A l’heure où la toile est inondée de DJ sets en livestream impecables, un australien nous régale avec ses videos home-made depuis plusieurs mois déjà : Partiboi69. Un artiste pour qui le plus important est avant tout de rire et de s’amuser. Un OVNI venu d’une dimension parallèle du son, exactement à l’opposé d’une approche (sur) intellectualisée et snob de la musique électronique.
Qui d’entre vous est déjà réellement resté devant une vidéo de Boiler Room dans son intégralité ? Très peu, sans doute. On lance ces vidéos pour reproduire une ambiance de club chez soi, sans réellement profiter de l’expérience virtuelle. Allez donc faire un tour sur la chaîne Youtube de PartiBoi69. Avec des DJ sets sur fond vert en direct depuis ce qu’il appelle « la Stingzone », on y assiste à une avalanche de couleurs qui rendrait daltonien le directeur artistique de Desigual.
Dans cet univers absurde, on retrouve des morceaux de dance, de techno, de rap « vintage » sélectionnés avec soin. Personnage loufoque en vidéo comme en interview, on a posé cette grande question à Partiboi69 : Peut-on vraiment être amusant et faire de la musique de qualité ? Ou plutôt, « Why so serious ? » l’électronique mondiale ?
Manifesto XXI – Dans ta biographie Resident Advisor, tu te revendiques comme un pirate international du style. Ça n’a jamais effrayé les clubs ou les bookers ?
Partiboi69 : Ouais si, ça a pas mal fait peur à beaucoup de soirées avant. J’ai loué mes services de pirate pour des anniversaires d’enfants, des baptêmes, des exorcismes ou encore des mariages. J’exerçais sous le nom de Pirateboi69. Si tu avais besoin d’un pirate, j’étais celui qu’il fallait. Si tu bookais le deluxe pirate package, tu pouvais avoir le peg boi pirate fright, qui consistait à me faufiler dans la salle et effrayer un invité de ton choix… Terrifiant.
On peut aussi y lire que Partiboi69 est une énigme de l’underground australien. Tout le monde connait Flume ou Chet Faker, mais la scène indépendante de cette île-continent reste largement méconnue du public international. A quoi ressemble-t-elle ? Est-elle particulièrement localisée ? Melbourne, Sydney, Perth ?
L’underground australien. Une énigme à elle toute seule. Aussi vaste qu’expansive.
La légende raconte qu’il n’existe que dans les ruelles sombres de Melbourne. Et certains disent qu’il n’y existe pas là-bas. Un mystère vieux comme le monde, un conte qui pourrait être récité par une vielle personne. De ma propre expérience, je l’ai déjà vu, dans un trip sous ketamine. Il y avait des lumières, mais seulement des rouges atténuées. Les DJs jouaient dans des pièces sympas, les martinis étaient hors de prix et les enfants riches habillés comme des pauvres… Je pense que c’était à Adélaïde.
Il y a encore beaucoup d’inconnu, mais une chose est sûre : Il y a de la sacré bonne musique qui vient d’Australie, et également de grands DJs et producteurs. Je suis fier de faire partie de cette équipe qui rayonne à l’international actuellement.
Mon expérience est dans le divertissement en direct, donc j’apporte beaucoup plus à mes spectacles que juste du DJing. Parfois, c’est ridicule mais c’est toujours amusant.
Partiboi69
Selon moi, tu représentes tout ce qu’il y a d’absurde dans la musique électronique, mais avec des morceaux très bien produits. C’est ta façon de contester la façon sérieuse dont est abordée ce genre musical depuis toujours ?
Je fais ce que je fais pour aucune autre raison que de divertir les gens et de les faire transpirer. De les faire sourire. Je suis d’accord que certaines facettes de la scène underground sont devenues très sérieuses et peuvent même sembler inaccessibles pour certaines personnes. Surtout pour les gens qui sont simplement intéressés à sortir et à passer un bon moment, peu importe qui joue. Tout le monde n’est pas forcément amateur de techno. Et c’est ce que je retrouve dans les commentaires de beaucoup de mes émissions de toute façon. Mon expérience est dans le divertissement en direct, donc j’apporte beaucoup plus à mes spectacles que juste du DJing. Ce n’est pas pour tout le monde. Parfois, c’est ridicule mais c’est toujours amusant.
Du coup, la musique électronique doit être prise comme un grande comédie ?
Rien ne doit être pris trop sérieusement. Si vous ne trouvez pas d’amusement dans quoi que ce soit, c’est quoi votre putain de problème ? Après je peux être très sérieux quand il ne s’agit pas de musique. Notamment à propos des extra-terrestres et de ce que les gouvernements nous cachent.
Dans certains de tes morceaux comme « Gender Neutrality » ou « Get Stingy », on retrouve des inspirations dans le hip-hop classique de New-York, comme Notorious BIG. L’idée de faire des productions pour des rappeurs te trotte-t-elle dans la tête ?
Ce n’est pas quelque chose auquel j’ai beaucoup pensé, mais ce n’est pas non plus quelque chose que je ne ferais pas. Je suis toujours à la recherche de nouvelles opportunités de « réseautage » dans différents secteurs musicaux.
C’était une époque dorée. Je suis certainement fasciné par la technologie et les logiciels des années 90.
Partiboi 69
Parlons de ta chaîne Youtube. Tu te filmes toujours en train de mixer avec une ambiance très Eurodance des années 1990. Considères-tu ce nouveau format comme une alternative des vidéos de DJ sets comme le font Boiler Room ou encore Mixmag ?
Super, j’attendais qu’on parle de ma chaîne Youtube ! Tout d’abord, je souhaiterais informer vos lectrices et vos lecteurs que je viens de lancer une nouvelle plateforme. Ça s’appelle UteTube. Ça ressemble à Youtube ou Vevo, sauf que UteTube est différent car je n’y mets que des vidéos de Utes (qui est l’argot australien pour parler de pick ups, ndlr). Donc à tous les amateurs de Utes, n’hésitez pas à y faire un tour. Je ne connais pas beaucoup Mixroom ou Boiler Mag, mais je suis convaincu que UteTube a beaucoup plus à offrir aux fans de Ute. (rires)
Mais si on revient à mes Lives From The STINGZONE tournés sur fond vert, je ne les considère pas comme une alternative aux autres DJ sets en live sur Internet. C’est juste une approche différente d’un concept déjà existant. Tout le monde n’est pas booké sur ces plateformes connues de streaming. Il faut donc alors être créatif et monter sa propre plateforme. J’ai juste fait ça, et j’ai de la chance : les gens ont l’air contents et aiment bien.
Cette période des années 1990, elle te fascine ?
Je suis fasciné par beaucoup de choses, y compris la décennie dans laquelle je suis né. Ce fut un beau moment. La musique, la mode, les raves… C’était une époque dorée. Je suis certainement fasciné par la technologie et les logiciels des années 90. Particulièrement des instruments de musique et du matériel de tournage de l’époque.
Doit-on s’attendre un de ces jours à un album de Partiboi69 ?
Bien sûr! Attendez-vous à de grandes choses de Unprotected Records en 2020. Beaucoup de nouvelles musiques de moi-même ainsi que des sorties de nouveaux membres de la famille Unprotected Records. Beaucoup de nouvelles choses visuellement agréables venant également de Stingboi Productions à l’avenir. Soyez à l’affût.
Cette interview a été réalisée grâce au Macki Festival auquel Partiboi69 aurait dû jouer. Suite à la crise du Covid-19, l’édition 2020 a été annulée. Afin de les soutenir pour l’organisation du festival l’année prochaine, vous pouvez adresser vos dons ici.