Nous sommes un festival inclusif. Il serait incohérent de ne pas intégrer la diversité aux Trans Musicales.
Béatrice Macé est co-fondatrice et directrice des Trans Musicales de Rennes. Avec Jean-Louis Brossard, directeur artistique, elle lance en 1979 les Rencontres Trans Musicales alors qu’elle est étudiante à Rennes II. Un projet qui a évolué au jour le jour et qui était animé par l’envie de pousser des musiques nouvelles, hors des sentiers battus.
Nous ne nous prenions pas pour un festival. On n’arrivait pas à se définir comme cela. On a assumé complètement ce mot à partir de 1984.
1984, date à laquelle le projet, après six ans d’existence, commence à rencontrer le soutien des médias et des institutions. « Il faut galérer au début. Un projet de ce type-là, se construit sur des années. Parfois on est à l’avance sur son temps, alors il faut le temps que l’époque vous rattrape » nous confie Béatrice Macé.
Une histoire de convictions, donc, qui se veut presque un programme politique en faveur de la diversité, de l’indépendance, de l’innovation.
« Nouveau depuis 40 ans », tel est le leitmotiv. Quelle est alors l’image de l’avenir de la musique internationale offerte par cette 40ème édition ?
L’inclusion est un mot d’ordre. Si le genre, la sexualité, la nationalité ne sont pas des critères de sélection musicale, l’idée est de représenter une génération fluide, à l’aise avec le métissage et désirant briser les catégories. « Notre envie, est celle de témoigner d’un monde », nous confie-t-elle.
Une programmation sans tête d’affiche depuis 1979, qui présente des artistes emblématiques d’une époque, portant tous un message fort. « Nous avons constaté une grande envie de mixité d’influences : les artistes que nous avons choisis ont beaucoup de références, ils sortent de leurs territoires géographiques, ils sont au carrefour de plusieurs cultures ». Alors que les frontières politiques se resserrent, la musique les explose de plus en plus, en accueillant sans complexes les diasporas, les migrations, les expérimentations.
« Depuis le début, les Trans se positionnent contre l’uniformisation de la musique » explique Béatrice Macé, qui une fois de plus défend une programmation dont le critère est la prise de risque.
L’engagement n’est pas uniquement « pour l’amour de l’art », mais aussi très concret en faveur de l’urgence écologique. « Nous visons l’impact zéro. Nous avons une certaine vision du développement durable et nous sommes reconnus selon la norme ISO 26000 », explique la directrice.
Parmi ses coups de cœur de l’année figurent Atoem, binôme techno, le groupe Black Pumas, et puis évidemment le spectacle de danse d’Aloïse Sauvage qui promet d’émouvoir le public.
Une édition de plus en plus dirigée vers l’expérimentation et la nouveauté, un anniversaire sobrement fêté qui regarde tout droit vers l’avenir et poursuit son projet politique et culturel. Avec l’intention ferme de continuer de mettre le monde contemporain en musique.