Fondé en 2012, Beat à l’air aborde la fête autrement. Média consacré à l’underground, aux soirées alternatives et aux lieux insolites, il tisse des liens entre les cultures urbaines en touchant à la musique, l’art et la mode. Le 20 mai, Beat à l’air investit à nouveau La Java pour un format inédit avec 4h de set by Makam, dj hollandais du label Dekmantel.
Pouvez-vous présenter votre équipe et nous raconter un peu l’histoire de votre média ?
Beat à l’air a été créé en 2012 par Mathis et Thibault. Au début c’était un simple agenda ou l’on pouvait gagner des places pour les soirées “hors club” que l’on trouvait cool et qui correspondaient à notre vision de la fête. Au fur et à mesure d’autres membres nous ont rejoint (John, Paul-Sinh, Paul). A ce moment nous avons étendu l’agenda à la rédaction d’articles (musique, mode, culture), aux reports de soirées et aussi à l’organisation d’événements. Aujourd’hui nous sommes une dizaine : rédacteurs, Dj, organisateur d’événements.
Vous mettez beaucoup en avant le terme “culture alternative”. Qu’est-ce qu’une culture alternative ? J’imagine que cela change en fonction des époques, des lieux, des enjeux sociaux…
Beat à l’air a été créé à l’époque ou l’on a vu éclore beaucoup de collectifs et labels qui voulaient s’affranchir des clubs, comme BP, Die Nach, 75021, pour ne citer qu’eux. C’était aussi notre vision de la fête et c’est ce que nous voulions défendre. Aujourd’hui le mot alternatif est assez différent selon le milieu, mais on essaye toujours de garder le côté pointu de la musique, même si l’on travaille quand même avec les clubs. On ne fera par exemple jamais de partenariats avec des clubs où l’on vient parce que c’est cool, avec du beau monde qui y pose des grandes bouteilles.
Souvent on rattache le milieu queer au terme “alternatif” ou “underground”. Dans quelle mesure pour vous le milieu LGBTQI+ est définissable comme étant “à part” ?
La scène LGBTQI+ a toujours été à part car elle a toujours été marginalisée et discriminée. Aussi par le fait que les gens désignent les « soirées gay » en opposition aux « soirées normales », c’est à dire straight. Les codes y sont aussi très différents et l’énergie dégagée par le public durant les événements n’a en effet rien à voir. Comparez les soirées du Rex Club et la Flash Cocotte par exemple.
Cependant elle fait aussi partie intégrante de la culture artistique et électronique à l’échelle mondiale. La scène queer a toujours été à l’avant-garde de la culture underground. Ou même populaire. Prenez Freddy Mercury ou Bowie par exemple. Regardez la house de Chicago ou même les clubs comme le Berghain, ils ont été créés par et pour la communauté LGBTQI+, et sont parmi les plus respectés de la scène techno. On voit aussi de nos jours de plus en plus de mixité dans des événements où les deux mondes se mélangent, et ce grâce à des promoteurs et des collectifs qui œuvrent pour l’ouverture et l’acceptation de l’autre, quels qu’ils soient, comme Polychrome, Peripate ou La Mona. Donc en effet la scène queer est à part mais elle est aussi de plus en plus présente et acceptée dans cet univers largement hétéro-normé.
Vous êtes un média qui consacre de la place à la fête, à l’idée de faire la fête. Qu’est-ce qu’il se passe culturellement dans une fête selon vous ? Est-ce qu’une soirée festive peut être véritablement un lieu d’art ?
Depuis le début nous avons toujours essayé de mixer au maximum l’art et la musique dans nos événements. Nous réalisons souvent des live painting, du tatouage et même des expositions. Sur d’autres projets nous travaillons avec des collectifs pour réaliser la scénographie (3615 Connexion que nous avons créé avec Edyfis). Le but est de mélanger les différents domaines, voir styles de musique, pour y construire quelque chose de solide et de partager avec les personnes qui viennent à nos événements.
Pourquoi avez-vous choisi la Java ?
La Java est pour nous un club familiale, c’est ici que l’on réalise toutes nos fêtes house/disco. Il y a toujours une grande vibe et tout le monde est heureux d’être là. C’est un club qui a vraiment une âme avec son passé très accès sur la danse. Sur nos événements en club, c’est assez difficile d’avoir des happening plus culturels, c’est donc très important d’avoir un lieu avec un passif comme celui de la Java, les personnes qui y viennent savent qu’il y aura de la musique et une ambiance de qualité…
Pouvez-vous nous parler un peu de votre line-up, des choix artistiques mis en place pour cette soirée ?
Sur cette soirée, on teste un nouveau format qui sera présent sur nos prochaines soirées également. On invite un dj à jouer pendant 4h, qui peut donc ainsi construire son set et cela nous permet de viser des noms avec une plus grande résonance sur Paris.