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Hassan K : un merveilleux bordel

Hassan K : un merveilleux bordel

Manifesto 21 - Hassan K
Isteghna, c’est le nouvel album complètement barré de Hassan K. Sur ce disque, on retrouve de la musique traditionnelle iranienne, de la musique électronique, ou encore du death metal. Ça part dans tous les sens, mais c’est le but. On vous explique.

Si j’avais été vendeur à la Fnac et que l’on m’envoyait le carton des disques du nouvel album de Hassan K, je les aurais laissés au carrefour de tous les rayons. On en voit passer des styles de musiques « inclassables », mais rien ne vous prépare à cet album. Dès le premier titre « Gardgiri », on retrouve un style de fuzzy surf-rock qui pourrait ouvrir un Pulp Fiction. Oui mais seulement voilà, au bout d’une minute débarquent des cuivres et des violons, telle une symphonie de générique des premiers James Bond avec Sean Connery. Le clou est enfoncé avec le second morceau « Akvan », death metal complètement loufoque chanté par la voix du service après-vente des enfers.

Keyvane Alinaghi est un artiste franco-iranien installé à Lille. Il place au cœur de son travail une dualité entre musiques perses traditionnelles et musiques occidentales. Avec une façon de faire très DIY et punk, il trafique les instruments traditionnels orientaux comme le setâr. Les influences de Hassan K sont multiples et diverses, et on les retrouve toutes sur ce LP. Il les fait se succéder les unes à la suite des autres, ce qui donne un magnifique collage, peut-être déroutant pour pas mal de monde. Âmes sensibles à la dissonance s’abstenir.

Manifesto 21 - Hassan K
Label : October Tone

Dans les légendes perses, Isteghna est l’étape du détachement, de l’introspection nécessaire à la compréhension du semblable, du sensible, mais plus particulièrement de l’imaginaire occulté. Le détachement, c’est le maître mot de ce qui lie cette douzaine de titres. Les structures classiques sont déconstruites : toutes les 30 secondes, ça change. Imaginez en soirée cet·te pote un peu surexcité·e qui passe d’une autre musique à l’autre à chaque minute, sans aucune logique. C’est ce qui rend l’écoute de l’album complexe car ce n’est pas un disque d’ambiance. Il ne s’écoute ni pour travailler, ni pour faire l’amour, ni pour conduire. C’est un album qui s’écoute, contemplatif face au chaos qu’il génère. Un bordel magnifique, mêlant punk et humour décalé, pour un résultat chevaleresque.

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