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Un weekend au Levitation France

Un weekend au Levitation France

Ça faisait un moment que l’on voulait se rendre au Levitation France, qui chaque année, depuis cinq ans, régale les fans de rock psyché avec des groupes qui appellent à l’évasion et tordent le cerveau en bretzel devant des visuels kaléidoscopiques.

On s’est donc rendu à Angers, le cœur léger à l’idée de s’immiscer dans le plus grand rassemblement de t-shirts Sleep d’Europe. Plus sérieusement, on avait hâte de voir Bo Ningen et tant mieux, parce que c’est le premier concert sur lequel on est tombé. Caution bizarroïde du festival, les Japonais ont délivré un rock psyché qui leur est propre, hyper bruyant et presque sensuel. Le bassiste et chanteur, Taigen, fait tournoyer sa basse dans les airs, tire la langue, fait des grimaces et s’abandonne sur scène. Probablement une des plus belles performances du Levitation, qui aurait mérité de se prolonger durant des heures. Sans transition, on a vu The KVB, duo synthé/guitare aux jolies mélodies un peu shoegaze, un peu dark wave. La recette est très simple mais on se prend vite au jeu et on est même agréablement surpris par une reprise de « Sympathy for the Devil » des Rolling Stones.

Bo Ningen

Group Doueh & Cheveu, on en avait beaucoup entendu parler mais jamais vu en live. A priori, on était conquis par le concept : le groupe français Cheveu qui rencontre Group Doueh, formation saharienne qui mélange répertoire traditionnel et envolées psychédéliques. Ça donne une rencontre entre deux mondes, deux cultures avec d’un côté la voix puissante et enivrante de la chanteuse Halima Jakani et de l’autre le synth-punk énervé de Cheveu. Slowdive était aussi de la partie, avec des titres issus de leur dernier album mais aussi des tubes des 90s comme « Crazy for You » et « When the sun hits » qui sont toujours plaisants à entendre en live. On aime bien Slowdive mais on trépignait d’impatience à l’idée de voir Acid Mothers Temple, collectif japonais regroupant des formations multiples aux musiciens charismatiques. Ce soir là, il y avait le guitariste Kawabata Makoto, le claviériste Higashi Hiroshi et le guitariste Tabata Mitsuru, plus looké que jamais. Tels des sorciers venus d’une autre planète, ils alternent entre impro, expérimentations et morceaux mythiques comme le magnifique « Pink Lady Lemonade ».

Group Doueh & Cheveu

Deuxième jour du Levitation après une nuit passée dans une auberge de jeunesse un peu miteuse. On fait une visite express d’Angers, avec ses jolies églises et son Mcdo, puis c’est reparti pour une journée de concerts qui commence avec Elephant Stone, le groupe canadien qui mélange éléments de musique traditionnelle indienne et rock psyché 60s. Ensuite on a vu CFM, le projet solo de Charles Moothart, étroit collaborateur de Ty Segall et guitariste de Fuzz. Le roi du riff venait présenter son dernier album Dichotomy Desaturated lors d’un concert hyper efficace qui a mis tout le monde d’accord. On a pu poser quelques question à Moothart, après sa performance, du coup on a raté The Holydrug Couple mais on a une belle interview que vous retrouverez bientôt sur le site.

Il est vingt-deux heures dix, les new-yorkais de Beach Fossils rentrent en scène et ouvre le concert avec l’un de leur titres phare « Generational Synthetic » de leur troisième album, Clash the Truth. Le morceau commence tout juste qu’il va bientôt être interrompu pour cause de problème technique. Dustin Payseur s’impatiente, il n’a plus de retour son sur sa guitare, les techniciens se dépêchent et les fans font entendre leur excitation. Plus de peur que de mal, le concert reprend de plus belle quelques minutes plus tard avec « Shallow ». Noyé par la douce mélancolie propre à leur son, la magie opère et nous avons déjà oublié le petit incident. « Down the line », « Saint Ivy », « Sugar », « Be Nothing »… le groupe inaugure en live leur dernier album Somersault et nous fait découvrir leur évolution vers un son plus complexe et plus riche. On retiendra le délicat « Sleep Apnea » comme l’un des plus beaux moments du concert.

Acid Mothers Temple

A Place to Bury Strangers livre ensuite une performance incroyable, énervée et bruyante, qui laisse un public abasourdi s’abandonner au mur du son. Explorant le côté sombre du rock psyché, le groupe est là où on ne l’attend pas, finissant le concert à même le public, les écrasant de leur noise brutale. Après cette belle claque, c’est au tour des Black Angels, parrains du festival et créateurs du Austin Psych Fest. Les festivaliers sont au complet devant la scène, qui prend des allures de cérémonie, éclairée par les grandes baies vitrées du Quai d’Angers. Une fin en apothéose pour un festival qui a su tenir ses promesses.

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