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Camille Soualem. La peinture à bras-le-corps

Camille Soualem. La peinture à bras-le-corps

La peinture est son langage et son refuge. Découverte aux côtés notamment de Romy Alizée et Safia Bahmed-Schwartz lors de l’exposition « Un garage à soi » en décembre dernier, nous avons rencontré Camille Soualem pour en savoir plus sur cette jeune diplômée des Beaux-Arts de Paris, obsédée par les corps. Plongée dans un univers pictural « sauvage » et enchanteur, auquel le shooting photo par Marilou Chabert rend ici hommage.

Tantôt lascives, tantôt alertes, les femmes, souvent nues, sont les protagonistes des tableaux de Camille. Les activités auxquelles elles s’adonnent sont des plus simples, car c’est la vie quotidienne dans toute sa trivialité qui est sublimée par le pinceau de Camille. En extérieur, la place donnée à la nature, luxuriante, est prépondérante, tandis que les intérieurs se limitent souvent à un lit. Dans cet Éden, les corps s’exposent, se mêlent ou se démêlent, l’intimité se dévoile. Une certaine naïveté dans les traits, alliée à un talent de coloriste évident, rendent hypnotiques ses peintures. Paisibles, ses tableaux semblent autant empreints de nostalgie que d’espoir. Elle peint des femmes, mais également des personnages androgynes, représentant l’être humain, nos forces et nos imperfections, au-delà du binarisme du genre…

Nous sommes allé·e·s la rencontrer dans son atelier à L’Orfèvrerie à Saint-Denis, sous la pluie et le brouillard de février. Après cette interview, on a convenu d’une date en mars pour que Marilou Chabert prenne Camille en photo, afin de donner à voir non seulement ses peintures, mais aussi son univers. Confinement oblige, ce projet est resté en suspens pendant plusieurs mois. C’est donc sous le soleil de mai que nous réalisons finalement ce shooting, quelques semaines seulement avant que Camille ne quitte définitivement cet atelier pour installer son espace de travail chez elle, de l’autre côté de Paris, à Montreuil.

© Marilou Chabert

Manifesto XXI – Salut Camille, est-ce que tu peux te présenter rapidement ?

Camille Soualem : Je m’appelle Camille Soualem, je fais de la peinture, je suis sortie des Beaux-Arts de Paris il y a trois ans et depuis je continue la peinture, c’est mon obsession dans la vie.

Tu considères la peinture comme une obsession ?

Oui, c’est devenu une obsession. Enfin je ne sais pas, mais en tout cas dans ma tête c’est la chose principale que je dois faire dans la vie. Après, le reste, c’est annexe.

As-tu toujours fait de la peinture ? Tu avais déjà cette obsession ou est-elle venue au fur et à mesure de ta pratique ?

Non, quand j’étais au lycée, j’ai réfléchi à ce que je voulais faire après. J’aimais bien la mode et le design, mais je ne pensais pas du tout me retrouver dans une position d’artiste, je pensais plus trouver un métier artistique qui me permette de gagner de l’argent. Et au fur et à mesure de mes rencontres, je me suis de plus en plus dirigée vers la peinture, ça s’est formé progressivement dans mon chemin.

Et quel a été ton cheminement justement ?

J’ai fait une prépa aux écoles d’art. Là-bas, j’ai rencontré Valérie Berman une peintre et professeure, une femme incroyable. Elle m’a débloquée, c’est vraiment le terme. Je l’ai rencontrée, elle, et j’ai rencontré la peinture en même temps. Ça a été comme une émulsion, il y a un truc qui s’est passé à ce moment-là.

C’était comme une énorme explosion, comme si je n’avais pas parlé depuis vingt ans.

Camille Soualem

C’est à ce moment-là que tu t’es dit que tu avais envie d’être peintre ?

