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Cotton Claw, rencontre // Soirée Decilab Together

Cotton Claw, rencontre // Soirée Decilab Together

Le 12 mars dernier se déroulait à Rennes la soirée Together organisée par Decilab, à l’occasion de la sortie du nouvel EP de Douchka. Celle-ci mettait à l’honneur la scène future beat française, par le biais d’une collaboration avec le label Nowadays Records. À la suite de notre rencontre avec Clément Bazin, que vous pouvez retrouver ici, voici maintenant la retranscription de notre interview de Cotton Claw. Le quatuor se produisait juste après lui à l’Antipode, et a offert un show remarquable tant musicalement que visuellement, fort notamment d’un nouveau dispositif scénique.

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Manifesto XXI – La musique électronique étant plutôt perçue comme une pratique individuelle, pourquoi ce choix d’en composer et d’en jouer à quatre ?

Cotton Claw : Parce que justement dans nos projets solo respectifs, on a cette contrainte de jouer sur des MPC ou controllers avec un ordinateur, avec beaucoup de choses qui tournent derrière en autonomie, et puis finalement seulement une petite partie que tu joues. Un des deux objectifs de ce projet-là c’était justement de ne plus rien laisser jouer par les machines, et qu’on joue vraiment chacun une partie du morceau. Et cela n’est possible que parce qu’on est quatre, car tout seul c’est impossible de tout jouer live.

Manifesto XXI – Du coup, si vous levez les mains pendant un live, plus rien ne se passe ?

C. C. : Tout à fait !

Manifesto XXI – Est-ce que ce mode de jeu live n’est pas une contrainte pour la composition ?

C. C. : Ça l’était au début. Ce projet a été monté pour un premier concert, c’était pensé pour le live, il n’y avait rien d’écrit, de figé. Après on a remis ça sur disque, et du coup c’est devenu une contrainte, car il fallait que tout soit joué. Après quand on a bossé sur l’album c’était vraiment en mode studio, comme on produirait un album traditionnellement, sans penser à l’aspect live. Du coup ça a été beaucoup de boulot pour remanier ensuite ces morceaux pour qu’ils soient jouables en live. Aussi, les outils qu’on utilise pour créer la matière, on ne les utilise pas forcément sur scène, ce qui nécessite de tout redécouper, de rentrer les différents éléments dans les machines et de les jouer d’une autre façon.

Manifesto XXI – Du coup il y a des morceaux qui sont joués avec moins de strates musicales en live qu’ils n’en ont sur le disque ?

C. C. : Il y en a qui sont un petit peu simplifiés oui. Il y a des ajouts aussi, des re-créations, des passages spéciaux pour le live qui ne figurent pas sur le disque. On reprend les morceaux de l’album, on les réadapte, on essaie de les réécrire, de réécrire d’autres parties, puis on teste sur scène et on ajuste en fonction.

© Ftne Prod / Soirée Decilab Together / 12.03.2016
© Ftne Prod / Soirée Decilab Together / 12.03.2016

Manifesto XXI – C’est une démarche originale dans le paysage des live électroniques cette volonté d’absolument tout jouer en direct…

C. C. : Oui c’est un concept qu’on trouvait excitant car ce n’est pas quelque chose de courant, et qu’on a une démarche plus proche de celle d’un vrai groupe. Il y a quelque chose d’enrichissant car on a quatre fois plus d’idées (mais pas forcément quatre fois plus d’idées bonnes !) que dans un projet solo. Chacun dit ce qu’il a à dire et amène ce qu’il a envie d’amener.

Manifesto XXI – Est-ce que les compétences sont réparties entre vous : certains plus rythmiques, harmoniques, mélodiques… ?

C. C. : Deux d’entre nous ont fait de la batterie par exemple, certains éléments de ce type nous différencient, mais après on essaie que l’interprétation soit égalitaire. Personne n’est attitré à un poste musical en particulier, ça tourne. Chacun va jouer tour à tour la basse, la batterie, les mélodies…

Manifesto XXI – Pour la composition vous travaillez tous ensemble, ou d’abord individuellement ?

C. C. : Chacun peut amener des pistes, des boucles, des éléments… Puis après on échange. On se voit souvent, on travaille aussi chez nous, on s’envoie des choses, des idées… et on finit les morceaux ensemble. Ce qui est assez fou c’est que personne ne met jamais de côté son avis. On est tous les quatre très exigeants sur le résultat du travail du groupe, du coup on fait beaucoup de compromis, mais ça casse souvent plus que ça ne passe ! Si on n’est pas tous convaincus, on met de côté. En même temps c’est ce qui fait la richesse du projet, aucun des quatre ne peut faire seul le son qu’on produit à quatre.

Manifesto XXI – Est-ce que vous auriez des mots pour décrire votre style de musique ?

C. C. : Ce n’est pas évident car on n’est pas dans un courant franc…

Manifesto XXI – Si vous deviez donner un qualificatif par type de lignes ? Les basses… ?

C. C. : Elles grattent ! Elles ont un grain analogique.

Manifesto XXI : Les batteries… ?

C. C. : Du grain, mais ça c’est valable pour tous les éléments, sinon boisées… plastiques… synthétiques… mais élégantes ! (rires)

Manifesto XXI – Les mélodies… ?

C. C. : Sexuelles ! (rires) On y retrouve le côté « Cotton », il y a un petit côté mélo, gentil, cœur d’artichaut… Quelque chose d’aérien, de cotonneux…

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Manifesto XXI – Quel matériel utilisez-vous en studio pour composer ?

C. C. : En studio on a plein de synthés analogiques, du matos vintage aussi bien que du récent. Pour créer les éléments de batterie, c’est soit de la synthèse, soit des enregistrements, soit des choses reprises de banques mais complètement modifiées. Puis on récupère des a capella à droite à gauche qui sont ensuite martyrisées…

Manifesto XXI – Et sur scène ?

C. C. : Des pads et controlleurs, qui nous servent à interpréter notre musique, mais dont on se sert peut à l’inverse pour la composition. Ce matériel nous permet de performer nos morceaux via cette technique particulière qu’est le beatmaking.

© Ftne Prod / Soirée Decilab Together / 12.03.2016

Manifesto XXI – Quels artistes de la scène émergente française appréciez-vous en ce moment ?

C. C. : 123Mrk, Jacques, Nikitch…

Manifesto XXI – Quels sont les projets qui vous préoccupent en ce moment ?

C. C. : On n’arrête jamais d’être préoccupés ! On pousse le groupe à fond… On a un EP qui sort en septembre chez Cascade Records, on bosse sur des clips pour cet EP, on a la nouvelle installation… On n’a jamais fait de pause en fait… Depuis l’album, qui nous a pris six mois, on n’a pas arrêté : on a dû bosser pour insérer les morceaux de l’album dans le live, puis on a bossé sur le prochain EP, parallèlement on nous demande des clips… En plus on n’a pas de manager pour gérer tout ça, on le fait nous-mêmes. Et sinon, on revient jouer à Rennes en mai pour le Festival Rock’n’Solex !

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