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Rotting in the sun, portrait de délicieuses pourritures

Rotting in the sun, portrait de délicieuses pourritures

Le réalisateur chilien Sebastian Silva s’associe à l’influenceur gay Jordan Firstman dans une comédie grinçante disponible depuis le 15 septembre sur la plate-forme MUBI. 

Dans Rotting in the sun, Sebastian Silva et Jordan Firstman jouent respectivement leurs propres rôles et se rencontre sur une plage de cruising gay au Mexique alors que Silva tente de trouver une porte de sortie à sa dépression et son addiction à la kétamine. Jordan Firstman est charmant dans ce film qui, une fois l’ode à l’hédonisme sexuel (et aux nombreux pénis au soleil que l’on voit) s’achève, prend une tournure très inattendue. Le film se transforme alors en une critique acerbe des millennials shootés aux réseaux sociaux confronté à leur inaptitude au monde. 

On aura rarement vu un film où les deux protagonistes se mettent en scène avec tant de cruauté et de méchanceté envers eux mêmes, comme pour mieux souligner le jeu d’apparences et de masques que créent Instagram et Tik Tok. Par la radicalité de ce choix, Rotting in the sun fonctionne comme The White Lotus où le privilège pue tellement qu’il enferme ses personnages dans le déni et le mépris afin de dissimuler toujours mieux la vacuité existentielle de leurs existences. 

On notera donc le rôle central et brillamment interprété de Véro, femme de ménage de Silva, subissant tous les affres et les excès de ces homosexuels globalisés ne pouvant communiquer avec une autre culture que via le Google Traduction de leur iPhone 15. Tout est distancé, ironisé, memable. Instagram fonctionnant comme la ketamine qui dissocie le corps de l’esprit, ce film surprenant met en lumière les conséquences humaines de cette loupe déformante qui filtre les maux des personnages si bien qu’ils ne verront jamais que pourrit au soleil la charogne de leur égoïsme. 

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