Pas encore, non. Elle me disait juste « wow, c’est génial ce que tu fais », et je disais « ah bon ? ». Parce que mes premières peintures étaient super cracra, je peignais avec mes mains, c’était comme une énorme explosion, comme si je n’avais pas parlé depuis vingt ans. C’est sorti, j’ai fait une vingtaine de peintures en un mois. Ensuite, j’ai envoyé tout ça aux Beaux-Arts, mais ça ne m’intéressait pas plus que ça d’y entrer, je ne comprenais pas bien le principe. Et en fait j’ai été prise, j’ai eu un bon échange avec le jury d’admission, et j’ai commencé à trouver ça intéressant. J’ai été acceptée, tout en étant assez peu convaincue et en me disant que j’allais y rester deux ans puis partir. Les deux premières années, je ne comprenais pas ce que je faisais là, je ne comprenais pas ce que ça voulait dire, être artiste. Après je me suis replongée dans mon travail, et maintenant c’est une obsession.

As-tu fait exclusivement de la peinture aux Beaux-Arts ?

Non, j’ai testé d’autres techniques. C’est génial, tu peux faire de la forge, du moulage, de la fresque… J’ai testé plein de choses, mais je suis toujours revenue à la peinture, parce que c’est vraiment mon langage.

Camille Soualem, « Apéro sur l’herbe », 2017

Et pourtant, à l’exposition « Un garage à soi » au Garage Mu en décembre 2019, tu as fait performer par quelqu’un d’autre un texte que tu avais écrit. Est-ce que c’est une pratique complémentaire à ta peinture ? Tu peux nous en parler ?

C’est complémentaire dans le fond, pas forcément dans la forme. Il y a environ un an, de manière très instinctive, j’ai commencé à récupérer des témoignages d’avortements de femmes autour de moi, plus ou moins proches. Je les ai rencontrées autour d’un café, j’ai juste écouté et enregistré ce qu’elles me disaient. À l’occasion de l’exposition, je me suis dit que ça pouvait être intéressant de les faire lire par un homme. J’avais déjà eu cette idée à la base quand je récoltais les témoignages mais la peinture prend tellement de temps que je n’avais pas eu le temps de me pencher sur l’aspect performatif et sur cette mise en scène. Pour la performance, c’est Arthur Dokhan qui a lu un texte que j’ai écrit. Quand j’ai rencontré Arthur environ un an auparavant, je me suis dit que c’était la personne idéale pour lire ces textes. Je ne voulais pas qu’il porte une histoire réelle. J’ai pris trois témoignages que j’ai réécrits, tout en étant hyper réaliste, avec plein de petits détails différents. L’idée était de rendre hommage aux femmes, pas à une femme en particulier mais à toutes les femmes que j’ai rencontrées. Le lien entre mes peintures et cette performance, c’est peut-être le mécanisme d’empathie qui se met en place. Il y a quelque chose de l’ordre de la compassion, de la sympathie.

Je trouvais ça intéressant de proposer à un homme de faire cet exercice de ressentir un corps de femme, d’en parler.

Camille Soualem

Pourquoi trouvais-tu intéressant que ce soit un homme qui lise ce texte ?

C’était d’imaginer le public se confronter au discours d’un homme qui témoigne de son corps, et qu’on se rende compte progressivement qu’il ne parle pas de son propre corps. Je trouvais ça intéressant de proposer à un homme de faire cet exercice de ressentir un corps de femme, d’en parler. J’ai compris à travers ces témoignages qu’avoir un corps de femme c’était avoir un corps qui bougeait beaucoup. On a nos règles, on est enceinte, on avorte, on grossit plus facilement qu’un mec, on maigrit… Il se passe plein de trucs qui sont propres à notre sexe. Le corps d’une femme, c’est un corps dans lequel des choses se passent, et j’imagine qu’un corps d’homme est moins mouvant, beaucoup plus stable. Ça me plaisait que ce soit un homme qui exprime un corps qui bouge, un ventre qui s’arrondit, la douleur des règles, etc. Et au-delà de ça, il y a quelque chose de très théâtral, ça rend le récit plus captivant, ça tient en haleine. J’ai beaucoup de mal avec l’ennui, j’aime bien penser l’art comme de l’entertainment

En quoi Arthur était-il la personne idéale pour cette performance ?

J’ai rencontré Arthur à travers son projet de radio dans lequel il propose à des gens qu’il croise de venir discuter de tout et de rien. Il m’a invitée à parler dix minutes et on est devenus potes. Arthur fait des performances dans lesquelles il raconte des histoires à la première personne. Je l’avais vu performer, je trouvais sa présence unique et sa sensibilité intelligente. Ça m’a paru évident de lui proposer d’être mon actrice.

