Le 27 juillet à La Station, le collectif GAMUT nous permet de choisir notre famille. Pour cette première édition de Chosen Family, nous serons embarqué-e-s dans l’obscurité du live techno/acid avec une programmation pointue allant de l’Allemagne à la Belgique en passant par les Pays-Bas.
Drvg Cvltvre, Nene H., Descente… et bien d’autres artistes talentueux seront au rendez-vous pour un clubbing libérateur, un exutoire au milieu de cet été transpirant. « Un soir d’été en marge de la ville, dans une ambiance aux allures de rave intrépide », c’est ce qui nous attend, c’est là où l’on ira dodeliner de la tête avec exaltation, échappant aux mornes journées estivales aux côtés de nos sœurs et frères d’un soir. Rencontre avec les organisateurs d’une soirée en marge, où de la création naît le lien.
Manifesto XXI – Pouvez-vous présenter le principe de Chosen Family ?
Chosen Family est l’extension musicale et festive du collectif GAMUT.
GAMUT, c’est un collectif de mode animé par cinq designers, tou-te-s passé-e-s par La Cambre Mode/s/. Basé à Paris, accompagné par des musicien-ne-s, photographes, vidéastes, graphistes, chorégraphes, stylistes, scénographes… GAMUT choisit de maintenir ses liens avec d’autres disciplines. Conçu comme un laboratoire, il fonctionne sans chef, et prend vie à travers une recherche contributive, ouverte et collective.
Avec Chosen Family, l’idée est donner un espace à nos envies en termes de programmation musicale, de fête : une autre forme de lâcher-prise.
Cette famille choisie, c’est pour contrer le “désenchantement de l’époque” ?
GAMUT/Chosen Family croit à l’impact de la création sur le fait social. Nous voulons nous engager dans un esprit de résistance, on ne veut pas se résigner à suivre les modèles morbides qu’on nous propose. Nous sommes un groupe d’ami-e-s qui croit qu’un rapport nouveau au pouvoir peut mener à une forme de renouvellement esthétique et structurel nécessaire.
GAMUT/Chosen Family, c’est aussi une alternative concrète à nos premières expériences professionnelles. La structure pyramidale des grandes maisons ne nous permet pas d’exprimer avec suffisamment de liberté nos créativités, de prendre nos propres décisions.
GAMUT/Chosen Family est un projet de liberté.
Au fond, si notre époque est désenchantée, c’est peut-être aussi à cause de ses cloisonnements, de ses rapports de pouvoir et d’oppression, et la vague lassitude qui s’en dégage. Créer ce projet, à travers ce que nous savons et aimons faire (coudre et faire la fête), c’est le moyen d’aller à l’encontre de cet état de fait, à notre échelle.
Qu’est-ce qui vous réenchante alors aujourd’hui ?
Les rencontres, les possibilités, les brèches de liberté qui échappent encore à l’ordre ! Ou encore l’exaltation culturelle et créative.
Pourquoi avoir choisi la fraction la plus sombre de la techno ?
Les musiques que l’on veut partager sont des reflets du monde, de sa violence, c’est sombre, voire glaçant, ça raconte l’esprit asphyxiant de nos sociétés occidentales.
Mais ce sont aussi des inventions miraculeuses, qui donnent du plaisir, et permettent de réunir de manière universelle autour d’elle. On est dans la représentation d’un monde certes déprimant mais exprimée à la fois de manière jouissive et jubilatoire.
On pourrait presque parler d’une forme de masochisme, dans cette recherche d’un état de plaisir lié à une ambiance orageuse : le même plaisir qu’au moment du tonnerre !
La nuit, c’est pour quoi faire ?
Atteindre un autre niveau de conscience, une réalité différente. Rencontrer ses amis et des inconnus dans un état parallèle, plus léger, moins régulé. Partager des plaisirs qu’on sait éphémères. On pourrait dire que la nuit qu’on cherche est le réceptacle d’un flux vital et urgent d’expression, de partage, de solidarité, de plaisir et de respect qui nous traverse.
Que voulez-vous que les gens se disent en sortant de Chosen Family ?
Wow trop cool ! Je reviendrai. (rires) On a appelé ce projet Chosen Family mais cette famille choisie, on ne la connaît pas encore tout à fait, et c’est à chacun-e de savoir si il/elle veut en faire partie après un de nos événements.