Films singuliers, regards pluriels, leçons de cinéma et récits initiatiques : la 17ème édition des Rencontres Films Femmes Méditerranée s’ouvre à Marseille le 26 novembre et présente au public le travail de réalisatrices et faiseuses de films des territoires méditerranéens. L’équipe de programmation nous a parlé de cette nouvelle édition.
Depuis 17 ans, l’association met en avant le travail des cinéastes femmes du pourtour méditerranéen en organisant des séances de films, débats et rencontres professionnelles à Marseille et en région. Une partie de l’équipe de FFM – Ambre Veau, Camilla Trombi, Christine Ishkinazi et Jacotte Saussois – a répondu à nos questions. La géographie couverte par les recherches des programmateurices s’agrandit, les cinématographies présentées au public vont peu à peu toucher de nouveaux territoires en fonction, aussi, des urgences politiques : « L’Iran est devenu une priorité pour nous, et nous allons dédier ces rencontres aux cinéastes et artistes iraniennes. »
Une programmation plurielle
Programmation exigeante, le festival s’engage à défendre le cinéma féminin du Sud. En ouverture, Sous les figues d’Erige Sehiri – qui donnera une « leçon de cinéma » au Videodrome 2 le 29 novembre – film de femmes, rebelles et cueilleuses, en lutte avec les structures coloniales et patriarcales tunisiennes. Les adolescences et les jeunesses sont désireuses d’émancipation dans El Agua de Elena Lopez Riera ou Freda de Gessica Geneus ; le cinéma documentaire se fait en dérapage contrôlé avec Françoise Romand, qui sera mise à l’honneur avec la projection de plusieurs de ses films et réactivation d’une aventure cinématographique expérimentée en 2007 à Bagnolet, et qui aura cette fois lieu dans les tours Labourdette à Belsunce. Balada, réalisé par Aida Begic, clôturera cette édition des Rencontres : « Quelque chose nous a vraiment enthousiasmé·es avec ce film, et la clôture c’est aussi un moyen de le mettre en avant et d’encourager le public à s’y intéresser. »
Quarante films se succèderont jusqu’au 1er décembre dans plusieurs lieux de cinéma à Marseille et en région ; la décentralisation du festival est au cœur de l’action de l’association. Les films et certaines invitées sont aussi présents à Aix-en-Provence, Digne-les-Bains ou La Ciotat. « On accompagne les films et les réalisatrices à la demande des exploitants, parce que le public est en demande de rencontres avec les cinéastes, de rétrospectives… »
Agir pour un meilleur accès aux métiers du cinéma
L’association fait aussi vivre les films au-delà des Rencontres FFM tout au long de l’année en organisant des ateliers ciné-débat (dans le centre pénitentiaire des Baumettes, avec l’Ecole de la deuxième chance, Solidarité Femmes 13) : « On essaie de créer des moments de rencontre, par exemple en invitant Rokhaya Diallo qui a présenté son documentaire La Parisienne démystifiée et a répondu aux questions des participant·es. »
« En discutant avec les réalisatrices, on s’est rendu compte qu’elles avaient beaucoup de difficulté à produire un deuxième film, donc on a imaginé un appel à projets diffusé dans la région Sud et Nord de la Méditerranée. » Quatre ans déjà que les journées professionnelles sont organisées, permettant aux réalisatrices sélectionnées de présenter leur projet de film à des producteur·ices et à participer à des ateliers d’écriture ou de pitch.
Nouvel acte militant fort, les séances des Rencontres Films Femmes Méditerranée sont gratuites pour les étudiant·es, les personnes âgées de moins de 26 ans, les demandeur·ses d’emploi et les bénéficiaires des minimas sociaux. « Nous souhaitons faciliter un renouvellement du public, toujours dans le but de démocratiser l’accès au cinéma d’art et essai. »