Less is moor : Zebra Katz et la glorification du soi

https://soundcloud.com/zebrakatz/sets/less-is-moor-mst/s-zFqir

Plusieurs mois qu’on nous prépare à ce ravissement qu’est la release du nouvel, et surtout, premier album de Zebra « fucking » Katz : Less is moor. 15 nouveaux titres accompagnent maintenant « In In In » et « Upp ». Ils rendent hommage à l’euphorie qui imprègne les clubs, espaces de rencontres furtives… Impossible de l’apprécier in situ pendant cette période de confinement, mais cet album vous permettra de travailler subtilement votre déhanché chez vous, en attendant des jours meilleurs.

Depuis « Ima read » en 2012, Zebra Katz prouve qu’il est une figure de lutte contre les forces oppressantes. Adoubé internationalement par les milieux queers et habitué des sonorités Ballroom, il est le porte-parole idéal de la communauté LGBTQ afro-américaine aux côtés de Mykki Blanco et Yves Tumor.

Ce nouvel album nous a captivés par son intensité tout en ascendance, et son éclectisme sonore. Tout commence par une intense entrée en matière avec « Intro to less », où les glitchs s’intensifient au-dessus d’archives saturées d’informations télévisées : un son relevant de l’urgence, de la destruction, qui nous laisse présager la fureur de tout ce qui va suivre. Ces sirènes saccadées sont aussi présentes dans la production signée Sega Bodega de « Ish ». Zebra Katz y scande « First thing, own it / I’m the shit, you the piss » car c’est vrai, c’est lui le maître de la ballroom et on a bien compris qu’il est surtout là pour nous faire danser (« keep the dancefloor jumping and that ass bump-bumping ») tout en restant militant et politique. Dans le clip de ce titre, sa performance bascule de la beauté à l’angoisse causée par le regard du public.

Faut-il y voir une critique des appropriations de la culture queer par les médias ou la mode ? Dans tous les cas, Zebra Katz ne baisse pas les bras et se livre corps et âme (torrides) à son œuvre.

La danse et la libération trouvée entre les murs d’un club sont donc l’épicentre de son album. Dans « Upp » co-produit par Torus et Br83the, les murmures dans le micro nous racontent la parade amoureuse. La curiosité de l’autre est là mais nous comprenons à travers cet album l’importance qu’accorde Zebra Katz au selflove et la glorification du soi. C’est un ego trip calculé qui fait du bien et qui s’éloigne de la fausse modestie susurrée en boucle sur nos radios. On le retrouve également dans « No 1 else », dépourvu de paroles hormis d’un fameux « Zebra fucking Katz » qui ne nous quitte plus dès la première écoute. Cette métaphore musicale pourrait bien expliquer la personnalité explosive de l’artiste. L’hypothèse est confirmée avec « Been known » dans lequel Zebra Katz se représente en bandit autosuffisant qui a du répondant à qui ose se mettre sur son chemin.

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Le lyricisme impérieux et assuré de l’artiste est rendu plus poignant par le choix de genres musicaux tous plus puissants les uns que les autres : drum & bass, indus, hip-hop et Miami-bass ou encore baile-funk. Zebra Katz fait le choix de recourir à des genres liés socialement à la danse et à la nuit. Less is moor est donc fait pour cet autre type d’introspection, celle qui se fait à travers le corps en fête, et non par la méditation solo.


Image à la une : © Frederic Aranda

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