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FLR : la mode comme un printemps

FLR : la mode comme un printemps

« J’imagine un vêtement pour qu’il embellisse le corps, quel qu’il soit, peu importe le sexe. J’ai envie que le vêtement révèle la personnalité de celles et ceux qui le portent. » Pour sa jeune marque FLR, Flore de Sermet imagine des collections comme elle peindrait une toile, alliant l’exigence et l’artisanat de la haute couture, et l’audace de la jeune création. 

Chez FLR, l’originalité prime sur le regard de l’autre. On ne juge pas, on ne dit pas. On préfère suggérer. Chaque printemps, cette jeune marque nous dévoile une nouvelle collection, comme « Primavera » et « Déjeuner sur l’herbe », exposant des formes libres sur des corps où le genre n’a pas son mot à dire. Des pièces uniques, de l’upcycling, et la célébration des corps : Flore de Sermet nous confie ses engagements.

Photo © Valentin Fabre / Modèle Alejandra Perez / Hair & Make Up Axelle Jérina / Boucles d’oreille Chez Snowbunny / Vêtements FLR

Manifesto XXI – D’où viens-tu ? Raconte-nous ton histoire. 

FLR : Je viens d’Agen, une ville du sud-ouest de la France. J’ai commencé à faire mes marques dans un atelier de haute couture à Bordeaux quand j’avais 15 ans, et tous les étés jusqu’à mes 19 ans. C’est ce qui m’a donné l’envie de commencer une école de mode à Bordeaux (l’ESMOD), que j’ai continué et dont j’ai été diplômée à Berlin. Ça m’a permis de faire un stage chez Namilia, une marque berlinoise super cool et délurée, ainsi que chez Balenciaga à Paris. Suite à quoi j’ai été modéliste au Maroc pour le designer marocain Amine Bendriouich, pendant quelques mois, le temps de produire une collection. Je suis rentrée à Bordeaux travailler dans le même atelier de haute couture et j’ai enfin déménagé à Bruxelles l’an dernier pour me concentrer sur ma marque et produire ma deuxième collection, « Déjeuner sur l’herbe ».

J’adore recréer dans mes collections ce que j’ai ressenti en voyant un tableau.

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Comment t’es venue l’envie de créer tes propres vêtements ? 

J’ai toujours aimé m’habiller, mais je pense que c’est d’avoir débuté dans un atelier de haute couture et d’avoir été en contact avec de si beaux tissus et une si belle approche du vêtement. Depuis que je suis petite, je voulais faire les Beaux-Arts. Je n’ai pas été acceptée, du coup je me suis dit : pourquoi pas la mode, on peut tout aussi bien y mêler la peinture, la photo

Tu t’inspires beaucoup de la peinture, d’où te vient le goût pour cet art ? 

J’ai toujours aimé la peinture, peindre… Je suis allée dans des musées assez tôt et ça m’a toujours impressionnée, inspirée. J’adore recréer dans mes collections ce que j’ai ressenti en voyant un tableau.

Photo © Baptiste Ollivier / Modèle Thi Baudelaire / Hair & Make Up Elléa Cartier / Chaussures Estelle Dalgalarrondo / Décors Montaine Bouteillon, Victor Condou, Gaétan Fortin, Adrien Vivière / Vêtements FLR

Tu sors une collection à chaque printemps, et l’imaginaire de cette saison est très présent dans ton univers. Pourquoi cette fascination ? 

Je dirais que ma première fascination vient du tableau La Primavera de Botticelli. J’ai basé toute ma première collection autour de cette œuvre que j’ai vue quand j’étais petite, et je me souviens encore du sentiment que j’ai ressenti en le voyant. Devant le tableau, ma mère m’a dit que la déesse du printemps s’appelait Flore, ça m’a beaucoup marquée. Puis le printemps est surtout la plus belle des saisons, tout revient à la vie après l’hiver, les fleurs, le beau temps…

Le printemps d’aujourd’hui est très spécial, je pense et j’espère qu’on va vivre une grande renaissance. La vie s’est arrêtée depuis deux mois, tout va s’être régénéré. Le monde de la mode va changer, et j’espère que la société de surconsommation aussi. Que les gens vont prendre conscience de ce dont on a vraiment besoin, et ne plus vivre dans l’excès.

Je préfère privilégier la qualité à la quantité, c’est une des premières choses que j’ai apprises quand j’ai commencé à travailler dans l’atelier de haute couture.

