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Regarde le son : « Yo Vogue » de French Fries

Regarde le son : « Yo Vogue » de French Fries

Regarde le Son : La chronique qui met en parallèle oeuvre d’art et morceau de musique.

La mode est glamour, mais la mode est fun. Elle respecte des codes, qu’elle ne cesse de transgresser. Et pour l’illustrer, redécouvrons la couverture du Vogue US du 1er avril 1950 sur le titre Yo Vogue de French Fries.

1950. La mode s’apprête à vivre une de ses plus grandes révolutions : le prêt-à-porter. Le monopole des grandes maisons de Haute-Couture touche à sa fin. Vogue est le leader de la presse spécialisée dans la mode, et évolue également : les dessinateurs et graveurs cèdent leurs places aux photographes et mannequins et les séries de photographie deviennent le nouveau standard du magazine de mode.

Couverture du Vogue US du 1er avril 1950 – Photographe Irving Penn

2010. La French Touch 2.0 portée par les labels Ed Banger et Kitsuné s’essouffle, et la scène Bass-music renaît de ses cendres portée par une nouvelle écurie : CleckCleckBoom. Avec le Social Club comme temple de cette nouvelle vague, la scène émergente est plus radicale dans ses sonorités, épurée dans ses mélodies ; Underground en paraître, mais chic et glamour dans son essence.

Peu après la Seconde Guerre Mondiale, le photographe Irving Penn revient chez Vogue et illustre de nombreuses couvertures qui feront rentrer le papier dans l’histoire de la mode. Avec la suédoise Lisa Fonssagrives comme muse, ses oeuvres sont épurées, en noir et blanc, représentant une femme froide, mais forte. Le classique est source d’inspiration (il réalise ses séances photographiques pour la mode uniquement en studio), mais ses modèles en tant qu’individus sont mis en valeur : la mode n’est rien sans ceux qui la porte, et voilà pourquoi Irving Penn bouscule les codes de l’image de la mode et amorce un tournant .

Future poule aux oeufs d’or du label CleckCleckBoom, French Fries sort le titre « Yo Vogue » sur la maison américaine DirtyBird en 2012. Ce morceau de Bass Music porté par le sample « I wanna see yo Vogue, bitch » (que l’on pourrait traduire par « Je veux voir ton Vogue, s*****») montre que le jeune français souhaite faire son pied de nez à cette industrie, et à ceux qui la représente. Mais là où comme Irving Penn a bousculé les codes de son art, French Fries sort du sentier battu en insérant en plein milieu de son morceau à 130 BPM, une interlude Trap, qui font alors côtoyer deux univers que tout opposait. Et l’alchimie fonctionne à merveille.

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Irving Penn et French Fries ont tous deux assurés une mini révolution des règles dans leur univers et à une époque de transition. Le photographe américain a transformé à jamais l’image de la photographie de mode, et le musicien français a apporté une des premières briques du pont réunissant le monde Techno et Hip-Hop dans les années 2010.

Retrouvez la première chronique de Regarde le son, dédiée à

« Rockall » De Molécule.

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