Rencontre avec WH4F, un collectif de hardcore, cherchant à en ouvrir toutes les portes et à les faire converger en une folle soirée.
Passionnés et ambitieux, ces cinq trublions de la scène hardcore cherchent à nous défouler mais surtout à nous amuser. Gaspard, Maxime, Enzo, Anthony et Pierre ont voulu créer une kermesse pour grands enfants, loin de tous les clichés. WH4F, ou le gueuloir de Flaubert version hardcore.
Manifesto XXI – Tout d’abord WH4F (WILL HARD FOR FOOD), présentez-vous. Qui êtes-vous, qui connaît qui ?
Gaspard : Je suis de Bayonne, je suis en architecture ; je mixais de la techno pour des potes. Je connais Enzo depuis l’école primaire. J’ai fait les premières soirées des Casual Gabberz en arrivant sur Paris et ça m’a conforté dans l’idée qu’il y avait énormément d’autres gens qui écoutaient cette musique. Je suis Barbe noire !
Enzo : Je viens de la même région que Gaspard, je faisais de la musique dans un groupe de metal ; j’ai commencé les soirées en allant voir Salut c’est cool entre autres… et j’ai raté mes études. Aujourd’hui je fais la plonge et des chocolats chauds à Biarritz. Je suis Diazép1.
Anthony : Je suis 50% de Team chien avec Maxime, on s’est rencontrés il y a six ans à Clermont-Ferrand ; on a toujours écouté la même musique, puis Paris et ses soirées hardcore nous ont aussi donné envie d’organiser des soirées. On commençait à connaître pas mal de sons, alors au début, pour rigoler, on a mixé. On a adoré alors on s’y est vraiment lancés sérieusement. Sinon, à côté, je travaille dans un cabinet de conseil en communication stratégique à Paris.
Maxime : Tout pareil qu’Anthony, mais je rajouterais que c’est Pierre qui nous a donné notre première date !
Pierre : Je viens d’Aquitaine, et j’ai écouté du gabber pour la première fois à mes 17 ans. Je me suis énormément renseigné dessus en regardant des reportages, en écoutant des sons. Un soir je suis allé à une soirée Casual Gabberz et j’ai adoré. Je faisais déjà un peu de musique – mais c’était de la merde – et j’avais besoin d’un pseudo. Je voyais sur Paris que tout le monde était DJ de quelque chose. Les mecs qui se disent « disc jockey » sont les mêmes qui s’appellent « Sébastien photographe » à Paris. Ça partait d’une blague en fait, donc j’ai décidé de m’appelé Pierre le disque jokey. Cette blague me fait toujours rire. Et petit à petit, j’ai rencontré les Casual Gabberz, Von Bikrav m’a proposé de mixer à une soirée, j’ai refusé, et il a insisté en me disant « tu as « disque jokey » dans ton nom, tu sais mixer ». Et voilà, je suis Bulu.
À quel moment vous êtes-vous décidés à monter WH4F ? Est-ce le revival de la hardcore qui vous a permis de lancer WH4F ?
Ça fait moins d’un an que l’on se connaît réellement tous. Tout est allé très vite, on est allés dans le même délire : le gabber, le hardcore, la débilecore, un peu de fun ; en même temps on partage les mêmes cercles. On a tous des connexions différentes en plus de ça sur Paris, de partout, et cette envie de rameuter pleins de gens de différents horizons. Et, du coup, il y a un peu plus de deux mois, on s’est décidés à monter notre collectif et à organiser une soirée (le 4 mai à l’Officine).
Et, concernant ce revival du hardcore, il y a – quasiment chaque weekend – une soirée hardcore. Il y a un public qui s’est développé, ce n’est pas nous qui avons décidé de plonger dans une niche. Les boîtes sont de moins en moins frileuses à ouvrir leurs portes au monde du hardcore.
En 2013, y avait une expo sur le gabber de Paul (des Casual). Tu voyais qu’il y avait ce retour du vieux teufeur, que là ça prenait de l’ampleur. Là, je vois qu’une voie est ouverte. Cinq ans plus tard, on prend finalement cette voie. On ne surfe pas sur une vague. On décide juste de donner notre vision du hardcore.
Comment était cette première soirée ? Comment l’avez-vous imaginée et du coup réalisée ?
En montant WH4F, on voulait que les gens se rappellent de cette soirée, qu’ils viennent pour la musique… mais aussi pour toutes les activités qu’il y avait, comme la roue de la fortune, les jeux vidéo, etc. On voulait que ce soit un défouloir, que ce soit amusant, débile et un peu stupide. Comme une kermesse.
Toutes ces activités ont permis aux gens de se lier, chose qui ne serait pas possible dans un énorme hangar. Vu que c’était notre première soirée, on a voulu faire quelque chose de familial. Et, surtout, on voulait mixer les genres. Un patchwork de hardcore en quelque sorte, c’est un genre tellement large qu’il permet la diversité.
On a voulu faire jouer les gens que l’on aime, d’abord le premier c’était Louis Meunier (via son duo Null Physics), un mec qui nous a amenés sur beaucoup de dates. C’était impossible de faire la première sans lui. Ensuite DJ Pab, c’est un proche de Salut c’est cool, qui a le même esprit que nous mais qui est mille fois meilleur que nous. Atom_Staub qui était notre DJ mystère, c’était le plus risqué – lui est plus dubstep, hard techno – mais ça a trop bien marché. Enfin Valerick, qui fait partie du collectif Fémur, qui a pas mal traîné ses bottes avec AK47 dans des soirées avec Manu le malin et qui, accessoirement, est le coloc de Pierre.
Toute la soirée a été filmée par Lucas Levon, un de nos supers potes. C’est lui qui a cristallisé notre amitié, il nous a tous liés en nous faisant jouer à la Sexto blabla.
Et pourquoi WH4F ? Cela veut dire quoi ?
Un rassemblement de gens qui, de près ou de loin, aime la hardcore et qui nous donne envie d’en faire. Même si ce sont les seuls gens à applaudir, on est heureux de le faire pour eux.
Une dernière question, pourquoi WH4F ?
Ça vient de « Will rap for food », qui est inspiré d’un album de CunninLynguists ; ils disent : « We rap for food ». Nous, on fait du hardcore pour bouffer, c’est un peu clochard. On fera quelque chose pour de la bouffe… mais on le ferait même sans bouffe.
Et c’est quoi la suite ?
On est sur plein de projets, on voudrait organiser une seconde WH4F, mais ça vous le saurez très vite.
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Article : Clothes Barbie