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Clément, Reine de la nuit: portrait d’une queen émancipée

Clément, Reine de la nuit: portrait d’une queen émancipée

Dans sa nouvelle websérie, Arte Creative nous présente cet automne le quotidien hors du commun de Clément et Veronika. Clément, 30 ans, est chimiste le jour. Le soir venu, il laisse place à Veronika Von Lear, son Autre, reine idolâtrée de la scène drag parisienne.

Voilà comment le jeune homme définit cette reine de la nuit qu’il incarne avec passion : « C’est un mélange entre une femme d’affaires des années 80 et la maquerelle de maison close. Elle a une grosse voix et elle assume tout. »

C’est bien la fonction première du Drag — Dressed As A Girl — que les regards de Holy Fatma et Anne Flore Trichilo mettent en lumière dans cette série de sept épisodes. Veronika est le prolongement de Clément, version exacerbée de lui-même, les barrières et les complexes en moins, elle assume tout et n’a honte de rien. Garçon gay et rond, issu d’un lycée catho, Clément a grandi en pleine conscience des normes et diktats de la société, auxquels il ne correspondrait jamais.

Clément découvre le drag et sa magie émancipatrice à Lille. Les drag assument tout, on le répète, et montrent tout ce qu’on peut faire, être ou créer sur scène en s’acceptant et en explorant des facettes de soi-même qu’on ne pourrait atteindre sans cet alter ego puissant et auto-bienveillant. De cette révélation naîtra Veronika, figure incontournable de la nuit parisienne, matriarche de la famille Von Lear qui compte dans ses rangs ses filles et petites-filles: Habibitch, Angora, Karma, Ruby on the Nail, Amber Tonic, Diana…

Clément, reine de la nuit suit une semaine « ordinaire » de la vie de cette double entité. On y voit Clément jongler entre les 40 heures semaine de son travail et le job à temps tout aussi plein que constitue la mission de Veronika : casser les codes de l’hétéronormativité ancrés dans la « culture » de notre société jusque dans celle de la communauté gay. Car les drag ont beau tout assumer, leur sentence est double

La société juge les pédés et ces mêmes pédés jugent les drag à leur tour.

Qu’à cela ne tienne, les boudoirs de Vero donnent leur chance aux rejeté.es, au bizarre. La queen offre une tribune aux drag même non-confirmé.es. Clément/Vero tire les autres vers le haut en les entourant de good vibes et d’exigence quasi maternelle.

L’énergie qu’on le/la voit déployer n’est pas au service du parfait, il ne s’agit pas de fournir une esthétique belle et lisse de celles qui plaisent à tout le monde mais d’atteindre enfin la liberté de se plaire à soi-même, aidé.e par la magie du drag et la bienveillance familiale.

« La pire chose qui pourrait arriver, ce serait de se faire chier »

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Un risque qui semble très loin du quotidien dépeint, de la Station à la Mano ou la Folie, de la recherche de tissu à la conception des shows en passant par les aléas de l’orga ou des « pauses » de dragtivisme pour le Sidragtion. Clément et Vero doivent être au moins deux pour mener à bien cette folle existence, dédiée à la bienveillance, à la transmission et au courage.

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