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Alex Van Pelt, le post-romantisme en musique

Alex Van Pelt, le post-romantisme en musique

Alex Van Pelt x Manifesto XXI

Retour avec Alex Van Pelt sur son premier album, Tum Tum, manifeste des interactions amoureuses post-internet.

Vous avez peut-être déjà entendu une de ses musiques, un titre du groupe annécien et antifolk Coming Soon, ou un track de Mont Analogue, dont l’album éponyme (2016) est entre electronica vintage et krautock. Alex Van Pelt, penché seul sur la lumière bleue de son ordinateur, invente aussi des chansons d’amour façonnées par l’ère digitale.

« J’ai commencé la musique avec Coming Soon quand j’avais 15 ans : c’est ma famille pour toujours et c’est avec ce groupe que j’ai appris à écrire des chansons. Avec Mont Analogue on s’est intéressé à l’électronique et l’aspect plastique de la musique, réfléchir à l’idée de textures et sculpter des sons. Alex Van Pelt c’est encore un autre espace de mon cerveau. »

Tum Tum

Son premier album Tum Tum sortait au début du mois de mars 2019. Les synthés donnent aux huit titres une bonne teinte retro, cristallisée par son élocution Frank-zappienne. Ce qu’on pourrait prendre pour une filiation à la retro pop anglaise viendrait plus d’une lignée d’influences américaines. Des artistes comme Love ou Jonathan Richman ont marqué l’artiste, « des mélodies et des textes sont toujours ultra immédiats et simples, mais profonds en même temps », impact qui se retrouve dans sa qualité de parolier.

Est-ce que Alex Van Pelt c’est un héritage, un frère, ou un lointain cousin de ses autres groupes ? « Un peu tout ça à la fois ! Tout se mélange, et je n’aime pas trop compartimenter les choses… » On retrouve certes un peu des nappes sixities de Coming Soon, un peu des sons expérimentaux de Mont Analgogue, mais Alex Van Pelt reste un projet singulier et novateur.

« Oui, Tum Tum c’est un bruit. Un son doux et percussif à la fois. C’est aussi le surnom d’un des trois ninjas dans Ninja Kids, le film qui m’a le plus marqué quand j’étais petit. C’est un mot à répétition, qui fait un peu parti de ma vie, sans que j’arrive à vraiment le définir. »

Alex Van Pelt x Manifesto XXI
La pochette de l’album Tum Tum.

La vibe vintage et nostalgique de l’album est contrebalancée par une thématique syncronique de notre temps, la problématique des relations humaines en temps post-internet. Tum Tum pourrait être le bruit d’un cœur qui bat, d’un cœur métallique.

Alex Van Pelt prend son temps pour chanter. Des textes sur la communication 2.0, désabusés sans être critiques, sans aucun côté « c’était mieux avant ».

« Je ne suis pas nostalgique, mais il y a sûrement une mélancolie qui se dégage de mes morceaux. J’essaye d’aborder nos vies ultra connectées sous un angle poétique, sans jugement ni critique. Tous les mots quotidiens qu’on utilise pour parler d’Internet sont très inspirants et un peu mystiques si on revient à leur sens premier. »

« No Signal », « Computer Screens », « Interactions ». Le chanteur aborde dans ses tracks aux titres explicites la manière dont les être humains entreprennent de se lier aux autres. Une ambition atemporelle, mais si la fin reste la même, les moyens changent.

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« Il y a une poétique de la technologie. L’humain essaye toujours de se lier, mais maintenant il peut le faire par le biais de la machine, c’est ça qui me fascine. Quand bien même la relation se passe sur une plateforme virtuelle, le sentiment reste réel, je trouve ça beau. »

Le romantisme à la victorienne est mort ? Probablement oui ! Mais le romantisme de manière plus globale existe encore je crois, sous une autre forme, via le wifi.

Alex Van Pelt x Manifesto XXI
« Sans aucun ordre ni cohérence, les derniers artistes que j’ai écouté sur mon téléphone : Laraaji, Johan Papaconstantino, et Lorenzo Senni. Gros plaisir quand tu marches dans les rues désertes. »

Un projet solo sur la question des interactions

Alex Van Pelt compose sur ordinateur, dans sa chambre, dans un van ou dans une chambre d’hôtel ; un processus selon lui naturel quand on compose seul. « La solitude c’est important pour pouvoir parler de choses intimes. » Après avoir enchaîné les tournées ces dernières années, moments de fêtes où l’on n’est jamais seul, il a ressenti le besoin de s’isoler : « me retrouver seul après toutes ces interactions pour mieux pouvoir en parler. »

Le dénouement de ce processus est pour l’artiste un album « post romantique et bonne ambiance au soleil ! » La postérité qu’il lui souhaite ? Qu’on pleure en dansant, ou qu’on danse en pleurant, sur une de ses chansons. À vous !

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