Dans son nouveau titre et clip « Débordement » extrait de son dernier EP One World One Shit, le producteur, dj et chanteur Jardin traduit en son et en images le climat anxiogène d’une époque de crise généralisée et la rage combative et créative de la jeunesse moderne.
Oeuvre inspirée (à l’instar du reste de l’opus) par Chris Korda – un artiste, développeur et activiste punk antinataliste, transgenre et vegan au cœur de l’Amérique consumériste des années 1990 -, « Débordement » de Jardin frappe auditivement et visuellement par sa radicalité, son innovation et son engagement politico-social.
Musicalement, le morceau (produit par Security DJ) oscille entre influences électronique, rap et punk, alliant des rythmiques syncopées à un débit de paroles aussi soutenu que revendicatif, sur fond d’arpégiateurs angoissants, de basses grondantes et de résonances noise et acid. L’atmosphère a quelque chose de malaisant, laissant comme un goût de fête morbide. Un groove glacé se déverse, tel une régurgitation douloureuse suite à une overdose de bêtise humaine.
« Y a tellement pas de liens, qu’est-ce qui nous retient de pas manger les autres au lieu de ronger nos freins, tu vas manger ma joie, boire le sang des sistas »
« On reste serrées les unes aux autres dans ce virage »
Ici et là, des pancartes affublées de slogans ponctuent l’image, faisant écho au discours vocal de l’artiste. Véganisme, sororité, diversité et visibilité des identités et sexualités, engagement, régénération des liens ; autant de thèmes qui font écho aux préoccupations de la nouvelle jeunesse sociale, écologiste et humaniste. De part et d’autre de l’artiste à l’allure androgyne, des populations queer et des décors de squats, incarnations architecturales et humaines des franges marginales et alternatives de la société capitaliste consumériste.
« On porte l’histoire, on brûle, on chante les soirs on arrache la lune jusque dans les étoiles »
Transcender l’agonie ambiante par la poésie, la créativité et l’engagement, voilà sans doute la décharge positive que peut nous infliger cette piqûre artistique une fois l’impact digéré.
« Et du fond de la nuit, on chante la puissance et la vie, quand on arrive en ville, y a comme un débordement dans la piscine, débordement, le monde demande, débordement »