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Fishbach. On va vibrer

Fishbach. On va vibrer

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Fischbach en allemand signifie « le poisson qui remonte le courant ». Fischbach c’est mon nom de famille, je suis fière d’être une Fischbach. J’ai enlevé le « c » parce que j’aime vraiment beaucoup ce côté « fish ».  Je vais à contre-courant en revenant aux origines, en composant la musique que mes parents auraient pu écouter il y a quelques années.

Je suis au Point Ephémère, je rencontre Flora Fischbach (alias Fishbach), nouvelle recrue du label Entreprise.

La nuit, l’obscurité

MXXI – Qu’est-ce que la nuit représente pour toi ?

Dans ma musique, elle représente la liberté, la solitude et tout un tas de possibilités. Je compose souvent la nuit. Pour certains ça pourrait représenter plus la fête, pour moi la réflexion. Quand les magasins ferment et que les rues sont vides j’aime me balader, cette atmosphère me plaît, je sens que la ville est à moi.

MXXI – Qu’est-ce qui est typique des nuits parisiennes ?

Là par contre c’est différent ! C’est la fête. C’est plus facile d’aimer la nuit quand on est amoureux aussi. Donc la nuit parisienne pour moi c’est la fête et l’amour.

MXXI – Quel est ton rapport à la souffrance ? Faut-il souffrir pour créer ? 

Quand je suis en chagrin d’amour je ne suis pas la plus productive… je peux écrire pas mal de choses pour les utiliser plus tard. Mais je suis une mauvaise musicienne quand je suis triste. J’accepte la souffrance, je sais qu’il y a un après et que ça ira mieux… et aussi, parfois quand on est triste il y a une espèce de nostalgie qui est agréable au fond. Donc non, je pense pas qu’il faille souffrir pour créer. C’est vrai qu’il y a des histoires qui m’ont particulièrement marquée, d’en parler après coup m’aide à les assimiler. Comme une sorte de thérapie.

MXXI – Quand j’écoute ta musique je vis une sorte d’expérience de purification. C’est très introspectif, un mélange de violence et bonheur. Un morceau se termine et je me retrouve essoufflée, je sens que ça m’a fait du bien. La plongée dans l’obscurité est-elle synonyme pour toi de purification ?

Oui c’en est une. Et tu viens de tout résumer (rires). 

MXXI – Une nuit parfaite d’après toi ?

Une nuit avec les gens que j’aime. Avec mes amis et l’homme que j’aime, quand je suis amoureuse d’un homme. Je disais tout à l’heure que la nuit incarne la solitude, ma solitude, un état d’esprit que j’ai choisi de vivre. Néanmoins, elle peut tout aussi représenter la compagnie de ceux qui sont importants pour moi.

MXXI – Donc tu ne dors pas beaucoup la nuit au final…

Non je ne dors pas beaucoup tout court !

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Le purgatoire

MXXI – J’ai lu quelque part que la petite chambre où tu composes ta musique chez toi est surnommée « le purgatoire »…?

C’est une blague ! J’étais dans un groupe de musique avant, le mec était complètement barré et c’est comme ça qu’il a surnommé ce lieu. Dans le purgatoire il y a l’idée de descendre aux enfers ou bien monter au paradis, je purge mes trucs là-bas.

MXXI – Est-ce que tu es une personne violente ? Es-tu « vener » ? 

Pas vener, mais nerveuse. Violente j’espère pas, mais je suis assez virulente. C’est avec la musique que j’exprime ma sensibilité.

MXXI – Tu as été chanteuse punk…

Ouais ! Justement, le gars avec qui on avait le groupe était tout calme dans la vraie vie et puis il devenait un fou sur scène, je pense avoir hérité un peu de ça.

MXXI – Tu as arrêté les cours à 15 ans, tu as été chanteuse punk, ta chambre s’appelle « le purgatoire », tu écris des chansons déchirantes… tu as eu une adolescence troublée ?

Ouais. Ma pré-adolescence a été difficile. L’adolescence ça a été mieux parce que je gagnais ma vie, j’étais chez mes parents, je faisais ce que je voulais, donc le luxe. Mais avant ça a été super dur, c’est pour ça que j’ai arrêté l’école. J’étais assez solitaire. Ensuite je me suis fait un tas d’amis et je suis devenue plus extravertie.