J’ai beaucoup de mal avec l’ennui, j’aime bien penser l’art comme de l’entertainment.

Camille Soualem
© Marilou Chabert

Les hommes ont toujours beaucoup pris la parole pour les femmes, à leur place. C’est aussi une démarche féministe de vouloir faire ressentir un corps de femme à un homme mais en même temps, tu redonnes, encore une fois, la parole à un homme pour exprimer des sentiments et des vécus propres aux femmes. Ça ne t’a pas dérangé ?

Effectivement, on m’a fait la réflexion. Je n’y avais pas pensé avant, et ce qui m’a intéressée c’est vraiment cet effet d’un sexe qui parle d’un corps qu’il n’a pas. Je pourrais le faire dans le sens inverse, demander à une femme d’utiliser le champ lexical de la bite, bander, avoir des érections, se gratter la barbe, etc. C’est un effet de style par rapport au public. Je ne me suis pas trop posé de question éthique, je me suis concentrée sur l’effet. En fait, je trouvais ça intéressant que ce problème d’avortement ne reste pas qu’entre femmes, et je me suis aussi dit que je donnais la parole à un homme, mais que c’était mon idée, que c’est moi, une femme, qui avais réécrit des témoignages de femmes. Arthur était mon acteur, c’est moi qui l’ai dirigé, j’avais le pouvoir dans cette situation.

La thématique du corps de la femme est au centre de cette pièce performative, et on retrouve des corps féminins dans presque tous tes tableaux. C’est donc ça le lien entre les deux ?

Oui le corps me fascine, les corps ne mentent pas, un corps, ça parle parfois plus qu’une conscience. C’est un outil, un lieu, où il se passe beaucoup de choses. Personnellement, j’ai mis beaucoup de temps à accepter que mon corps puisse être un allié. Je pense que le corps, pour les femmes, c’est vraiment un « big deal » en règle générale. À un moment, j’ai eu un déclic, j’ai compris que j’allais le garder jusqu’à la fin et qu’il fallait que je l’accepte quoi qu’il arrive. C’est en arrêtant de le regarder de l’extérieur que je l’ai aimé, qu’il est devenu un outil de force, un lieu de plaisir, un véhicule pour se déplacer… Dans mes tableaux, il n’y a presque que des femmes, ou des personnages androgynes, à qui même moi je n’ai pas donné de sexe.

Les femmes sont souvent nues…

Oui, je ne sais pas vraiment pourquoi… Je me pose la question, j’ai plusieurs éléments de réponse. Déjà, la peinture est faite de beaucoup de nus féminins, et c’est la peinture que j’aime, même s’il y a des choses qui me dérangent là-dedans. Je suis beaucoup allée au Louvre, j’adore Ingres par exemple. Ce sont des images qui peuplent mon inconscient, et ça revient de manière obsessionnelle. Il y a beaucoup de choses obsessionnelles que j’ai du mal à expliquer dans mon travail.

Le corps me fascine, les corps ne mentent pas, un corps, ça parle parfois plus qu’une conscience. C’est un outil, un lieu, où il se passe beaucoup de choses.

Camille Soualem

Dans la peinture d’Ingres, et la peinture classique en général, les nus féminins sont des corps correspondant à un certain idéal, les produits du regard masculin. Les corps que tu peins toi ne sont pas idéaux. Où se place la transformation pour toi ?

Toute cette culture du nu féminin dans l’histoire de la peinture est dans mon inconscient, mais ça repasse évidemment par mon propre corps, c’est digéré par mon corps et mon être. Quand je représente des femmes je me représente forcément un peu moi. Tu vis dans ton corps. Par exemple, ce tableau [La Source], je l’ai peint après avoir passé deux mois à la montagne en autarcie avec mon ex. Il représente une action que j’ai faite pendant ce séjour. Quand je l’ai peint, j’ai plus pensé à la sensation de l’action qu’à représenter une image d’un point de vue extérieur.

