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Meghan Markle, 8 mars, Ignorance : Revue de presse #8

Meghan Markle, 8 mars, Ignorance : Revue de presse #8


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Bien s’informer, c’est important mais ça demande du temps. Alors chaque lundi, la rédaction de Manifesto XXI vous présente sa revue de presse pour bien commencer la semaine. Dedans, retrouvez des infos essentielles, des enquêtes marquantes, des débats, des images fortes, des actus queers et féministes…

8 mars confiné, 8 mars gratiné : voici notre grand debrief de la semaine qui vient de s’écouler. 

On revient tout d’abord sur la décision de Libé de mettre la lettre d’un violeur à la Une, pile pour le journée des droits des femmes. Une décision qui a dû faire se retourner dans sa tombe Clara Zetkin, socialiste à l’origine du 8 mars, dont on vous parle dans notre rubrique Matière à penser. Ailleurs, la séquence transphobe chez Quotidien et la poussive cérémonie des César nous ont aussi rappelé·es pourquoi on ne regardait plus vraiment la télé (française). La bêtise, c’est finalement un peu le fil rouge de cette semaine que l’on termine avec la recommandation d’un docu brillant, La fabrique de l’ignorance, pour contre-balancer.

La semaine en bref

Sexisme dans le journalisme – Reporters sans frontières publie à l’occasion du 8 mars un très bon rapport sur le journalisme face au sexisme, réalisé à partir d’un questionnaire envoyé à des correspondantes de 130 pays. En s’appuyant sur des pourcentages et des témoignages, il détaille de façon claire et pertinente les types de violences subies par les femmes journalistes (à 84% du harcèlement sexuel) et les lieux d’exercice de ces discriminations. En 2021, le danger ne s’exerce plus seulement sur les terrains de reportage mais aussi largement sur le web (73%) et au sein même des rédactions (58%). Le rapport met également en évidence le caractère intersectionnel des discriminations, aggravées par le racisme (36%), la lesbophobie (36%) ou encore les injustices basées sur la religion (29%). L’enquête démontre les conséquences directes des violences sexistes sur les vies personnelles et professionnelles des journalistes et comment cela impacte profondément le pluralisme de la profession.  

Libé – Les Unes de Libération sont très souvent attendues et appréciées. Autant dire que ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, c’est l’incompréhension. Le journal décide de mettre en avant l’euthanasie et la lettre de Samuel, violeur d’Alma, ex-étudiante de Sciences Po Bordeaux. Dans un article du blog Mediapart signé Lénaïg Bredoux et dans Causette, les problèmes soulevés par cette Une y sont développés. Nous relèverons en premier lieu le manque d’accompagnement de cette lettre par un travail journalistique et des choix éditoriaux de (très) mauvais goût.

Info en ligne – Lundi, l’institut Descartes publiait une étude sur le temps passé en ligne, basée sur l’historique de 2 372 personnes. Elle révélait le peu de temps consacré à l’information en ligne, 3% versus 4% pour la pornographie, 13% pour les achats et 28% pour le divertissement. Le Monde se réjouissait toutefois de la moindre proportion représentée par les sites d’infox comme source d’information du panel. Dans cette étude, on apprend aussi que la majorité des internautes passe moins d’1 heure par mois à s’informer. De quoi relativiser l’influence de la presse en ligne… 

Interview choc – En froid avec la famille royale d’Angleterre, Meghan Markle et son mari le prince Harry se sont entretenus avec Oprah Winfrey, papesse de l’interview confession. L’entretien a été diffusé sur la chaîne américaine CBS dimanche 7 mars et elle a fait l’effet d’une bombe au Royaume-Uni. Quoi de mieux que quelques problèmes de riches pour se distraire d’une actualité toujours plus morne ? Petite sélection de memes.

Mères yézidies et l’après-Daesh – Le New York Times publie une enquête bouleversante sur les mères yézidies irakiennes après leur sortie de l’esclavage sexuel. Leur communauté, génocidée par Daesh, les a séparées de leurs enfants né·es des viols en esclavage. Leurs chefs leur ont officiellement interdit de les récupérer. Ces mères doivent à présent choisir : ne jamais revoir leurs enfants ou quitter la communauté à laquelle elles avaient été arrachées, récupérer leurs enfants dans les orphelinats kurdes de Syrie et risquer l’asile à l’étranger. Le NYT suit cette opération de retrouvailles secrète et à hauts risques. Un rappel que la France ne fait pas mieux avec ses propres enfants coincé·es en Syrie.

