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Rencontre avec In Love With A Ghost

Rencontre avec In Love With A Ghost

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Manifesto XXI profite du lancement du collectif Kujira Records pour rencontrer son fondateur In Love With A Ghost et vous en apprendre plus sur le monde subversif du chill et de la vaporwave.

MXXI – Lorsque nous avions parlé de toi dans l’article « Les meilleurs producteurs sont des gros nerds », tu décrivais ta musique comme de la « flute wave » ou de la « chong step », c’est toujours le cas ? Tu peux nous expliquer en quoi cela consiste ?

En fait, je l’appelle comme ça pour le plaisir de l’association de deux mots valises. La flûte pour le côté aérien de la musique, le « chong » pour la connotation japonaise, même si ici on est pas tout à fait dans la rythmique syncopée d’une musique catégorisée « step ». Pour ce qu’il en est maintenant, c’est vrai que ma musique est en pleine évolution, j’essaye de garder certains de ces gimmicks musicaux, mais sans tomber dans le prévisible.

MXXI – Dans ce domaine, quelles sont tes principales références ? D’où te viennent-elles ?

Ma principale référence c’est soundcloud, même si j’ai quelques albums que j’écoute tout le temps, des amis toujours là pour moi. Saycet est la base de mon parcours musical, c’est celui qui m’a donné envie de me mettre à la musique. Après, j’écoute énormément de producteurs indépendants, pas forcément très connus, mais qui arrivent à dégager des choses de leur musique et qui m’inspirent ; Sloslylove, ou, plus récemment, Submerse et Slowmagic, des groupes comme Gold Panda, Apparat… Finalement j’écoute beaucoup d’ EDM, de chillwave, mais je me suis imprégné d’une culture un peu différente de la culture club que les jeunes ont l’habitude d’entendre ou de produire actuellement.

Beaucoup des « bedroom producers », comme on dit, font une musique tournée vers le club, mais moi je me suis tourné vers un domaine dans lequel peu de gens se dirigent, parce que ce n’est pas celui que l’on recherche pour aller en boite. Ce n’est pas le domaine de la facilité.

MXXI – L’EP 2 titres intitulé Feels est joué quasi exclusivement au piano, c’est important pour toi cette touche « classique » ?

Ca me permet de me rapporter aux bases de la musique, lorsqu’on n’avait pas d’ordinateur, pas de sons synthétiques. Moi ce qui m’a fait marrer, c’est que du coup, je l’ai composé entièrement au piano, mais au final tous les instruments sont des VST générés virtuellement, le côté électronique, même si on ne l’entend pas, est toujours très présent. Cette association entre instrumental et électronique me plaisait. Par ailleurs, j’ai toujours écouté beaucoup de classique et j’avais envie de produire un EP qui changeait un petit peu, d’être là où on ne m’attendait pas. Paradoxalement dans cet EP il y a un des titres qui a rencontré le plus de succès sur soundcloud.

MXXI – On doit s’attendre prochainement à de nouvelles sorties sous le nom In Love With A Ghost ?

Un EP est en cours, oui. De toute façon je produis tout le temps, mais là c’est différent, j’essaye de rassembler mes idées sous un concept particulier, vous en saurez plus dans quelques temps…

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MXXI – Tu viens de lancer le collectif Kujira avec plusieurs autres artistes (dont Airsouth qui a joué lors de notre soirée de rentrée), est-ce que tu peux nous en parler un peu ? Quels sont vos prochains projets ?

L’idée du collectif ça fait à peu près un an que je l’ai en tête et j’ai enfin décidé de la concrétiser. Au début j’étais un peu réticent à l’idée de monter ça parce que je voulais me former d’abord moi en tant qu’artiste, mais je me suis rendu compte que c’était vraiment plus ce que je recherchais. J’ai commencé à contacter les artistes qui m’intéressaient pour ce projet. L’idée c’est encore une fois d’apporter une touche autre que le club à la musique électronique, quelque chose de plus chill. Pour le moment on est 8 dans le collectif, mais je pense que ça va continuer un peu à monter parce qu’il y a plein de gens que j’écoute qui pourraient peut-être être intéressés.

