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Ela Minus. Megapunk, en toute honnêteté

Ela Minus. Megapunk, en toute honnêteté

La jeune productrice Ela Minus vient de dévoiler son premier album acts of rebellion sur le label Domino, un disque qui apporte une chaleur vibrante et électrisante à ces temps rafraîchis par la froideur automnale et l’ambiance politique morose. 

Originaire de Bogotá en Colombie et désormais basée à New York, Ela Minus – aka Gabriela Jimeno – crée une « musique lumineuse pour temps obscurs », comme elle le précise en bio de ses réseaux sociaux. L’album est un appel à la révolte autant politique qu’intime, pour une nouvelle vie, de nouveaux futurs, de nouvelles batailles, de nouveaux espoirs, de nouvelles amours. N’utilisant que des machines pour composer, enregistrer et performer, Ela Minus délivre une musique électro envoûtante au rythme stimulant. Un savant dosage de complexité et de technicité, sans oublier sa voix, vaporeuse et emplie d’une sensibilité dévastatrice. L’honnêteté de son écriture évoque nos mondes intérieurs et vient combler l’espace vide de la piste de danse (d’ailleurs Ela Minus sera en concert à la Boule noire le 19 février 2021). De la batterie à l’électro, du soin à la rébellion mondiale, elle nous a raconté la genèse de ce premier album.

© Juan Ortiz-Arenas

Manifesto XXI – D’où vient ton alter ego Ela Minus ? J’ai entendu dire qu’il s’agissait du nom que tu utilisais quand tu étais en école de musique pour faire la conception graphique et l’illustration de projets musicaux ?

Ela Minus : Oui c’est ça. En fait, Ela c’est mon prénom. Mon nom entier c’est Gabriela mais on m’a toujours surnommée Ela. Et, dans tous les aspects de ma vie, j’ai toujours aimé le minimalisme. « Minus » fait référence à ça.

Où se situe ton point d’attache, ton « chez-toi » aujourd’hui ?

Je suis de retour en Colombie, mais seulement pour quelques mois. Je voulais être près de ma famille et avoir plus d’espace qu’à New York. Je dirais que mon « chez-moi » est à New York, même si je veux déménager en Europe l’année prochaine. Je ne sais pas encore où. J’adore Amsterdam, Londres et Paris. Je m’apprêtais en fait à déménager à Londres mais, avec la situation, tous mes plans ont changé et je suis restée à New York. Et je me suis dis que ce serait peut-être le moment de retourner en Colombie pour être proche de ma famille pendant un temps. Donc, l’année prochaine, quand je pourrai, ou plutôt quand la vie le permettra d’une certaine manière… Peu importe : l’année prochaine je déménagerai ! 

Comment ce projet électro a-t-il démarré ? 

J’ai toujours joué de la batterie. J’ai vraiment découvert la techno lorsque j’étais en école de musique (Berklee College of Music à Boston, ndlr). En fait, j’aimais déjà beaucoup Radiohead, vraiment beaucoup. C’était la première fois que j’entendais des synthés comme ça dans un groupe, et j’étais vraiment obsédée par ce son. J’étais vraiment jeune, je devais avoir 17-18 ans, et j’ai commencé à essayer de découvrir d’autres musiques faites avec des synthés. À ce moment-là, je suis tombée amoureuse de la musique électro. J’ai commencé à étudier comment construire des synthés. Avant d’en jouer, j’étais pourtant persuadée que ma vie était de jouer de la batterie. Ce n’était pas mon intention de faire de la musique électro, je voulais juste faire de la batterie et, en guise de passe-temps, apprendre à coder et construire des machines. Finalement, j’ai commencé à improviser et à aimer ça de plus en plus. Ce n’était pas du tout planifié et c’est arrivé comme ça, petit à petit. 

Depuis quelques années, je trouve que tout est devenu question d’esthétique en électro, tout doit sonner parfait. Tout se doit d’être particulièrement beau et on ne peut pas chanter à propos de ce que l’on veut, il s’agit uniquement de faire une belle mélodie et d’y mettre beaucoup de réverbe. En cela, la scène électro est devenue super capitaliste.