Enfance en danger – La parole s’est libérée dernièrement autour de l’inceste mais moins autour du devenir de ces enfants maltraité·es par leurs parents. La situation des enfants placé·es en France est pourtant extrêmement préoccupante et cela alors que les moyens alloués ne manquent pourtant pas. La faute à un système opaque, mal décentralisé et en grand manque de professionnalisation selon cette grande enquête parue dans Slate

Censure sur Instagram – Quatorze comptes influents sur Instagram dont Jouissance Club et Clit Revolution ont assigné en référé Facebook auprès de la chambre civile du tribunal judiciaire de Paris. Cette action vise à la fois les sièges français, irlandais et européen. Le but de la démarche est d’obliger Facebook à dévoiler ses méthodes de modération, les moyens consacrés et les résultats. L’idée est de combattre la censure excessive en ligne ainsi que de lutter contre le laxisme envers la haine en ligne.

Islamophobie à l’IEP de Grenoble – Cette semaine, deux enseignants de l’IEP de Sciences Po Grenoble ont été accusés d’islamophobie à travers une campagne d’affichage dans les locaux de l’établissement. Les colleur‧ses de leur côté sont accusé·es d’« injure publique » et de « dégradation ». Une enquête est ouverte au parquet de Grenoble depuis le dimanche 7 mars. Dans ce chaos médiatique, un article de Mediapart explique en quoi la direction de l’IEP a laissé la situation dégénérer. D’un côté des professeurs aux propos dérangeants avec un humour douteux, et de l’autre une contestation étudiante désarçonnée et maladroite.

César – Vous n’avez rien manqué si vous n’avez pas regardé cette 46ème cérémonie des César, en effectifs réduits, covid oblige. Laurent Lafitte s’est fendu d’une petite blague homophobe à peu de frais en remettant le César… de la comédie : « Cette année, l’académie voulait créer un nouveau César. Alors on a pensé d’abord à créer un César LGBT. Et puis finalement, on s’est dit non, que ça allait être un petit peu trop consensuel, donc on le fera l’année prochaine. » Il a alors poursuivi avec une plaisanterie déplacée : « De toute façon, il n’y a pas grand-chose à faire, il suffit juste de rajouter une ventouse. » Corinne Masiero a sauvé la cérémonie avec une allusion à Dominique Boutonnat et à la situation catastrophique des intermittent·es. 

Matière à penser

Projections médiatiques – Serge Halimi et Pierre Rimbert livrent dans le Diplo une réflexion sur le journalisme. Alors que s’effondre un système basé sur la publicité, nécessitant un style large voire consensuel, ce sont de plus en plus les adhésions et dons de lecteurs qui financent le journalisme. On peut s’en réjouir ; mais il faut aussi s’interroger, comme cela favorise un journalisme polarisé dépendant d’un lectorat mobilisé qui pourrait ne payer que pour entendre ce qui lui plaît. 

8 mars, les origines – Comme le 8 mars est toujours récupéré pour tout et n’importe quoi, ça ne fait pas de mal de revenir aux sources. Découvrez ou révisez une des plus importantes et pourtant méconnues figures du féminisme : Clara Zetkin, socialiste et pionnière dans la structuration de la lutte féministe, récuse le féminisme bourgeois, appelle à réviser la définition du travail, toutes ces choses qui nous rappellent que nos aïeules combattent toujours à nos côtés. Pour l’histoire, elle organise la première Internationale de femmes en 1907 et la première journée de lutte internationale pour toutes les femmes en mars 1911. Dès lors et dans l’Europe entière, mars est le mois des ouvrières en colère. Elles réclament des droits, de l’argent, du pain. Jusqu’à une manifestation d’ouvrières saint-pétersbourgeoises le 8 mars 1917. C’est le premier jour de la Révolution russe. De bonne guerre, Lénine fixe au 8 mars la journée internationale de lutte pour les droits des femmes en 1921. Voilà, c’était ça l’histoire. Ah c’est autre chose que les réducs sur les coupe-ongles. 

La semaine en images 

Periods – La meilleure image que l’on retient du 8 mars c’est ce GIF sanglant signé de la romancière Louise Mey, partagé par l’autrice Klaire fait Grrr.

