Du 12 février au 16 mai 2021, c’est derrière les portes fermées de la Friche Belle de Mai à Marseille que l’exposition En attendant Omar Gatlato voit le jour. Panorama « sur l’art en Algérie », elle présente vingt-neuf artistes algérien·nes ou issu·es de la diaspora. Puisqu’elle est fermée au public pour mesures sanitaires, nous avons produit une série de podcasts inédits donnant la parole aux artistes et aux commissaires de l’exposition.
Trois ans de travail, c’est ce qu’il faudra aux équipes de Triangle-Astérides pour mener à bien le projet colossal de cette exposition, sur 1300 m2… qui finira par se tenir portes closes. Avec cette série d’émissions audio, fruit de nombreuses heures d’entretiens et d’échanges internationaux, il s’agit de briser les contraintes spatio-temporelles de ces confinements qui n’en finissent plus, pour donner à entendre un propos qui s’ancre sur le temps long. En attendant Omar Gatlato…
Dans ce premier épisode, la commissaire de l’exposition Natasha Marie Llorens parle de son lien avec l’Algérie. Fille et petite-fille de pieds-noirs, elle raconte sa fascination pour la nostalgie qu’éprouvait son grand-père par rapport à l’Algérie :
Je ne comprenais pas pourquoi il ressentait ça soixante ans après avec la même force. Surtout qu’avec le prisme du bon post-colonialisme américain, je voyais qu’il y avait des problèmes avec ce sentiment de perte, parce que l’Algérie n’appartient pas aux pieds-noirs.
Natasha Marie Llorens, commissaire de l’exposition
En toile de fond sont posées des questions de racisme structurel dans le monde de l’art : pour quelles raisons cette exposition n’a-t-elle pas été montée par un·e commissaire algérien·ne ?
La parole est également donnée à Céline Kopp, la directrice de Triangle-Astérides, qui revient elle aussi sur la genèse de l’exposition, et l’importance pour elle, en tant que directrice d’un centre d’art, de faire en sorte qu’elle puisse avoir lieu à Marseille. En attendant Omar Gatlato est née à New York, avant de venir s’installer à La Friche Belle de Mai sous une forme plus approfondie.
Ce podcast est aussi l’occasion de revenir sur le film qui donne en partie son nom à l’exposition : Omar Gatlato est un long métrage de Merzak Allouache sorti en 1976. Film culte avec lequel a grandi toute une génération d’Algérien·nes, c’est l’un des premiers à mettre en avant l’individualité, indépendamment d’un mythe nationaliste algérien très ancré à l’époque. On y voit Omar évoluer dans la ville d’Alger, son quotidien de jeune homme des années 1970, près de dix ans après l’indépendance du pays.
Avec cette exposition, Natasha Marie Llorens crée un parallèle, et offre un espace d’expression à des artistes aux pratiques riches, multiples et variées, et pas nécessairement corrélées à l’histoire qui lie l’Algérie et la France.
Un podcast Manifesto XXI signé Soizic Pineau et Lila Le Clanche, en partenariat avec Triangle-Astérides.
Écriture et réalisation : Soizic Pineau et Lila Le Clanche
Prise de son, montage, textes : Soizic Pineau, avec la voix de Lila Le Clanche
Avec : Natasha Marie Llorens, Céline Kopp et Massinissa Selmani
Musiques :
• Merzak Allouache, « Omar Gatlato »
• Tern, « Traces, At Least »
• Time Structure, « Strigiforme »
Visuel : Studio Akakir
Vous pouvez retrouver les morceaux de Tern et Time Structure parus en juin 2020 sur notre compilation OPEN SOURCE.
Image à la une : Baya, Paysage aux maisons et collines, gouache sur papier, 1966, FNAC 29677, Centre national des arts plastiques, dépôt au Musée du Quai Branly. Photo © Othmane Mahieddine