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Lothar, nouveau chantier d’expérimentation musicale. Rencontre

Lothar, nouveau chantier d’expérimentation musicale. Rencontre

lothar

Lothar ce sont des histoires de civilisations et de peuples perdus et à venir, une tempête expérimentale dont on ignore tout, hormis le fait qu’elle est provoquée par Benoît, chanteur de Grand Blanc et Nathan, ingé son de Grand Blanc, Pépite et Bagarre. Prometteur. 

On était ravis de constater qu’il existait encore des lieux où on avait à ce point le goût de la tempête.

Pouvez-vous nous expliquer d’où vient le projet Lothar ? 

Lothar est né dans les trous de nos emplois du temps il y a déjà 4/5 ans. On avait tous les deux des bouts de musique dont on ne savait pas quoi faire, des guitares un peu inspirées de blues africain et des beats un peu techno, un peu indus. On a décidé de mettre tout ça ensemble de manière très arbitraire. On a acheté une palette de Grafenwalder, on s’est mis devant un ordi et on a enregistré plein de parties de guitare qu’on a maltraité et habillé de synthé, basse et de gros kicks.

On sent beaucoup d’expérimentation dans ce projet. Est-ce que c’était une sorte d’exutoire créatif ?

Oui bien sûr. Il y a immédiatement eu un aspect très ludique dans notre manière de travailler.

Dès les premières sessions on avait un imaginaire très fort et foisonnant, ça nous a permis de nous projeter dans un vrai projet de groupe au-delà de nos sessions d’expérimentation entre amis.

On écoutait des chansons d’Areski Belkacem, avec leur mélange évident de la vie urbaine à Paris et d’une culture séfarade ancienne. On s’est intéressé à Eli Yakoub, un folkeux français qui a décidé dans les années 70 de respecter à la lettre le credo folkloriste de Pete Seger, en arrêtant de faire du sous Bob Dylan comme à peu près tout ses contemporains, mais en recherchant en France, dans les répertoires populaires, de quoi créer un vrai folk, ancré dans de vrais héritages musicaux. Avec tout ça, plus toute la trap, tout le post-punk qu’on écoutait au quotidien, ça a donné Lothar.

Quelles histoires raconte Lothar ? 

Au début on n’avait pas prévu de chanter dans Lothar, c’était avant tout un défouloir instrumental. Au fur et à mesure, en comprenant mieux ce qu’on était en train de faire, on a vu que le chant pouvait compléter notre envie de départ. Tout l’imaginaire de la musique qu’on avait composé avait un champ lexical et un ancrage géographique et philosophique. En fait on a eu qu’à écrire les histoires que supposait déjà notre musique. On a vite capté que Lothar parlait de nous.

On a tous les deux des histoires personnelles et familiales liées à tous les bouleversements de ces deux derniers siècles. L’héritage de cette histoire est très confus, ce sont des souvenirs sans nostalgie qui ne nous racontent pas grand chose sinon des terres, des déplacements, des lignées.

Lothar raconte nos vies modernes qu’on mène avec le sentiment qu’il y a eu des choses avant nous et qu’il y en aura après, que l’Histoire ne s’est pas arrêtée, que le monde n’est pas devenu un village. Par exemple « Qraqeb » parle d’une fugue adolescente en voiture, mais aussi du sentiment un peu sacré qu’il y a à traverser l’espace sur de longues distances.

En fait on veut raconter des contes dans Lothar, avec leur intemporalité et leur pertinence.

En images, comment décrire Lothar ? Qui fait vos visuels, clips ? 

On s’est définis du mieux qu’on pouvait en créant notre langage musical et verbal, pour l’image on agit plus au gré des rencontres.

On veut voir ce que les gens comprennent de notre musique sans leur expliquer. On est vraiment contents du travail de notre ami Yoann Houlbert sur ce premier Ep.

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Il y a cette espèce de tour, comme un temple, qui flotte sur un fond noir. On ne peut pas trop la dater, ni la placer dans un pays ou dans une civilisation, mais c’est fait de façon hyper moderne. C’est du graphisme mystique, de la miniature vectorielle. Il avait commencé à travailler sur ce visuel avant même d’avoir la musique, en se basant seulement sur une conversation et pourtant il est tombé pile au bon endroit.

Pour le teaser c’est un autre ami qui nous a aidé, Raphaël Motte-Sotero. On a passé une journée ensemble sans idée précise de ce qu’on allait filmer, et finalement en levant le nez dans notre quartier on a trouvé plein de bizarreries architecturales et ça nous a parlé directement. On a mélangé ça avec un plan de nous en train de régler nos comptes au shi-fu-mi. C’était encore très spontané, et on est très content du résultat.

Lothar est le nom d’une tempête. Qu’est-ce qui vous fascine dans la violence climatique ? 

Effectivement Lothar est le nom de la première tempête de 1999. C’est aussi l’ancien nom d’un empire et d’un empereur, et le nom d’un aviateur célèbre. De toutes les occurrences, c’est la tempête qu’on préfère.

Lothar existait depuis quelques temps déjà quand on est partis en voyage en Corse. On était à la terrasse d’un café en train de jouer aux cartes et on avait soif alors on a commandé une bouteille de vin. ohio fake ids On nous a servi un petit rosé bien foncé du coin qui nous a plutôt surpris au palais. On s’est dit qu’il rigolait pas donc comme tout mauvais amateur de vin on regardé l’étiquette et on a pas été déçu. Le vin s’appelait le Libecciu avec en sous-titre : « Toute la violence du plus fort des vents corses ».

On s’est dit qu’il fallait être corse pour vendre un rosé de terrasse comme un truc ultra violent. On était ravis de constater qu’il existait encore des lieux où on avait à ce point le goût de la tempête.

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