Ela Minus
© Juan Ortiz-Arenas

Tu as tweeté : « allow me to introduce some punk to electronic music »

Je n’aurais jamais pensé qu’on m’en parle en interview (rires). J’ai grandi en écoutant du punk, en jouant du punk… Je viens du punk finalement. Quand j’ai commencé à me diriger du côté de Radiohead et vers les musiques électroniques, j’avais l’impression que les groupes que je découvrais étaient aussi punk d’une certaine manière. La techno de Detroit par exemple, était punk mais avec des instruments différents. Non pas qu’ils étaient en colère, mais ils avaient des raisons de l’être parce qu’ils étaient marginalisés et qu’ils avaient tant de choses pour lesquelles se battre. Il y avait quelque chose de politique et désordonné. J’adorais ça, ce sentiment de se sentir vivant·e. J’avais l’impression que ces personnes étaient dans la même pièce que moi, à jouer de la musique et que tu pouvais sentir leur humanité, leurs erreurs de jeu et leur esprit, le fait de vouloir faire changer les choses, juste ça.

Depuis quelques années, je trouve que tout est devenu question d’esthétique en électro, tout doit sonner parfait. Tout se doit d’être particulièrement beau et on ne peut pas chanter à propos de ce que l’on veut, il s’agit uniquement de faire une belle mélodie et d’y mettre beaucoup de réverbe. En cela, la scène électro est devenue super capitaliste : tout se trouve autour des soirées, de la drogue, de l’alcool. Je n’aime pas ça et ne m’y reconnais pas, donc je pense que c’est aussi pour ça que j’apporte inconsciemment un esprit punk dans la musique électronique. Quand je joue en live, je fais beaucoup d’erreurs et les machines aussi font des erreurs, c’est assez brut. Lorsque j’ai tweeté cette phrase, j’ai pris conscience que je possédais un peu cet esprit punk et que je le transposais en musique. Pour autant, ce n’est pas quelque chose de nouveau, on l’a déjà fait avant moi, mais je pense que ça s’est un peu perdu. J’ai voulu le ramener jusqu’à moi.

La seule chose qui vaille la peine d’être écoutée, c’est lorsqu’un être humain réalise quelque chose d’honnête, en donnant tout ce qu’il a de lui pour en produire quelque chose.

Ela Minus

Comment t’es venue l’idée de faire un album sur la rébellion ?

C’est venu comme ça, pour être honnête. J’ai écrit l’album très rapidement, en quelques mois seulement, seule chez moi. J’ai d’abord hésité à l’appeler resist, mais en regardant ce titre écrit sur un morceau de papier au milieu de plein d’autres notes, j’ai eu l’impression que beaucoup de gens ne s’y seraient pas intéressés si je l’avais appelé ainsi. Car, comme ce que je disais plus tôt, les gens qui écoutent de l’électro ne veulent pas penser à ce genre de sujets. Mais, je crois qu’à un moment, il faut être honnête avec soi-même et faire ce dont on a envie. La seule chose qui vaille la peine d’être écoutée, c’est lorsqu’un être humain réalise quelque chose d’honnête, en donnant tout ce qu’il a de lui pour en produire quelque chose. Cet album est sorti de moi sous sa forme la plus honnête, alors que ça me plaise ou non, j’ai juste décidé que je n’allais pas le modifier et que j’allais l’offrir au monde tel que je l’ai fait. Déjà ça, je pense que c’était une rébellion envers moi-même. 

Sur le communiqué de presse, on lit que « acts of rebellion est un manifeste sur la simplicité, un appel à se battre, à vivre, à être présent ». Je trouve ton album aussi introspectif que politique. C’est ce que tu voulais ? 

Oui, et je pense qu’il est politique de la manière la plus personnelle qu’il soit. Pour moi, être politique, c’est par exemple prendre soin de soi et être très conscient·e de chaque chaque détail de sa vie. C’est en ça qu’il y a une grande part d’introspection dans l’album. 

J’apporte inconsciemment un esprit punk dans la musique électronique.