Camille Soualem, « La Source », 2017

Les femmes que tu représentes ont un côté sauvage, voire animal…

Tu les trouves animales ?

Je trouve que dans la représentation des femmes il y a une certaine dimension animale oui, elles sont souvent nues, dans la nature, les traits sont figuratifs mais pas réalistes, il y a quelque chose d’une schématisation et elles ont un côté sauvage, par exemple avec les cheveux noirs, longs, hirsutes…

Oui je vois ce que tu veux dire. Ça correspond un peu à mon image… Le·la peintre ou le·la philosophe va penser l’Homme à son époque, c’est ce que je fais, mais à travers des archétypes féminins. Quand je pense l’Homme aujourd’hui, je ne peux pas le concevoir autrement que rattaché à la nature, à son environnement… Mes premières peintures représentaient des enfants sauvages, j’interroge vraiment l’opposition entre nature et culture, à laquelle je ne crois pas. J’ai toujours eu une fascination pour les cultures qui incluent la nature dans leur système de pensée. Il y a aussi une sorte de nostalgie d’un paradis perdu dans mes tableaux, ou l’espoir d’un avenir heureux… Ces représentations correspondent à ma manière de voir et de penser la femme.

J’aimerais trop que des hommes se disent « je vois une femme, je m’identifie, ça m’aide à penser mon humanité ».

Camille Soualem

La femme est donc ta manière de parler de l’Homme, c’est la représentante du genre humain ?

Ouais ! J’aimerais trop que des hommes se disent « je vois une femme, je m’identifie, ça m’aide à penser mon humanité », qu’ils puissent penser l’humanité à travers des figures féminines aussi, comme on a pensé l’humanité depuis toujours à travers des figures masculines !

Quand je suis arrivée, on a discuté de la taille de tes tableaux, qui sont pour la plupart de grands formats. Tu peux m’en reparler ?

J’aime bien représenter mes personnages échelle 1, ou un tout petit peu plus petit. Je recherche quelque chose proche d’une immersion avec le tableau. Après, il y a aussi une dimension physique : c’est l’espace nécessaire pour étaler une couleur par exemple. Je ne suis pas très minutieuse, donc ça me permet aussi de m’exprimer… Le grand format s’est un peu imposé à moi.

Et qu’en est-il alors de ton travail récent sur des tout petits formats ?

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C’est mon amour pour les icônes qui me pousse à faire des tout petits tableaux. Je trouve ça aussi beau, parce que je commence à imaginer mes toiles dans un espace d’exposition, et je trouve ça super beau d’avoir des grandes toiles très immersives avec des couleurs qui vibrent, qui t’absorbent, et à côté avoir la même puissance mais sur un tout petit tableau. Ça me permet aussi de ponctuer mon temps de travail, d’essayer plein de trucs. Si ça ne fonctionne pas, ce n’est pas grave, alors qu’avec un énorme tableau, tu ne vas pas commencer à te lancer dans des essais de couleurs. J’aime bien aussi me dire qu’une petite image peut avoir autant de puissance qu’une très grande. Tu sais, tous les tableaux connus, avant de les voir en vrai je les imaginais immenses, et en fait tu te rends compte que La Joconde, L’Origine du monde, tous ces tableaux-là, ils sont tout petits ! J’aime l’idée qu’une petite image puisse avoir beaucoup de puissance, enfermer quelque chose de fort.

Camille Soualem, « Parc Jean Moulin », 2019

L’entre-deux ne t’intéresse pas ?

Je crois que c’est un trait de ma personnalité d’être un peu radicale ! J’essaye de faire des formats moyens de temps en temps, mais c’est venu après.

Aujourd’hui, on assiste à un regain d’intérêt pour la peinture figurative. Que penses-tu du retour de ce langage sur le devant de la scène ? Et est-ce que c’est une position, une revendication, pour toi, d’être peintre figurative ?

