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[EXCLU CLIP] « Circles » : avec sa ligne de basse, Ghost of Christmas prend de l’altitude

[EXCLU CLIP] « Circles » : avec sa ligne de basse, Ghost of Christmas prend de l’altitude

« Circles » (Pschent), dont le clip sortira officiellement le vendredi 12 octobre, est le deuxième single de Ghost of Christmas, un duo de la scène électro marseillaise repéré par Laurent Garnier, composé de Martin Mey (voix) et Gaël Blondeau (producteur). C’est sur l’Angleterre des nineties que Gaël a les oreilles branchées. Il peut citer les artistes du label Warp presque par cœur. Une influence dont le quadra, ancien dj drum & bass, a gardé les basses rough qui accrochent dès la première écoute. Le clip, contemplatif, nous met sur le siège d’un avion à hélice.

Tout est prêt pour le saut en parachute. Une femme est en train de vérifier son matériel avant l’embarquement. Le clip, filmé en noir et blanc, semble conçu pour estomper la notion d’espace-temps. Les voix font leur entrée, pour une fois sans Martin Mey : « Il fallait s’amuser à éditer, découper ce sample […] J’adore le résultat, c’est puissant, dansant (sur des voix qui parlent des cercles de danse…). C’est intéressant pour moi, sans ma voix… C’est un track libérateur », dit-il dans le dossier de presse. La basse s’impose très vite. Du nouveau pour Ghost of Christmas, qui n’en est pas à son coup d’essai mais dont le projet s’est nettement étoffé depuis que son producteur a reçu un Prophet 08 pour son birthday. Un synthé que les fans de James Blake reconnaîtront s’ils ont écouté ses deux premiers albums. Il apporte l’épaisseur qui manquait à leur son pour passer du canapé aux dancefloors sans passer par la case « WTF, ce sont les mêmes garçons ? »

En effet, sur leur dernier EP, Connects the Dots, regrette aujourd’hui le producteur : « il y avait moins de basse. J’aurais dû en mettre plus. Quand je le réécoute, je trouve que je me suis censuré. Je n’aurais jamais dû. D’autant que sur le live on ne s’empêche jamais d’envoyer la basse : et ça change tout », nous confie-t-il au téléphone. Mieux vaut tard que jamais. « « Circles », je l’avais dans les tuyaux depuis un moment et je n’arrivais pas à le finir. Et puis c’est venu d’un coup. C’est un morceau instantané, qui marche tout seul et qui tape », ajoute Gaël Blondeau. Enfin assumées, les basses s’épanouissent sans agresser : éduquées aux rondeurs tout anglaises de l’électronica, elles imposent leur puissance aux premières mesures. On pense, plus près de nous, à leurs consœurs made in UK, qui font claquer l’addictif « What I Might Do », de Ben Pearce – on a testé : les deux s’enchaînent parfaitement.

C’est au live que « Circles » doit son efficacité. Plus loud, il est aussi plus pêchu. Certains morceaux plus up tempo « qu’on ne joue qu’en live », précise Gaël, ont agi naturellement : « Ça a retourné le public. C’est ce qu’on a reçus qu’on essaye de remettre sur disque pour faire kiffer les gens quand on remonte sur scène. » Nul doute qu’avec cet extrait, leurs salles de concerts tiendront plus du clubbing. Sans oublier de planer.

Le kick et la montée progressive, c’est ma manière de composer

ajoute-t-il. Les basses s’effacent progressivement sous les couches de synthés qui font la part belle aux arpeggiators. Une belle envolée qui va crescendo, tel cet avion dans lequel nous fait monter le clip.

Cauboyz, le duo de réals – décidément proches de la scène marseillaise (voir l’itw de Kid Francescoli en juillet dernier) –, est encore aux manettes. Pour ce clip, ils se risquent à la représentation littérale. On commence par s’impatienter. Si le but, c’est le focus sur la musique : bien joué. Mais ça finit par fonctionner. On suit la parachutiste jusqu’au cercle d’où s’envolera l’appareil. Son hélice suffit à nous hypnotiser, avec sa rotation saccadée. L’œil, content de se faire prendre, s’amuse à scotcher. Effet tableau psyché. Occuper 6 mn avec des plans fixes et de la géométrie en mouvement, c’est gonflé. On se demande si l’hélice colle vraiment au tempo de toutes les pistes du morceau. On suit ses circonvolutions jusqu’à tutoyer les nuages, caméra subjective oblige. Le quadrillage du paysage fait son apparition. Il n’y a plus qu’à attendre le grand saut. Les Cauboyz, qui sont aussi graphistes, ont aussi créé le logo des Ghost of Christmas, un « G » façon Escher, plutôt bien (dé)tourné.

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Crédits : Cauboyz

« Ce sont des artisans. Je suis très fan d’Escher mais on n’en a pas parlé. On a eu plein de propositions de logo mais c’est notre préféré. Je pense qu’avec les années on va pouvoir garder juste l’image, sans le nom du groupe », s’enthousiasme Gaël.

Pour leur prochain EP, The Difference, à venir en novembre, Gaël a voulu satisfaire le public : « J’aime bien que ça monte et que ça frustre. Mais là, je l’ai moins fait. Ça monte et ça continue. Parce que, d’habitude, je ne fais pas repartir. Y a pas de drop. Là, j’ai été sympa : sur « Circles » j’ai ajouté une boucle à la fin, en pensant aux gens. Il y a juste le pied et la basse, pour que ça reparte et que ça enchaîne sur autre chose. » Gaël a aussi changé de tonalité. « Je suis Lillois et je suis parti au soleil : j’essaye d’en mettre dans mon son. Je compose beaucoup en mineur mais j’ai essayé de faire un son plus joyeux. » Une transformation qui doit beaucoup à Marseille, une ville qui fait de plus en plus parler d’elle pour ses pépites électroniques : « Simon Henner [membre de Nasser et Husbands, et l’homme derrière le projet solo French 79, itw ici] a bien fait monter le truc. Son album solo [Olympicest absolument mortel. Il est talentueux et c’est un bel être humain. » On vous reparlera d’ailleurs bientôt de Nasser…

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