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Tu ne fais que des pièces uniques, pourquoi est-ce important pour toi ? 

Quand je crée une pièce, je mets tout mon cœur dedans. Je l’imagine comme un personnage avec son propre univers. Une fois qu’elle est terminée, j’ai envie de passer à autre chose. Et je trouve cool que si une personne achète une de mes pièces, elle sera la seule à la porter. Je préfère privilégier la qualité à la quantité, c’est une des premières choses que j’ai apprises quand j’ai commencé à travailler dans l’atelier de haute couture. Et c’est resté.

Photo © Baptiste Ollivier / Modèle Thi Baudelaire / Hair & Make Up Elléa Cartier / Chaussures Estelle Dalgalarrondo / Décors Montaine Bouteillon, Victor Condou, Gaétan Fortin, Adrien Vivière / Vêtements FLR

L’écologie et l’upcycling ont l’air d’être au centre de ton processus de création, peux-tu nous en parler ?

J’adore récupérer des vêtements de seconde main pour les mélanger à de nouveaux matériaux, pour des raisons esthétiques ainsi qu’éthiques. J’ai toujours aimé travailler le denim, que je trouve plus intéressant quand il provient de pièces déjà existantes (jeans, jupes…). En les décousant, tu obtiens plein de nuances de bleu, ce qui donne plus de vie à mes pièces et permet d’économiser un maximum de matière. Je travaillais dans une friperie à Bruxelles, ce qui m’a permis de trouver plein de pièces cool pour les retravailler.

Si j’achète des tissus neufs, comme de la soie, je les achète dans des boutiques locales que je connais bien. La plus belle boutique de tissus que j’ai vue se trouve à Agen. C’est une dame de 80 ans qui la tient, elle a un savoir immense, du coup à chaque fois que j’y vais elle me donne des conseils sur comment utiliser les tissus que j’achète. C’est un savoir qui doit être transmis et qui se perd avec les années.

Je ne peux pas dire ma marque soit écologique, étant donné que je n’utilise pas que des tissus recyclables, mais j’essaie au maximum de limiter mes déchets. Pour éviter le gaspillage, j’envoie mes chutes de jersey à la marque de sous-vêtements écologique Saqua Studio qui les utilise pour sa production. Et quand les chutes sont trop petites je m’en sers pour faire des chouchous. Je fabrique tout à la main dans mon atelier et je suis transparente sur mon processus de fabrication. Aussi pendant le confinement, j’ai mis à profit ce temps pour me lancer un défi : produire avec tout ce que j’ai déjà chez moi, ne rien acheter en plus, finir mes tissus, mes boîtes de boutons, etc…

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Photo © Valentin Fabre / Modèle Alejandra Perez / Hair & Make Up Axelle Jérina / Boucles d’oreille Chez Snowbunny / Vêtements FLR

Tu ne donnes pas de genre à tes collections, en quoi cela te semble-t-il important ? 

J’imagine un vêtement pour qu’il embellisse le corps, quel qu’il soit. Je mets en avant certaines formes du corps, peu importe le sexe. J’ai envie que le vêtement révèle la personnalité de celles et ceux qui le portent. Des fois j’ai envie de mettre en avant la forme des fesses avec un pantalon, ça rendra certainement pas la même chose sur un garçon ou une fille. Mais c’est ça qui est intéressant. 

Tes pièces, uniques et mixtes, sont-elles vraiment adaptées à différentes morphologies ? 

J’aimerais que tout type de corps puisse porter mes vêtements. Ce n’est pas encore le cas, mais je travaille à développer les tailles de mes modèles. J’encourage de ce fait les gens à passer des commandes sur mesure, afin que j’adapte mon modèle au corps de celui ou celle qui est intéressé·e. Ça évite aussi la surproduction. Pour le moment, si la taille correspond, mes pièces peuvent autant être portées par un garçon que par une fille.

As-tu des projets en cours ? 

Oui, je vais bientôt ouvrir mon propre atelier/showroom à Bruxelles, avec un ami, Anthony, qui lance sa marque de pantalons. Ça va être un pas énorme pour moi je pense. Sinon je travaille sur ma prochaine collection, j’espère faire un défilé, une performance à la rentrée, ou trouver un nouveau moyen de diffuser mon travail compte tenu de la situation actuelle.


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Image en une : © Valentin Fabre / Modèle Alejandra Perez / Hair & Make Up Axelle Jérina / Boucles d’oreille Chez Snowbunny / Vêtements FLR

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