Je n’ai pas choisi la peinture comme langage. Quand j’ai commencé à peindre, j’ai vraiment eu le sentiment que je parlais pour la première fois, des choses sont sorties et je me suis rendu compte que je gardais énormément de choses en moi que je ne pouvais pas exprimer avec des mots. C’est vraiment mon langage premier, et je n’ai pas l’impression de l’avoir choisi ce langage. Par exemple, j’aimerais bien faire de la musique, il y a des choses qui sont vachement plus fun que la peinture. Mes semaines, du lundi au vendredi, je ne vois quasiment personne, je viens ici, je suis toute seule. Ce n’est pas la vie la plus fun du monde ! Quand j’avais quatorze ans, je ne me disais pas que j’allais passer toutes mes journées dans un atelier ! Je ne me sens pas dans une tendance, mais ça me fait vraiment plaisir que la figuration soit revenue en force, de voir qu’il y a plein de femmes artistes, ça m’inspire, ça fait plaisir !

Tu as des choses à nous dire sur l’évolution de ton travail ?

Quand j’ai commencé la peinture c’était très instinctif, maintenant j’essaye de canaliser un peu cet instinct. Donc concrètement, je vais plus travailler mes compositions, faire des essais sur mes sujets… Je sens vraiment que je mûris ma réflexion, j’ai très envie de l’enrichir de tous les petits détails de la vie qui font notre époque.

As-tu d’autres projets en dehors de la peinture, comme l’œuvre performative dont on a parlé tout à l’heure ?

C’est un peu mon rêve caché de faire de la performance, du spectacle… Mais la peinture me prend tellement de temps, mental et physique, que pour le moment je n’ai pas d’autres projets comme ça, mais peut-être plus tard.

C’est quelque chose que tu voudrais développer plus tard ?

Oui, parce que le seul truc que je reproche à la peinture, enfin ce qui me manque dans la peinture, c’est vraiment le mouvement, l’idée de travailler avec le vivant, le corps. On parlait du corps tout à l’heure, et c’est vraiment quelque chose d’important pour moi : je fais du sport, j’aime danser… Mon corps, je l’habite vraiment, je communique avec lui, ça m’inspire.

© Marilou Chabert

Tu ne ressens pas ça dans ton acte de peindre par exemple ?

C’est sûr que c’est un travail manuel et corporel, surtout avec les grands formats. Si t’as beaucoup d’énergie corporelle et que tu dois juste faire un petit format, ça ne fonctionne pas.

Est-ce que c’est donc aussi la dimension interactive qui te manque dans la peinture ?

C’est vraiment le travail du vivant, et que ça passe par d’autres personnes. Par exemple, Arthur m’a donné plein d’idées, je lui ai donné des indications, il les a bien ou mal comprises, et du coup ça a donné autre chose, et c’était beau. Ça aussi ça m’intéresse.

La peinture, c’est un voyage dans le temps, un message pour le futur.

Camille Soualem

C’est de la coopération, même si tu as une pratique solitaire…

Oui, c’est la peinture qui nécessite plus d’attention, d’être entièrement là ! En fait, dans la peinture, tu vas donner beaucoup mais tu n’as pas de réaction directe, alors que dans la performance, il y a une interaction, tu sais directement ce qu’il faut changer, ce qui a fonctionné ou pas. Après la performance au Garage Mu, j’ai vu des gens directement touchés par ce que j’avais mis en place. C’est fou d’avoir une connexion directe, ça crée des sensations fortes ! La peinture, c’est différent, c’est un voyage dans le temps, un message pour le futur.

En parlant de connexion directe et de futur, peux-tu nous parler de ton projet d’art thérapie pour finir ?

J’ai décidé de m’inscrire à la formation d’art thérapie proposée par le centre d’étude de l’expression à l’hôpital Sainte-Anne. J’ai toujours été intéressée par les sciences humaines en général car elles me permettent d’élargir ma compréhension du monde et d’en accepter sa complexité. Cette formation s’inscrit dans ce désir d’explorer les profondeurs de l’âme humaine. J’ai envie de donner plus de place aux modes de communication non-verbale. La matière, le geste et la théâtralisation peuvent être cathartiques, on peut imprimer dans la matière notre sensibilité, nos émotions, notre essence intérieure. J’ai aussi envie de partager mon amour pour la couleur et d’échanger avec d’autres personnes. C’est important pour moi de créer des espaces pour exister autrement. C’est aussi ce que je crée dans mes peintures, des espaces de liberté en 2D.

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