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Bagarre. La clarté dans le désordre

Bagarre. La clarté dans le désordre

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Ils chantent en français, ils mélangent les genres, beaucoup de synthés et des inspirations cold wave. Ils baignent dans la tendance désormais notoire de la musique francophone intello-rétro. Ils sont cinq, une seule fille qui claque les garçons ; en somme, on ne s’étonne pas que ce soit le label Entreprise qui les produise. Pas simple de capter leur attention mais nous avons pu leur poser quelques questions avant qu’ils assurent la première partie du concert d’Odezenne à l’EMB Sannois. Un live très convaincant, pour leur EP « Musique de club ».

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Live à l’EMB Sannois, crédits : Anne Marie Simonnot

Manifesto XXI – Votre EP s’appelle « Musique de club ». Dans quel type de club votre musique pourrait-elle passer ? Quelle ambiance ? 

Emma : Quand on parle de « club » ce n’est pas le « club » comment on l’entend aujourd’hui. C’est plutôt le club qui a traversé les époques.

Thom Loup : C’est un endroit fictionnel. On a essayé de donner un nom qui n’impose pas de limites à notre style musical. Un endroit fictif où tout le monde pourrait se retrouver.

Emma : Ça peut être un club de hip hop, d’électro, de jazz… un endroit où tu danses. Où tu es libre.

Cyril : C’est aussi une référence à la nuit.

Manifesto XXI – Le mélange de genre qui constitue votre musique crée une sorte d’effet chaotique qui mène quand même à une cohérence d’ensemble. Est-ce que le chaos vous inspire ? Est-ce que vous êtes des gens chaotiques ? 

La Bête : Moi je suis satanique.

Thom Loup : On est les rois de la clarté dans la confusion.

Emma : Moi je suis mystique.

La Bête : Thomas toi t’es gentil, t’es un paladin…

Manifesto XXI – Vous vous revendiquez groupe sans leader, un groupe de cinq ego différents. Comment gérez-vous cette pluralité ? 

Thom Loup : C’est pas tant quelque chose qu’on revendique, ça s’est imposé parce que tout le monde voulait écrire des textes. On en était tous capables donc c’est la voie qu’on a tout naturellement choisi de prendre.

Mous : Après ce truc du « sans leader » c’est plus quelque chose qui est vrai sur scène, vu que tout le monde prend la parole. Le poste « lead » du chanteur tourne en fait. Donc c’est plus en lien avec ce qu’on fait sur scène. Dans la réalité c’est plus compliqué que ça.

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Live à l’EMB Sannois, crédits : Anne Marie Simonnot

Manifesto XXI – Un EP de cinq chansons, chacune correspondant à un membre du groupe. Pouvez-vous me présenter chacun la vôtre ? 

Mous : Moi j’avais envie de danser, je l’ai jamais fait, donc voilà (Bonsoir) .

Thom Loup : Moi j’ai écrit une chanson d’amour triste qui raconte la peur de perdre (Le gouffre).

Emma : Moi une histoire d’amour drôle (Claque-le).

La Bête : Macadam c’est pas vraiment une chanson d’amour, c’est plus sur l’idée de prendre sa voiture et d’aller chercher une histoire d’amour triste ou drôle. Parfois après il faut rentrer chez soi, parfois on s’arrête en cours de chemin.

Cyril : Une chanson d’amour désabusée qui parle de la ville de Paris (Ris pas).

Emma : En fait c’est que de l’amour.

Thom Loup : Et c’est méga triste.

Manifesto XXI – Ça a l’air oui…

Emma : L’interview qui tourne mal…

Manifesto XXI – Il y a un travail intéressant autour des clips. Pouvez-vous m’en parler ? 

Emma : On a travaillé avec un collectif qui s’appelle VLF. Ils ont eu l’idée de ces clips. On leur a fait confiance et c’est d’ailleurs grâce à eux qu’on a écrit une cinquième chanson car l’idée était de représenter chaque membre du groupe. On s’est donc dit que ça pouvait pas être sans Mous. Donc la démarche de comment on a réfléchi à ces clips s’est faite un peu à l’inverse, mais c’était intéressant.

Manifesto XXI – Il y a un rapport à la métamorphose, à la danse très rythmique, il y a des mouvements brutaux… Quel était le sentiment global que vous vouliez dégager ? 

Thom Loup : Soit c’est une simple action répétitive genre Cyril avec le scotch, soit une performance. Soit aussi c’est ce qu’on a envie de faire en écoutant nos chansons. Le geste est ensuite poussé à l’extrême et il traduit soit un mouvement réel, comme dans mon cas, une simple danse ; soit une allégorie.

Emma : Par exemple pour Claque-le, il y a la puissance féminine et puis une performance sportive quand même…

Thom Loup : C’est vrai qu’elle marche sur des garçons quand même ! Et cette pyramide on l’a vraiment faite…

Mous : Et on est pas des gymnastes, on a galéré.

Manifesto XXI – Justement, êtes-vous sportifs ? 

Emma : Pas vraiment, après une performance on se donne tellement qu’on a tout le temps des courbatures.

Thom Loup : On est pas des grands sportifs, on fait du vélo et du ski.

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Mous : De la muscu moi…

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Live à l’EMB Sannois, crédits : Anne Marie Simonnot

Manifesto XXI – Et vos uniformes ? 

Emma : On a toujours eu des uniformes. On a eu des bleus de travail avant. Maintenant des sweats. C’est drôle, les sweats c’est né parce que justement un jour on a oublié nos bleus alors on est allés à Emmaüs et il y avait plein de sweats de sport alors on les adoptés comme uniforme. Et on va sûrement changer bientôt. On aime bien être autre chose sur scène, des personnages.

Manifesto XXI – Il y a un côté assez discipliné dans ce fait de porter des uniformes, un côté un peu totalitaire, en plus avec la touche sportive et votre salut initial…

Emma : Tu parlais de pluralisme tout à l’heure, de démocratie dans notre musique. On peut dire que nous sommes cinq régimes totalitaires qui s’entrechoquent.

Manifesto XXI – On a récemment sorti un article qui disait que le clubbing sera le sport du XXIe siècle. Qu’en pensez-vous ? 

Thom Loup : Je pense que ça a un vrai rapport avec le sport justement, il faut entretenir son corps pour résister à plusieurs soirées à la suite.

Emma : Le fait de sortir a toujours existé, la spécificité actuelle est probablement que le clubbing est plus démocratisé.

Mous : Même au Moyen-Âge ça existait…

Thom Loup : Dans les années 1920, les cabarets…

Emma : Certes, mais on en parlait moins et c’était pas pour tout le monde !

Thom Loup : Oui, peut-être qu’aujourd’hui la société a plus besoin de se décharger, c’est un besoin collectif.

La Bête : J’ai oublié mon chargeur.

 

C’était le mot de la fin. 

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Prochains lives :

mar. 05 Cabaret Aléatoire Marseille 
mar. 11 La Vapeur Dijon
mar. 12 Le Rocher de Palmer Cenon 
mar. 17 La Sirene La Rochelle
mar. 25 Le Poche Bethune
avr. 19 Les Mardis du Grand Marais Riorges
mai 12 LA BARAKASON Reze
mai 14 Festival Art Rock Saint Brieuc

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