Le duo français Gargäntua revient aujourd’hui avec un nouveau clip vidéo qui illustre le morceau « J’ai faim ». Ce dernier titre clôt un premier chapitre musical amorcé avec les titres « Mohammed je t’aime », « Rends l’argent » ou « Delirium », et annonce un nouvel opus de sept titres, Faim du game, à venir au mois de juin.
Gargäntua s’éloigne de la mise en scène habituelle du clip techno ou rave en choisissant d’en prendre le contre-pied. Il n’y aura pas d’images de fêtes bondées ou de corps transpirants qui s’entremêlent, mais une salle vide à l’extrême. L’absence de profondeur de champ et les lumières colorées rappellent davantage une scénographie de théâtre contemporain minimaliste à la manière du décor des Illusions comiques d’Olivier Py. Ce choix esthétique fait écho de manière symbolique et presque sarcastique à la culture MTV qui prône le consumérisme comme valeur première. Cette théâtralité, on la retrouve aussi dans la façon dont les membres du groupe, J4N D4RK et GOD3FROY, se représentent le visage maculé de blanc et le corps revêtu d’une toge noire. Prisonniers d’un jeu des apparences véhiculé par une société de consommation.
C’est dans ce hiatus entre la mise en scène contemporaine et le costume antique que le projet de Gargäntua se révèle le mieux. Il est question d’inviter celle ou celui qui écoutera à danser sur un morceau électronique, tout en effectuant un travail de modernisation poétique par les paroles. L’écriture répétitive de Gargäntua est à interpréter comme une façon d’insister sur la voracité que le groupe évoque, la métaphore de l’appétit fait ici référence à l’expression d’une insatisfaction expansionniste. Le huis clos accentue l’appel à la révolte musicale que transmet le groupe, GOD3FROY et J4N D4RK brisent la cage dans laquelle ils partagent le rôle de prisonnier et de geôlier.