Ela Minus

C’est aussi un appel urgent à agir, il serait comme la bande son d’une révolution…

Oui, et en reprenant cet exemple, quand tu prends soin de toi, tu es davantage conscient·e du pouvoir que tu as en tant qu’être humain. À partir de là, tu deviens plus sensible au monde. La tolérance que tu acquiers te force à mettre les choses à plat. Tu deviens plus libre de dire ce que tu penses et de changer les choses, parce que tu comprends que tu as réellement le pouvoir de les faire changer. Finalement, mon appel à agir c’est de dire aux gens : « Vous êtes puissant·es, vous pouvez faire ce que vous voulez, et vous devriez le faire. » C’est vraiment une invitation à mettre ça en évidence.

© Juan Ortiz-Arenas

Tu dis aussi que tu conçois ton set up comme un groupe ou un orchestre. Tu aurais donc un côté cheffe d’orchestre et humaniserais les machines en quelque sorte ? 

J’ai commencé par la batterie et, depuis toute jeune – mes sept-huit ans –, je me souviens avoir toujours eu cet amour pour cet instrument. C’est tellement beau. Plus jeune, je me souviens avoir commencé à bouger les différents éléments de la batterie, pour ne me retrouver qu’avec la caisse claire par exemple. C’est de cette manière que je suis devenue créative. J’ai grandi en faisant de la musique de cette manière. Je me suis rendu compte que je pouvais le transposer à mes machines et ainsi créer mon propre orchestre en quelque sorte, dont je serais la cheffe d’orchestre. C’est ce qui me plait et m’amuse, parce que je fais faire beaucoup de changements à mes machines et que j’aime écrire ma musique spécifiquement pour permettre cela. Je pourrais en parler pendant des heures (rires).

Tu utilises exclusivement tes machines pour écrire, enregistrer et performer. Pourquoi ? Est-ce qu’on pourrait dire que c’est une sorte de revendication ?

Je pense que les gens le voient comme tel, mais je ne sais pas si j’ai voulu que ce soit une revendication ; je ne crois pas en fait. Pour tout te dire, j’aime simplement jouer sur ces machines et je déteste faire de la musique sur ordinateur. Ce sont juste mes goûts personnels. Je n’essaie pas d’en faire une revendication vraiment. Avant, je jouais de la batterie et c’était ça ma vie ! Honnêtement, j’étais heureuse et ne souhaitais rien faire d’autre. Mais ensuite, quand j’ai obtenu une bourse universitaire à Berklee, j’ai voulu apprendre à coder parce que j’aimais vraiment les ordinateurs. J’ai donc choisi de suivre à côté un diplôme universitaire en programmation et, plus j’en savais sur la programmation, plus je voulais comprendre les circuits et les machines. J’ai commencé à acheter de très vieilles machines que j’obtenais pour trois fois rien pour les ouvrir, observer leur fonctionnement et les réparer. C’est comme ça que j’ai commencé et je l’ai fait pendant quelques années. J’avais alors un set up très simple. Puis, j’ai commencé à être très frustrée par rapport à mon groupe de l’époque, par l’école et par les ordinateurs… par tout !

Tu sais, ce sont ces moments dans la vie où tu te dis « Mais qu’est-ce que je fais de ma vie ? Je n’aime rien de ce que je fais. » Alors, j’ai décidé d’essayer quelque chose de différent. J’avais ce synthé chez moi et je me suis mise à en jouer, et c’était amusant. C’est pour ça que je n’en fais pas une revendication, c’est juste la manière dont les choses ont fonctionné pour moi. Et je suis toujours persuadée que si je faisais de la musique sur ordinateur, ce serait très mauvais.

Donc l’album est aussi une rébellion contre la scène électronique actuelle qui produit quasi exclusivement sur ordinateur portable, non ?

Oui, mais ça aussi, je ne l’ai dit qu’après quelques années. Je pense que c’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai accepté le nom de cet album. J’ai réalisé que, dans ma vie, j’ai toujours fait les choses parce que je voulais me rebeller. Même enfant, je me souviens que ma mère voulait que je joue du piano et j’ai dit non. J’ai voulu jouer de la batterie parce que je n’avais jamais vu de femme en jouer auparavant, j’ai voulu en jouer parce que j’étais rebelle (rires). Et c’est très drôle parce que, pour tout dans ma vie, si quelqu’un·e me disait que je ne pouvais pas faire quelque chose, je le faisais juste pour prouver qu’il ou elle avait tort. Enfin… plus trop vraiment aujourd’hui, car j’ai mûri. Mais oui, je pense que je me suis peut-être lassée de ne voir que des ordinateurs portables sur scène à chaque concert auquel j’assistais, aussi parce que je travaillais énormément dessus. Je pense que j’étais fatiguée d’écouter ce genre de son, car on sait déjà comment ça va sortir et que chaque concert sonne de la même manière. De ce fait et inconsciemment, je pense que c’était une rébellion.

