Quelques pistes pour organiser la résistance face au fascisme.
Et ce même si le RN n’a pas la majorité absolue le 7 juillet.
1/ Ne pas perdre espoir
En ce moment historique, deux forces semblent s’opposer : le fascisme et la solidarité populaire (cf. notre interview avec Sarah Schulman). Si nous continuons à porter haut notre joie, nos amitiés et nos amours queers, nous donnerons à d’autres envie de nous suivre, car l’extrême droite est, au contraire, basé sur la peur et l’isolement. La solidarité est le mot d’ordre des années à venir.
2/ se réunir les soirs des élections et les jours d’après
Ne restez pas seul·e le soir des résultats, faites quelque chose qui vous fait du bien et pleurez autant que nécessaire. Soyez entouré•es et continuez ces moments de soin le plus possible avec vos familles choisies. Prenez régulièrement des nouvelles de vos ami·es, en particulier si celleux-ci sont vulnérables psychiquement ou plus exposé·es aux risques d’agression racistes, validistes et homotransphobes.
3/ soin et repos
La lutte va être longue et nous pouvons faire seulement ce qui est à notre portée. A chacun·e selon ses moyens, chaque action compte. Cultivons des espaces de repos et de soin pour nous et pour nos proches. Gardons une bonne hygiène de vie pour garder la tête froide. Nous pouvons aussi nous organiser pour agir localement et concrètement au quotidien en dehors du virtuel. Cela nous permettra de ramener la lutte à une dimension humaine. Face à une idéologie qui prône isolement et méfiance, soulignons l’importance du collectif et de la confiance.
4/ repenser notre rapport aux réseaux sociaux
Les plateformes capitalisent sur nos émotions. Les algorithmes ont un biais raciste, grossophobe, transphobe… Ils favorisent certains profils, ceux qui sont « dans la norme » (c’est particulièrement vrai sur Insta) et créent des effets de halo qui distordent notre esprit critique. En bref, pour citer Audre Lorde : « On ne peut pas vaincre le maître avec les outils du maître. » S’il ne s’agit pas d’arrêter de les utiliser, pensons à comment mieux partager l’espace avec nos adelphes pénalisé·es par les algo : favorisons la collaboration et au lieu de produire sans cesse du nouveau contenu, aidons à visibiliser celui des autres.
5/ protéger son identité en ligne
Pour éviter hacking, harcèlement, violences. Ce point est particulièrement important pour les activistes, journalistes et personnes publiques.
6/ rejoindre des organisations politiques, antifa ou syndicales
Et au sein de ces organisations, continuer de s’éduquer sur les formes d’oppression que l’on ne vit pas, pour consolider les convergences des luttes. Nous appelons un maximum de personnes et organisations à signer l’appel pour un Front Populaire antiraciste, seule voie possible pour combattre la droite et l’extrême droite. Liste des orgas antifa de toutes les régions dispo sur le site du collectif la Horde.
7/ chercher des récits de résistance hors de France
Cela fait des années que le fascisme monte dans tout l’Occident. Les pays où l’extrême droite a pris le pouvoir ne sont pas juste « des pays fascistes » mais aussi des pays de résistance à prendre en exemple. Cesser d’avoir une vision franco-centriste de l’histoire permettrait de ne plus se penser comme les seul•es protagonistes d’une actualité qui dépasse largement la France. A partir de là, nous pouvons chercher à tisser des liens de solidarité internationaux, lire les récits d’autres peuples et penser des solutions globales.
8/ défendre nos institutions
Tout projet de réforme électorale ou institutionnelle devra être suivie avec la plus grande attention. Car, comme l’a rappelé la sénatrice Mélanie Vogel chez Mediapart : « La France est ultra-vulnérable à un choc autoritaire, parce qu’on a une hyper concentration des pouvoirs ». Selon une étude commandée par le groupe écologiste au Parlement européen, il faudrait 18 mois à l’extrême-droite pour détruite l’État de droit en France.
Ainsi, en Italie Giorgia Meloni souhaite modifier la constitution afin de transformer l’Italie en un régime présidentiel à la française, qui lui permettrait d’élargir ses pouvoirs…
9/ soutenir les médias indé et les créateurices de contenu engagés
Parce que l’information c’est la clé et que tout un pan du paysage médiatique est aujourd’hui verrouillé par les conservateurs et l’extrême droite. Les médias indépendants et créateurices de contenus engagés sont déjà menacés par l’extrême droite et cela va encore s’accentuer. Les journalistes, en particulier minorisés, ont besoin du soutien de leurs communautés, financièrement et humainement. Faire des dons (par ici pour soutenir Manifesto) et choisir à qui nous donnons de l’attention est un enjeu crucial.
10/ apprendre à se défendre et à protéger les autres
Il va y avoir de plus en plus d’agressions physiques dans les prochains mois et nous n’avons d’autre choix que de nous y préparer. Pour ça, organisons des ateliers d’autodéfense et en particulier entre personnes minorisées. A la rentrée donc, on s’inscrit dans des cours de boxe queer ! On vous invite aussi à regarder le film Les Rascals (de Jimmy Laporal-Trésor). Enfin, il sera important de penser à nos amixs PMR qui pourraient se trouver, en manif notamment, dans des situations de fragilité. Pour mieux lutter ensemble, mettons-nous toujours plus à la place d’autrui.
Pour aller plus loin : notre liste de lectures et de documentaires
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