MXXI – Est-ce que selon toi il y a quelque chose après la mort ?

Je suis complètement non croyante. Mais une fois une medium m’a dit que j’étais une « vieille âme ». C’est intriguant, en effet j’ai déjà eu le sentiment d’avoir déjà vécu dans une autre époque. Peut-être que je suis là maintenant dans la mort d’une autre vie… c’est assez bizarre, je sais. J’ai eu cette sensation avec d’autres personnes, comme s’ils avaient déjà vécu beaucoup malgré leur jeune âge. Cela n’a rien à voir avec le fait d’être jeune dans sa tête… je ne sais pas comment l’expliquer.

MXXI – Je sais que tu as déjà joué dans des églises… dans quel état d’esprit étais-tu ?

Oui ! Une expérience incroyable. Il y a une très bonne acoustique. Je suis athée mais la religion m’a toujours fascinée… cette démesure qui mène les humains à construire d’aussi beaux édifices en laissant crever la population m’intrigue. Au-delà de ça, c’est vrai que c’est super beau au niveau de l’architecture pure.

3 - FISHBACH _ crédit Mélanie Bordas Aubiès

Entreprise, Niagara, la cold wave et le post-punk

MXXI – On t’as déjà comparée à Niagara, non ?

Oui ! Et pourtant je ne connais pas si bien que cela. J’adore leurs tubes, j’aime sa voix mais je ne connaissais pas vraiment avant de créer. Mais évidemment, Niagara c’est ouf.

MXXI – Ton parti pris vocal est assez particulier. D’où te vient-il ?

C’est vrai. D’ailleurs je ne chante pas toujours pareil. Quand je veux parler de quelque chose qui me fait peur (le téléphone dans Tu vas vibrer par exemple), j’adopte une voix très profonde. Quand je veux chanter la joie d’être dans les bras de celui que j’aime, je prends une voix plus sereine et douce. Je suis un peu too much comme fille, c’est tout blanc ou tout noir, je vis à fond les choses. Donc en appuyant certaines intonations j’appuie une émotion aussi.

MXXI – Il y a des résidus de punk dans ta musique, j’ai l’impression…

Cool ! (rires)

…je me demandais donc quelle est la place de la musique post-punk et de la cold wave dans ta création ?

Ce sont des sonorités qui me plaisent beaucoup en effet. Quand je commence un nouveau morceau et fais mes recherches, je tombe souvent sur des sons cold wave, années ’80, c’est simplement les sonorités que j’aime en ce moment. Ma culture musicale vient du collège, mes amis écoutaient du rock par exemple. Elle a été pas mal nourrie par les jeux vidéos aussi, par exemple Tony Hawk, un truc de skateboard. Dedans t’avais du rap US et beaucoup de rock… c’est ainsi que j’ai découvert les Ramones. Ce « hey oh, let’s go » est absolument génial.  Parfois la publicité m’a aussi inspirée, il y a des musiques de pub vraiment bien. Donc après tu vas sur musiquedepub.tv et tu retrouves toutes les musiques, j’ai découvert plein de bons trucs comme-ça.

MXXI – Comment tu imagines ton univers scénique ?

Je veux assumer le côté « fille toute seule sur scène » à fond. Et insister sur la bande : qu’elle soit présente sur scène, quitte à avoir un magnéto à bande, un robot, une télé. J’adore avoir la scène pour moi toute seule, je suis pénarde. Je pense que je ne serais pas agréable pour travailler en groupe, car je sais exactement ce que je veux.

MXXI – Tu veux quoi ?

Faire de belles chansons !

MXXI – Tu as fait de la danse ?

Non, je suis une danseuse ratée. J’ai essayé mais j’arrivais pas à comprendre le truc.

MXXI – Il y a quelque chose de cinématographique dans ta musique. Faire de la musique pour le cinéma te brancherait ?