Mon appel à agir c’est de dire aux gens : « Vous êtes puissant·es, vous pouvez faire ce que vous voulez, et vous devriez le faire. »

Ela Minus

Comment as-tu commencé à utiliser ta voix en plus des machines ?

C’était quelque chose de très… personnel. Je voulais à la fois faire de la musique électro, mais c’était aussi quelque chose qui m’ennuyait beaucoup. Et, à côté de ça, j’ai toujours aimé les mélodies et les chansons. Je ne voulais pas faire un album ou un EP d’électro où c’étaient uniquement des beats, je voulais aussi écrire des chansons. J’étais tellement ennuyée de ma vie que je me suis posée et je me suis dit « Quelles sont les choses que je n’ai jamais faites de ma vie en musique ? ». J’ai fait une petite liste et il en est ressorti que je n’avais jamais chanté de ma vie, que je n’avais jamais écrit de chanson et que je n’avais jamais rien enregistré par moi-même. Pour me challenger finalement, c’est ce que j’ai commencé à faire. J’ai écrit des paroles de chanson et j’ai fini par publier une chanson sur YouTube. Les gens l’ont aimée et voulaient que j’en fasse un concert. Et donc, j’ai continué à écrire et à chanter ! 

© Juan Ortiz-Arenas

En tant qu’artiste, c’est important pour toi d’avoir un message social et politique ?

Encore une fois, je pense que la chose la plus importante en tant qu’artiste est d’être honnête, aussi honnête que possible avec les gens. Mais aussi avec ce que je fais, et avec moi-même. Je pense qu’aujourd’hui, tout comme il y a deux ans lorsque j’ai fait cet album, c’était le message que je veux faire passer. Et si ça c’est sociopolitique aujourd’hui, alors on peut dire que c’est important oui. 

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D’ailleurs, j’ai aussi vu sur ton compte Instagram la citation : « En cette période de changement, le rôle de l’artiste ne peut être que celui du révolutionnaire »

Oui, elle est en fait tirée d’un très bon film que je te recommande, qui s’appelle Manifesto (de Julian Rosenfeld, 2015, ndlr). Je pense qu’aujourd’hui toute personne qui fait attention au monde – et non pas seulement ou spécifiquement les artistes –, quiconque a les yeux ouverts et se dit sensible à ce qui l’entoure, ou juste tout être humain conscient en fait, peut convenir que nous avons beaucoup de choses à changer. Il y a des moments dans l’Histoire où nous vivons tous·tes vraiment la même chose. Ce n’est pas juste un pays en particulier qui traverse une crise, même si les réalités peuvent éventuellement être différentes d’un pays à l’autre. Il y a ces moments historiques où le monde entier traverse la même phase, et je ne parle pas que de la pandémie, mais bien plus des politiques d’extrême droite ou de la pauvreté… Et il est impossible de rester insensible face à ces choses-là, car sinon à quoi bon ?

Je pense que la chose la plus importante en tant qu’artiste est d’être honnête, aussi honnête que possible avec les gens mais aussi avec ce que je fais, et avec moi-même.

Ela Minus

Tu as écrit l’album en 2018 mais pour autant, il semble plus qu’actuel. Tu as notamment sorti « megapunk » une semaine après le décès de George Floyd…

