mais ravis !).

Après Electric Rescue que nous avions rencontré en Février, ManifestoXXI a cette fois-ci décidé de vous présenter le bordelais Costello, dj montant de la scène française et internationale. Le public breton a déjà eu l’occasion de le découvrir le samedi soir des Transmusicales 2014, où il a joué après Boris Brejcha et the Hacker. Son nouvel EP Taurus vient tout juste de sortir sur le label berlinois Boys Noize records.

MXXI – Comment as-tu découvert la techno et t’es-tu plongé dedans ?

J’ai dû me plonger dans ce milieu quand j’avais 13-14 ans. J’habitais en région bordelaise à l’époque, et j’ai découvert cette musique qui m’a directement plu grâce à des artistes comme Laurent Garnier. J’ai acheté mes premiers vinyles à cet âge, puis je me suis mis à mixer. Très tôt, on m’a proposé de jouer dans des clubs bordelais comme le 4 sans, le Heretic club, le Iboat, le Impulse club…

MXXI – Tu t’imaginais faire carrière comme DJ quand tu étais jeune ?

Honnêtement j’y pensais très jeune, même si c’était plutôt comme un rêve. Puis après, j’ai été plongé dans ce milieu sans vraiment avoir le temps d’y réfléchir. Mais composer puis me produire devant un public est quelque chose qui m’a toujours attiré.

MXXI – Tu dis vouloir produire une musique qui fonctionne sur les dancefloors. As-tu une recette pour composer un son qui fait bouger à coup sûr ?

Bien sûr, il y a des techniques de production pour ça. Trouver un certain rythme, certains cycles répétitifs tout en introduisant des éléments différents. Mais ma meilleure recette, c’est de tester mes sons sur moi-même. Si je me met à danser tout seul en studio quand je compose, c’est qu’il n’y a aucune raison pour que ça ne fonctionne pas en club !

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MXXI – Quelques adjectifs pour qualifier ta musique…?

Je dirais puissante, pointue et profonde. J’espère que ça ne fait pas prétentieux !

MXXI – Comment choisis-tu tes noms d’EP ? Leurs noms (Taurus, Pegasus, Raiden …) ont une sonorité lointaine et mystérieuse, presque mythologique…

La plupart font référence à un univers qui me passionne, et qui influence d’une certaine manière ma musique. Depuis tout petit, je suis attiré par tout ce qui concerne l’espace, le futur, la galaxie… C’est un univers qui m’évoque quelque chose de cyclique, d’aérien, d’immense, de plus vaste que la réalité. Il est facile de faire un parallèle entre cet univers cosmique et la musique électronique.

MXXI – Que penses-tu des tentatives pour légitimer la musique techno et en faire une culture
reconnue ?

C’est une démarche tout à fait compréhensible. Mais me concernant, c’est vrai que j’aimerais qu’elle conserve son identité de contre-culture, son aspect transgressif. La reconnaissance et la popularisation pourraient lui faire perdre de son intérêt et de son charme.

MXXI – N’est-ce pas un univers trop superficiel ?

C’est vrai qu’une partie du public considère la techno comme une musique festive, et ils écoutent autre chose quand ils sont chez eux. Je sais bien que toutes les personnes dans un public ne s’intéressent pas à ma musique de la même manière. Certains viennent en club pour danser, et ne s’intéressent ni ne se souviendront de ce qu’ils ont entendu pendant la soirée. Mais cela fait partie du jeu, et c’est même un aspect que j’assume et qui me plaît. C’est toute la particularité de la musique techno.

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MXXI – Contrairement à certains qui pensent qu’en techno, tout a déjà été fait et qu’il n’y a plus rien à inventer, tu prétends qu’il existe un avant-gardisme en la matière…?

Je pense en effet que cette musique a encore beaucoup d’avenir et de choses à explorer. L’évolution des techniques de production nous permet de faire des choses qui étaient impossibles avant. Avec les logiciels d’aujourd’hui, on est en mesure de produire une musique de plus en plus pointue et méticuleuse. On a la possibilité de contrôler et de décider ce qui se passe à chaque dixième de seconde d’un morceau. Il y a des possibilités infinies, et pour ma part, c’est à l’avenir que je pense quand je compose. J’essaie d’avoir une réflexion sur la direction future à donner à cette musique.

MXXI – Que penses-tu de la transformation des DJ en stars ?

C’est quelque chose que je regrette un peu. J’aime bien le côté anonyme, rester derrière mon écran ou mes platines. Et c’est surtout que je pense que ça nuit à la musique. Il y a le risque qu’on s’intéresse plus à la personne qu’à ce qu’elle fait. Maintenant, on connait souvent les noms des djs avant même de connaître leur musique, et on est attiré par leur popularité plus que par le reste. J’essaie d’éviter le plus possible l’exposition, la communication, même si c’est quelque chose qui est devenu indispensable. Le temps que l’on passe à communiquer, à faire des interviews, c’est du temps que l’on n’utilise pas pour travailler et se perfectionner.

MXXI – Un mot pour conclure ?

Un endroit où j’aimerais jouer bientôt? A Londres. C’est un endroit qui m’attire et où je ne me suis encore jamais produit. J’espère que l’occasion va se présenter…

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Retrouvez Costello sur facebook pour suivre ses actualités.
L’EP « Taurus » en écoute sur soundcloud.

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