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Octo Octa & Eris Drew : le guide de survie du DJ

Octo Octa & Eris Drew : le guide de survie du DJ

Depuis le début du confinement, le monde de la musique fait preuve de ruse et d’innovation pour se consoler des concerts et sets annulés ainsi que du report de festivals. Les artistes diffusent des livestream de chez eux pour activer nos pas de danse, le 20 mars Bandcamp acceptait pendant 24h de ne pas toucher de commissions sur les achats sur sa plateforme pour que toutes les recettes reviennent aux musicien·ne·s… Et puis, Octo Octa et Eris Drew ont écrit un guide pour nous occuper et nous épauler dans nos premiers pas de DJ !

Les DJs Octo Octa et Eris Drew sont réputées pour leurs b2b enflammés et groovy. En toute honnêteté, elles nous livrent ce petit guide publié via leur label T4T LUV NRG, pour apprendre à éviter les premières erreurs des DJ débutant·e·s, et savoir rester sincère à soi-même dans une industrie très consumériste qui fluctue en fonction des tendances. Elles ont organisé plusieurs ateliers ces dernières années qui ont prouvé l’importance de l’échange et de la communauté dans la musique électronique, qui permet l’amélioration technique et l’ouverture d’esprit. Si elles précisent que ces quelques paragraphes ne sont en aucun cas destinés à devenir un manuel de référence, nous en avons retenu quelques conseils de qualité, récapitulés ici pour attiser votre curiosité.

Bâtir sa collection

  • Avant toute chose, il faut faire le point sur l’ensemble des ressources qu’on va avoir à sa disposition pour mixer. Bien évidemment, cela regroupe les titres et disques que l’on collectionne tout au long de sa vie. Ces éléments précieux font qu’un·e DJ se distingue des autres car nous avons tous·tes des parcours musicaux bien distincts. Attention : Maya (Octo Octa) et Eris Drew mettent un point d’honneur à boycotter le piratage. Si certains morceaux sont plus rares à trouver sur internet, il suffit d’aller en dénicher le CD (souvent peu cher) et de le digitaliser. Sinon, se balader chez son disquaire local et flâner dans les bacs de 12 pouces peut s’avérer utile. Petite surprise ? Le disquaire « rock » semble souvent cacher plus de petits bijoux house ou dance en comparaison aux disquaires électroniques qui peuvent être trop sélectifs.
  • Pas de panique si vous n’êtes pas un fan du digging physique : vous pouvez également explorer les limites des algorithmes des plateformes d’écoute. Passez quelques heures à cliquer sur les sons proposés en évitant de vous fier aux esthétiques des EPs et albums (souvent construits par besoin de branding). Variez les plaisirs et votre éclectisme sera récompensé. De plus, vous aurez sûrement inconsciemment soutenu des artistes indépendant·e·s.

La mise en pratique

  • Maintenant que votre collection est bâtie, il faut passer à la pratique. L’accès à un matériel de qualité reste un luxe. Si vous avez des platines, il vous suffit uniquement de vous entraîner afin d’améliorer votre technique. Les deux DJs conseillent de se créer un environnement semblable au club pour pratiquer. Par exemple, vous pouvez disposer vos enceintes dans la direction opposée à vous afin de créer des résonances différentes.
  • Si vous n’avez pas accès à des platines chez vous ou dans votre entourage proche, vous pouvez tenter de contacter les clubs locaux. Parfois, certains acceptent de prêter leur matériel en dehors des heures d’accueil du public. Ça vous fera des contacts, et de l’expérience dans une salle un peu plus spacieuse. Pour celles et ceux qui auraient envie de s’y essayer sans forcément aspirer à en vivre, s’entraîner avec ses ami·e·s est une source de motivation. Les autrices tiennent toutefois à préciser que l’expérimentation en solitaire est importante car elle permet de se distancier des phénomènes de mode, et d’éviter le trop d’influence.
  • Ensuite, Octo Octa et Eris Drew reviennent sur le débat qui oppose puristes de la technique et convaincu·e·s de la sélection musicale. Selon elles, la maîtrise technique n’est pas essentielle : elles ont déjà été témoins de sets où le/la DJ excelle en technique mais n’arrive toutefois pas à ambiancer son public. Dans leur cas, elles ne jouent jamais entièrement préparées. Bien évidemment, il y a une base cohérente à avoir mais l’essentiel se retrouve dans le classement par BPM de votre bibliothèque. Ainsi, vous pouvez facilement piocher dans votre sélection tout en analysant le mood de la foule, ce qui demande de bien connaître ses sons afin de savoir improviser. Eris et Maya emportent chacune 80 vinyles en tournée et travaillent uniquement sur ces supports ce qui leur permet d’approfondir leur approche à chaque son au fil du temps et des expériences avec les publics.
  • Enfin, le guide met en avant la place de l’émotion dans un DJ set : surtout n’oubliez pas de vous faire plaisir ! Pour elles, il est important de rester authentique et se laisser guider par les sons que l’on aime. Cela semble évident, mais combien de fois a-t-on entendu le même track sur nos dancefloors, tel un effet de mode ? Aussi, ne vous cloisonnez pas dans un genre. Tout est possible dans un set ! Comme elles le disent : « Faites confiance à votre connexion à la musique et à l’espace. »

Techniques de club

Maintenant que vous êtes bien entraîné·e·s, pensez aux endroits dans lesquels vous voulez vous produire et ceux qui vous accompagneront dans votre aventure. Eris et Maya conseillent de trouver un lieu et en faire sa « maison ». Allez-y souvent, établissez vos contacts (ou liez des amitiés) qui par la suite vous épauleront par leur confiance. Si le club ou le social ne vous conviennent pas, vous pouvez également lancer de nouvelles initiatives telles des podcasts ou un collectif. Le mot d’ordre : rester intègre et respectueux·se malgré les tempéraments difficiles que l’on peut rencontrer dans l’industrie musicale. Votre réputation n’en sera qu’embellie.

Petit interlude technique, n’oubliez jamais les éléments suivants pour un DJ set réussi : votre casque, plusieurs clés usb et back-up (plan de secours), amenez vos propres cellules et feutrines. Si vous mixez sur vinyle, elles conseillent d’avoir ses propres poids de stabilisation et pieds d’isolation. Si les détails vous intéressent, on vous laisse lire le tout sur le guide (à partir de la page 19).

Pour clôturer ce guide approfondi, Eris Drew et Octo Octa nous rappellent d’éviter les excès. Jouer en club, c’est un travail à part entière. Selon elles, l’abus de substances peut altérer nos perceptions sonores et impacter négativement la fluidité et qualité de notre set.

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Vous pouvez retrouver le guide traduit par Xavier Paufichet et Charles Pasteur ici.

Crédits Photo : ©Kasia Zacharko

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