Oui, c’est fou. Je pense que j’étais très consciente d’avoir réalisé un album aussi particulier. Pour être honnête, une fois terminé, j’ai ressenti le besoin de le sortir immédiatement parce que ça n’aurait eu aucun sens autrement. La seule raison pour laquelle ça a pris plus de temps est ma signature chez Domino, ça me paraissait stupide de ne pas saisir l’opportunité. Mais c’est fou maintenant pour moi de me dire que les gens vont peut-être penser que j’ai écrit cet album pour la période actuelle, ou que c’en était une réponse spécifique avec « megapunk » par exemple. Je me suis demandé « Comment faire pour que les gens comprennent que je n’ai pas écrit ce track une semaine plus tôt en réponse à la situation ? ». Parce que je n’aime pas l’art produit en réaction à l’actualité. Je pense qu’il n’est parfois pas aussi bon qu’il le devrait et je ne voulais pas me sentir réactionnaire. Et pour les sujets non politiques de l’album, c’est pareil. Par exemple pour « dominique » qui parle de mon processus d’écriture de l’album, je me souviens d’avoir pensé : « C’est une chanson à laquelle seuls d’autres musiciens ou d’autres artistes vont s’identifier parce qu’ils sont les seuls assez fous pour se couper de toute interaction sociale et pour se réveiller à sept heures du soir. » Maintenant, après que les gens se soient confinés, j’ai l’impression que beaucoup plus de personnes vont comprendre ou s’identifier à la chanson. C’est une chose à laquelle je n’aurais jamais pensé. Je pense que c’est fou à quel point l’album tombe à point nommé. Je crois que ça me dépasse pour être honnête.

Quand tu prends soin de toi, tu es davantage conscient·e du pouvoir que tu as en tant qu’être humain. À partir de là, tu deviens plus sensible au monde.

Ela Minus

Qu’est-ce que tu as appris en réalisant cet album ? 

Tellement de choses ! J’ai appris que je pouvais faire un album déjà, c’est le premier que je réalise complètement seule. J’ai beaucoup appris sur moi-même, sur le fait que le sujet de la rébellion m’importait autant, ce que je ne savais pas… Enfin, je le savais, mais pas à ce point. J’ai appris que la patience jouait réellement en faveur de la musique. C’est la première fois que je prenais un laps de temps plus long pour penser et créer quelque chose et je pense que cela se voit. Je crois que c’est mieux que tout ce que j’ai pu faire auparavant. J’ai aussi appris que si tu faisais quelque chose d’honnête, alors tu pouvais te connecter aux gens. L’album n’est pas encore sorti et j’ai vécu certaines des expériences les plus enrichissantes de ma vie rien qu’à travers les gens qui ont déjà pu l’écouter. C’est tellement beau… Donc oui, j’ai appris beaucoup de choses, de belles choses jusqu’à présent. 

J’ai une dernière question : quels ont été tes derniers actes de rébellion ?

Là, je ne pense qu’à des choses très superficielles… Il y a cette fois où j’ai dit à des ami·es que j’allais dîner avec elleux le week-end suivant, et j’étais extrêmement fatiguée. C’est un acte égoïste, mais je ne pouvais vraiment pas y aller, j’avais besoin de sommeil. J’ai fini par ne pas y aller… Donc je suppose que c’est un acte de rébellion, non pas envers mes ami·es, mais plus envers le fait de planifier des choses. C’est vraiment très stupide, mais je n’ai que ça qui me vient à l’esprit.

Un autre qui sera meilleur peut-être, tout étant aussi superficiel : la semaine dernière je suis sortie pour me promener car j’avais fait beaucoup de promo. J’étais une fois encore fatiguée et j’ai décidé de ne pas prendre mon téléphone avec moi. Pendant cette promenade, je me suis assise dans un parc. Je me suis dis que j’allais juste m’asseoir là, sans rien faire et ne pas rentrer à temps car j’étais fatiguée de devoir être active tout le temps. Je voulais juste me poser et penser que j’étais dans cet instant présent, dans ce parc, à regarder ces personnes. Je voulais profiter du moment présent pendant une vingtaine de minutes sans rien faire d’autre. Je pense que c’était un acte de rébellion face la pression que j’avais à ce moment-là de devoir constamment produire et consommer. Je devrais peut-être penser à des choses plus significatives… Mais je suppose qu’elles sont significatives d’une certaine manière dans la vie au jour le jour, comme il ne se passe pas grand-chose en ce moment. C’est une excellente question. Je l’adore !

Et finalement, c’est aussi important de prendre ce temps pour prendre soin de toi.

Oh oui, c’est beau. Oui, c’est très important. Et je pense qu’il s’agit aussi d’un acte de rébellion parce qu’on est tellement poussé·es au contraire. 

Retrouvez le site d’Ela Minus, réalisé en collaboration avec l’artiste interactif Zach Lieberman.

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