Fukushima, 10 ans – Le réacteur principal a redémarré, le Japon prévoit de fournir son énergie à 22% en nucléaire, l’ONU affirme que la catastrophe n’a causé aucun dommage de santé en se contentant de regarder la courbe des cancers dans la région alors que la centrale fuit depuis 10 ans dans l’océan et que l’industriel Tepco envisage d’y déverser toute l’eau contaminée qu’il a sur les bras. Pendant ce temps, des millions d’hommes et de femmes se souviennent d’une des 19 000 victimes et de vieilles personnes continuent de pleurer leur maison. On vous conseille de jeter un œil à ce portfolio du NYT.

OVH – Dans la nuit du 9 au 10 mars, le data center de l’hébergeur OVH situé à Strasbourg est parti en fumée, et avec une partie du web français. L’origine de l’incendie semble accidentelle, le feu serait parti d’un onduleur manipulé au cours d’une opération de maintenance dans la journée du 9. Le site de Manifesto est hébergé chez OVH, autant vous dire qu’on a eu chaud !

FHAR – Le journaliste Xavier Héraud nous a rappelé la création du Front homosexuel d’action révolutionnaire il y a cinquante ans.

Voir Aussi

House of Gucci – Cette semaine, Lady Gaga agite la toile en publiant une photo aux côtés de son mari, Adam Driver, devant la caméra pour le film House of Gucci de Ridley Scott. 

Cultures queers et transféministes

Femmes et pigistes – La résistance s’organise chez les femmes journalistes ! Allez dès maintenant suivre les comptes du tout nouveau Collectif W qui met en avant les travaux de pigistes féministes dans tout le monde francophone et se mobilise pour la défense de leurs droits.

Transféminisme – Le 8 mars, c’était aussi le lancement de XY, premier media transféministe audiovisuel de France. Pour sa première vidéo, Venus Liuzzo et Anna Balsamo nous parlent des violences qu’on subit aujourd’hui quand on est une femme trans.

Être queer en Tunisie – Rania Amdouni est une activiste tunisienne féministe, queer et LGBTQ qui subit depuis de nombreux mois un harcèlement d’une rare violence tant sur le web que dans la rue. Son anti-conformisme dérange et insupporte les autorités tunisiennes. C’est après avoir été publiquement harcelée par des policiers que sa plainte s’est retournée contre elle et que Rania a été condamnée à six mois de prison ferme avec incarcération immédiate. Plusieurs organisations féministes se sont mobilisées, exigeant la libération de la militante sous le slogan #SayebRania (« Libérez Rania »). Cri qui reste pour l’instant sans réponse. Dix ans après la révolution, les rapports entre la société civile et les forces de l’ordre se tendent et glissent vers un terrain dangereux. 

Transphobie tranquille – Tout le monde se souvient des élucubrations transphobes de J.K Rowling il y a quelques mois qui ont malheureusement motivé le recul des droits des personnes transgenres au Royaume-Uni. Malheureusement l’argumentaire de « l’épidémie transgenre » semble avoir atteint la France : l’historienne et psychanalyste Élisabeth Roudinesco nous a servi une soupe biologico-psychologique pour justifier des propos transphobes sur le plateau de Quotidien. Rappelons tout de même à Yann Barthès (qui n’a pas jugé bon de moufter) et à tous·tes celles et ceux qui jugent qu’elle a droit à son « opinion » que la transphobie est bien punie par la loi. 

Sextoys – Chez Slate, Lucie Inland dresse un état des lieux salutaire du (non) recyclage des jouets sexuels aujourd’hui. On retient que l’enseigne Passages du désir est la seule à recollecter les objets en boutique pour les transformer en… mobilier de jardinage.

Le documentaire

La fabrique de l’ignorance

Si le doute fait avancer la science, il faut aux sociétés démocratiques un minimum de confiance en l’information pour tenir debout. Or, depuis plus de cinquante ans, les industries se servent du doute et de contre-études scientifiques comme d’une arme pour faire triompher leurs intérêts économiques au détriment des vérités scientifiques et de la santé publique. L’industrie du tabac est la grande pionnière de ces manipulations qui ont depuis essaimé : dans La fabrique de l’ignorance, Franck Cuvelier et Pascal Vasselin livrent une brillante autopsie des mécanismes d’influence moderne, des études payées par les lobbies aux fake news autour de la pandémie de Covid-19.

Sélection et rédaction : Albane Barrau, Apolline Bazin, Salvade Castera, Anouk Durocher, Anne Plaignaud

Image à la Une : Screenshot d’une réaction d’Oprah Winfrey pendant la royale interview (Harpo Productions/CBS)

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