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Dreamachine : « Nos fêtes sont nos utopies prenant forme »

Dreamachine : « Nos fêtes sont nos utopies prenant forme »

Manifesto XXI - Dreamachine
Dreamachine, c’est le nouveau rendez-vous nocturne préféré des âmes curieuses et friandes de sonorités subversives, expérimentales et avant-gardistes célébrant les corps queers, féministes. Résolument transdisciplinaire, l’expérience est totale, puisque scénographies, vidéos et performances s’invitent également à la fête. 

La personne à l’origine de la création de Dreamachine est Alexandre Paty (aka Front de Crypte, son side project en tant que DJ), qui a fait ses armes en programmation avec l’association Polychrome en 2015, puis avec le collectif GAMUT et ses soirées Chosen Family. Fort de ses deux expériences, il se lance en solo, pour participer à la réinvention de nos nuits. Assumant une couleur musicale noire, prenant pour racine le mouvement industriel, la fête n’est aujourd’hui plus seulement le lieu destiné à la musique : les arts visuels, les performances ou les débats et conférences s’inscrivent peu à peu dans les nerfs de cette machine à rêves. Pour nous aider à mieux comprendre ce nouveau programme nocturne, Alexandre Paty a répondu à nos questions.

Artwork Juliette Gelli

Manifesto XXI – Pourquoi avoir créé Dreamachine ? Est-ce que c’est parti d’un certain constat ? Si oui, lequel ?

Alexandre Paty : C’est d’abord un projet musical, mais qui pourra muter de plein de façons différentes, pour devenir un projet culturel « total ». À la fête pourra se joindre une programmation avec du cinéma, de la performance, des débats ou conférences, des ateliers… Et le constat c’est peut-être ça, j’ai l’impression que la plupart des soirées à Paris se focalisent sur une seule direction tandis qu’avec Dreamachine, j’essaye de faire en sorte que tout un écosystème de formes se développe au sein d’un projet transdisciplinaire. Peut-être que ce dernier échappera par moments à la compréhension du public, mais Dreamachine vient de naître et se construira sur plusieurs années !

Le constat est aussi musical, j’ai l’impression (et on me le dit) que ce que je programme, depuis toutes ces années, est particulier dans cette façon de mêler un clubbing assez brut avec des artistes venant d’autres milieux comme le post-punk, l’IDM, les musiques expérimentales ou d’autres sonorités, plutôt sombres en général…

Aussi je crois que j’ai une manière d’ouvrir le sens du mot « queer » à la musique en elle-même. Si la plupart des artistes sont queers dans leurs corps et dans leurs désirs, d’autres sont des allié·es, des freaks à leur manière, et transmettent ça dans leur création. J’essaye de trouver des projets surprenants plutôt que de proposer d’une date à une autre le même genre de plateau. De cette façon, j’espère que Dreamachine échappe aux grilles de lecture et reste fluide. On y va évidemment pour danser et faire la fête, mais aussi pour nourrir sa curiosité.

L’indus c’est d’abord cette façon de questionner les normes, de les refuser même, en cherchant parmi les marges une subversion, jusqu’aux facettes les plus sombres de l’humanité.

Alexandre Paty

On peut lire dans la bio instagram « Dreamachine is nightmare friendly », peux-tu nous expliquer ?

C’était une façon de trouver une petite punchline avec cet oxymore entre dream et nightmare, mais aussi parce que Dreamachine s’inscrit dans une certaine filiation au mouvement industriel et à ses racines, avec des groupes comme Throbbing Gristle ou Coil en première ligne. La Dreamachine est une œuvre d’art pionnière, créée par Brion Gysin et Ian Sommerville en 1960. Gysin était un ami proche du poète William S. Burroughs et de la Beat Generation, un courant qui était une inspiration primordiale pour Genesis P-Orridge lorsqu’il a créé la musique industrielle dans les années 70.

L’indus c’est d’abord cette façon de questionner les normes, de les refuser même, en cherchant parmi les marges une subversion, jusqu’aux facettes les plus sombres de l’humanité et de nous les tendre comme un miroir afin de prendre conscience des violences de notre système et d’espérer avancer à partir de là. Cela a formé dans mon imaginaire les images ou visions les plus fortes que je connaisse, avec une invention qui continue d’infuser toutes sortes de productions aujourd’hui. On se situe donc vers ces racines-là, et l’idée du cauchemar y a toute sa place ! Je cherche ce qui aujourd’hui pourrait être considéré comme de lointains enfants de cette génération qui me fascine, avec leurs propres rêves et découvertes liées à notre époque.

Quelles sont les valeurs de Dreamachine ?

C’est d’abord l’ouverture sur l’étrange, les queerness et une furieuse envie de danser ! Puis à travers cela l’idée d’une communauté transcendée par la musique, les yeux fermés, comme lorsqu’on regarde une Dreamachine ! Je voudrais proposer à chaque date une programmation qu’on pourrait qualifier de « pointue » (même si je n’aime pas ce terme), en tout cas je suis à la recherche d’un mélange idéal entre des artistes émergent·es du paysage musical européen et des artistes plus établi·es. On pourrait exprimer comme valeur de vouloir pousser les échanges transgénérationnels.

Je m’inscris bien sûr dans cette famille d’orga parisienne qui défend l’amour toujours et met à la porte tout comportement queerphobique ou discriminant. C’est peut-être évident, mais il faut le répéter, le matraquer ! Nos fêtes sont nos utopies prenant forme et sont des lieux de résistance, voire d’existence.

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Le Kaiju à la Dreamachine du 18 février 2022 à la Station – Gare des Mines © Xavier Dartayre

À quoi peut-on s’attendre en allant à une Dreamachine ?

À des petits câlins pour vos oreilles et à une énergie satanique qui prendra le contrôle de votre corps…? (っ ͡ಥ ͜ʖ ͡ಥ)っ💥  IDK [I don’t know / je ne sais pas], je trouverais décevant de savoir à quoi s’attendre !

Quel serait le line-up de tes rêves ?

Je ne sais pas si je le connais encore, mais aujourd’hui ça serait un mélange de Blawan, Cosey Fanni Tutti, Olivia Neutron-John, Eartheater, Aphex Twin, Manu le Malin et… Sexy Sushi (coucou maman) ! Aucun sens (rires), ou peut-être que si…?

Quel serait l’hymne de Dreamachine ?

Il y en aurait plein, mais là je vais profiter de la programmation du 8 avril prochain à La Station – Gare des Mines, dans leur espace tout neuf appelé Station Nord, pour te dire que ça pourrait être le track « O.B.I.C » de Cassie Raptor, avec la voix de Rebeka Warrior. Dans cette mélodie méga efficace et avec cette voix, il y a quelque chose de complètement hymnique, qui te soulève ! Venez voir Cassie à cette date ! Elle est très motivée, je pense qu’on s’en souviendra !


Les prochaines dates de Dreamachine :
le 1er avril au Chinois (Montreuil) avec Crystallmess, DJ Working Class, Emo Globin, Thérapie de Club et Front de Crypte.
le 6 avril à Montévidéo (Marseille) : avec Vava Dudu et David Sink et un DJ set de Lugal Landaba et Front de Crypte.
le 8 avril à la Station Nord (Paris) avec Astrid Gnosis, Cassie Raptor, Salome, Vanda Forte et Front de Crypte.
• le 29 avril À la folie (Paris) avec Rachel Noon, LFT et Pastram.

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