Ensuite, au niveau des projets, on va commencer simplement par la musique, se supporter entre nous, travailler ensemble et faire des sorties sur le label. Ensuite, on pourra commencer à organiser des événements, soit sur Paris, sur Rennes, ou ailleurs, selon nos disponibilités et des occasions. On verra bien, c’est encore en formation.

MXXI – Votre première sortie sur le label est l’EP « Glad to be sad » de DJ Valium, catégorisé « vaporwave ». Après avoir erré pas mal sur le net entre le « sea punk » et la « witch house » on a lu sur un blog que « la vaporwave serait une forme d’accélerationnisme », une critique de la société capitaliste qui pousse au bout la superficialité de la musique commerciale et des screenshots de windows 95 pour « assister à la destruction du système ». Tu y crois toi, au potentiel de subversion de la vaporwave ?

Je pense que c’est encore plus profond que ça. En fait, c’est tellement profond que ça en devient presque inexplicable. Je pense qu’il n’y a pas de mots pour décrire la vaporwave, si ce n’est que cela cristallise le non-conventionnel et l’émotion. Finalement, même s’il y a peu de structure là dedans et que les sons ont tendance à partir en vrille, le côté violent est dans l’émotion. C’est vrai que n’importe qui ne peut pas l’écouter sans se dire « mais qu’est ce que c’est que ce bordel ?! », quand j’ai écouté l’EP de Yung Valium, ça m’a claqué dans la gueule.

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MXXI – Que ce soit dans les noms de vos titres, ou évidemment votre musique c’est vrai que les sentiments et l’amour sont omniprésents. Kujira c’est un Sadboys crew à la française ? La synthèse du monde fou de la musique sur internet ?

Alors c’est vrai qu’en interne ça a un peu tendance à partir comme ça, c’est l’une de nos références communes. Par contre, je n’ai pas envie de partir dans cette direction là, j’ai vraiment envie de faire quelque chose de nouveau, mais pas forcément dans le non-conventionnel. Même s’il y aura toujours ce côté « Internet » dans notre esprit, on ne recherche pas quelque chose d’aussi poussé que les Sadboys.

MXXI – Tu appartiens aux rares personnes qui utilisent les réseaux sociaux, je dirais… à leur potentiel d’utilisation maximum. Qu’est ce que cela apporte pour la musique ?

Ahah, vous ne m’avez pas connu il y a deux ans sur Twitter si pour vous c’est maintenant le maximum ! Il y a deux ans, c’était très particulier… C’était pire. Les réseaux sociaux m’ont apporté cet espèce d’esprit de la « non limite ». Sur Internet, les gens vont au bout de leur pensée et de leur création, l’anonymat leur fait oublier les limites. On appelle 4Chan la poubelle de l’Internet, mais c’est un bon exemple, je pense que ça reflète l’esprit des gens, ce qu’ils pensent et ce qu’ils disent derrière l’anonymat. J’ai beaucoup trainé sur 4Chan, Tumblr, Twitter… Par pur esprit de contradiction, faire des choses souvent dénuées de sens m’a beaucoup amusé, mais dans un sens ça m’a aussi surement ouvert des pistes musicales. Je ne sais pas si c’est ma personnalité ou cette influence qui m’a conduit vers le chill, une musique que j’aime beaucoup. C’est presque égoïste, mais c’est une musique que je fais pour moi et pas pour les autres.

MXXI – Enfin, pour terminer, je crois que ton nom, In Love With a Ghost, est issu de la fin de la saison 2 de Doctor Who, pourtant, vestimentairement parlant, tu serais plutôt dans la saison 5, non ? Alors, David Tennant ou Matt Smith ?

Alors ça c’est un dilemme… Je n’ai pas vraiment de préférence pour l’un ou pour l’autre, en fait, ils sont tous aussi fantastiques les uns que les autres. Comme j’ai découvert Doctor Who avec Matt Smith, on va dire Matt Smith, même si je porte un amour fou à David Tennant.

En attendant leurs prochaines sorties, tu peux retrouver Kujira et In Love With A Ghost sur leur profils facebook respectifs, mais aussi bientôt en live à Rennes avec Decilab pour la Bazar #4.

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