Si le premier titre de Tarek X, « Faeries » questionnait avec brio la communauté et le sentiment d’appartenance, le nouvel EP I-V de l’artiste s’inscrit dans une démarche réflexive à nouveau mené par le producteur Gérald Kurdian, créateur de Hot Bodies of the Future.
Envisagé à, la fois comme un label, un média, une maison de production, l’objet transdisciplinaire de Hot Bodies of the Future s’accompagne de la mise en ligne de formats audiovisuels audacieux dont Tarek X est l’alter ego. Une hydre à quatre têtes ambitieuse pour un projet irrévérencieux. « Witch Bitch », premier épisode TV hosté par l’artiste est une vibrante déclaration à la femme, aux sorcières et aux fameux B***** Word, qu’il honore et célèbre, lui offrant ses lettres d’or. Un alliage hybride entre sons techno, images fortes et discours ethnologique à découvrir absolument. Il s’inscrit dans le dernier EP I-V de l’artiste avec 5 autres titres aussi puissants. Mais « Witch Bitch » est la pièce maitresse de ce disque.
Une série de vidéos pensées comme un projet visuel globale/web TV ? C’est le défi relevé par Hot Bodies of the Future. Un épisode qui questionne sur les liens indissociables entre les entités qui compose la femme, et sa liberté. Arrangé par Apollo Noir, l’acid techno 90’s cherche à réveiller/ libérer une énergie sexuelle dans un esprit punk et festif. Pourquoi ? Célébrer les sorcières et les bitchs comme des éléments libres et impalpables, symbole d’une émancipation retrouvée.
La sorcière comme martyre de la société patriarcale impuissante face à l’indépendance. Symbole de l’animal sauvage indomptée par le joug masculin, la sorcière s’émancipe des codes hétéro-normés et sociaux inculqués par l’éducation archaïque, qu’elle combattent- consciemment- ou pas- dans un rejet des conventions ( dois belle et tais toi ?) . Être « Bitch » c’est revendiquer sa puissance sexuelle comme atout de son identité première. Se libérer du regard assouvissant de la société qui nous assène avec Tarek X sur un thème musical obsédant : l’effet est TO-TAL. Ne jamais dépendre d’un regard autre que le sien et prendre en figure de proue des personnages historiques insoumis comme Rome, Diane, Artémis, qui existent indépendamment de toutes figures masculines. Tarek X réussit son pari : à la fois éducatif, transcendant, hypnotisant, « Witch Bitch » est une ode parfaitement réussie à la libération des corps et à la danse toujours, comme expression première d’une pulsion vitale. Climax atteint lorsque la définition de Bitch est donné par une sexagénaire “Being in total Control, Honey”et non le contraire. Merci.
Crédits Photo : © Gerald Kurdian