Voir Aussi

À fond. Chercher comment appuyer un propos visuel avec de la musique est quelque chose de très intéressant. Il y a des films que je ne regarde que pour la musique. Dans certains films français comme ceux de Louis de Funès il y a des thèmes géniaux qui m’ont marquée. Notamment celui de La soupe aux choux, un film franchouillard où deux hommes perdus au fin fond de la campagne invoquent les extraterrestres en pétant. Je te jure que c’est génial ! La musique de Le Père Noël est une ordure est aussi ultra marquante.

MXXI – Tu chantes en français et tu ne cites que des films français, tu aimes ta langue ? Tu penses quoi de la scène francophone émergente ?

Je trouve ça très cool parce que la variété française, ce qui passe à la radio, c’est souvent de la soupe. Il n’y a pas de thèmes forts, c’est musicalement pauvre. Maintenant il y a plusieurs groupes émergents qui chantent en français avec les codes anglo-saxons… c’est décomplexé, on est moins dans la recherche d’un français poétique mais on sait dire de belles choses tout en faisant de la musique contemporaine et captivante.

MXXI – Comment s’est faite la rencontre avec Entreprise ?

C’est mon ami Dimitri, qui est devenu mon ingé son, qui m’a encouragée à faire écouter mes maquettes. J’osais pas trop, alors lui il a tout envoyé chez Entreprise. Michel, du label, est venu me voir deux jours après en concert et la semaine suivante on discutait déjà d’un contrat. C’était la bonne rencontre au bon moment. Merci Dimitri !

MXXI – Ton EP sort le vendredi 6 novembre. Tu es stressée ? 

Non je suis heureuse ! Après tu as toujours un peu peur quand tu délivres quelque chose de toi, quand tu envoies un message d’amour à quelqu’un… est-ce qu’il va te répondre ?

MXXI – Ah donc c’est un message d’amour ! 

Oui plutôt, c’est un message d’amour.

MXXI – Quelle est ta chanson préférée de l’EP ? Une chanson manifeste ?

J’aime beaucoup Tu vas vibrer. J’ai une voix assez particulière dans cette chanson, une voix très grave. Elle parle de ma phobie du téléphone. Au sens premier, on pourrait croire que c’est une allusion sexuelle, on peut jouer sur les deux tableaux.  En tout cas, avant j’avais du mal à décrocher au téléphone, même à passer un coup de fil, ne serait-ce que pour prendre un rendez-vous chez le médecin. Et les entretiens d’embauche par téléphone c’était le pire, des fois je bafouillais, je disais des conneries, alors qu’en live je n’ai aucun mal à parler aux gens. Sinon, j’aime beaucoup chanter Mortel.

MXXI – Petite question mode. Tu portes une pince en forme de France sur ton manteau. Pourquoi ? T’as pas peur ? (rire)

Non, je sais qu’on peut penser du coup que je suis nationaliste et facho, mais c’est simplement de la provoc’. J’aime la France. Je connais bien la France, j’ai voyagé partout pour mon travail et c’est toujours surprenant. Je suis fière de ma nationalité, j’adore mon pays. Aujourd’hui dire qu’on aime la France est dangereux parce que les symboles de notre pays ont été monopolisés par le Front National. Mais je n’ai rien à voir avec ça, je suis de gauche. Enfin, je pratique l’abstention parce que je trouve qu’on ne fait que choisir notre roi et notre élite sans vraiment les choisir au final. Je respecte qui fait des grandes écoles et qui veut faire de la politique mais je trouve cela stupide qu’on dise à ces jeunes qu’ils sont les meilleurs juste du fait qu’ils ont intégré une école d’élite alors qu’ils ne connaissent encore rien à la vie. Je pense donc que l’abstention pourrait constituer un vrai moyen de contestation.

MXXI – Dernière question, pourquoi as-tu quitté l’école ?

Parce que c’était pas stimulant. On n’apprend pas à vivre, on n’apprend pas à s’exprimer, à chercher son bonheur. J’ai vu des gens sortir de super bonnes écoles et ne pas trouver de travail, ne pas être heureux. Tout ce qu’on veut est de rendre les gens aptes à trouver une place dans le marché du travail. C’est juste pas pour moi. Je vais galérer ? C’est pas grave.

Crédits photos : Mélanie Bordas Aubiès

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