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More Light : Berlin Atonal se réinvite à travers la compilation

More Light : Berlin Atonal se réinvite à travers la compilation

À l’occasion du retour en stock des vinyles collector de la compilation More Light de Berlin Atonal, revenons sur un format qui attire de plus en plus festivals, organisations et labels de musique.

Chaque année, les amateurices de musique expérimentale et d’arts visuels soniques se retrouvent dans la capitale allemande pour Berlin Atonal. Les premières années du festival, de 1982 à 1990, se sont déroulées sous la supervision de Dimitri Hegemann qui s’en alla fonder le fameux Trésor. L’événement renaît en 2013 au Kraftwerk à Berlin et ne cesse d’attirer les foules depuis. Comme beaucoup d’autres festivals, Berlin Atonal a dû être reporté au grand dam des organisateurices et artistes dont les œuvres ont été commissionnées. Ils ne baissent pas les bras et nous proposent aujourd’hui un set collector de vinyles qui suit la diffusion digitale de la compilation en novembre 2020.

La compilation comme alternative au festival

L’Atonal est un rendez-vous estival incontournable permettant aux audiences de découvrir les noms établis de la musique expérimentale. On y retrouve techno industrielle, drone, ambient, deep bass, downtempo, gabber, sound-art et toute expérimentation sonique. À travers les années, les chanceux·ses ont pu y écouter Actress, Autechre, Lanark Artefax, Shackleton, Surgeon, et même l’artiste visuel Wolfgang Tillmans (en 2017). Pour beaucoup, c’est également l’occasion de découvrir les artistes qui feront le paysage sonore de demain tout en se baladant entre les scènes. Pour les raisons que l’on sait, et qu’on évitera de répéter, Berlin Atonal n’a pas lieu en 2020 mais les organisateurices ne sont pas à court d’idées. Ils annoncent More Light, une compilation qui leur permet de relancer le label Berlin Atonal Recordings.

Le coffret collector vinyle et digital rassemble 19 titres uniques et commissionnés pour l’occasion. Y sont représentés environ 14 pays ainsi que trente années d’expérience musicale qui en font sa richesse : le français Aho Ssan et ses productions issues du langage numérique, les instrumentales électroniques saccadées de la collaboration entre le new-yorkais Hiro Kone et du berlinois Tot Onyx (group A), les chants d’Abdullah Miniawy (collaborateur sur le dernier album de Simo Cell), les splendeurs au synthétiseur de Laurel Halo, les titres techno de Nkisi et Lee Gamble et de drum & bass revisités par dBridge.

Ce n’est pas la première fois que l’on voit un grand festival se tourner vers la compilation. Le Unsound Festival en Pologne a également dévoilé une sélection de titres juteux, dont une œuvre post-mortem de SOPHIE. La compilation permet ainsi à une entité musicale de programmer son univers tout en restant virtuel. C’est aussi une manière de mettre en avant des créations en exclusivité, et donc de rémunérer les artistes comme il se doit au-delà du streaming, qui pose encore de nombreux problèmes liés à cette question.

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Les arts s’allient pour faire front

L’exclusivité se retrouve également au niveau de la duplication des formats de merch’ qui entourent les sorties de compilations. On voit de plus en plus d’organisations faire appel à des stylistes, graphistes et artistes visuel·les pour compléter cette offre sonore. La compilation se voit donc être un acte de solidarité au niveau musical mais également au sein des communautés d’artistes.

Les divers milieux se sollicitent mutuellement pour créer une œuvre totale et cohérente à même de susciter l’intérêt de leur audience. Dans le cas de la Berlin Atonal, nous retrouvons la marque de streetstyle et lifestyle Perks & Mini (P.A.M) qui a conçu deux t-shirts aux graphismes psychédéliques. On retrouve également Ezra Miller qui a créé un t-shirt ainsi qu’une gourde Nalgene customisée. Enfin, les organisateurices puisent dans les archives du festival pour mettre en vente des tirages exclusifs d’artistes ayant exposé dans le passé : Anne de Vries, Sasha Litvintseva + Beny Wagner, D.R. Boysen, Pedro Maia, Stéphanie Lagarde et Helge Mundt. On félicite tous ces festivals résilients qui ne cessent de se réinventer afin de faire vivre la scène artistique et de continuer à attiser notre soif de nouveauté.

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