Directrice artistique d’A la folie depuis ses débuts, Audrey Saint-Pé est, avec Rémy Baiget, à l’origine de BIZARRE, festival « inattendu » pour communautés curieuses qui se déroule jusqu’au 24 octobre. Passée par les plateaux de cinéma, le design graphique, le Batofar et Concrete, la programmatrice semble bien décidée à imprimer sa patte dans la vie culturelle parisienne.
Depuis son ouverture en 2015, A la folie s’est imposé comme l’un des lieux les plus queer de la capitale grâce à une programmation riche et accessible, de jour comme de nuit. Cet automne, placé sous le signe d’un retour à une vie culturelle quasi normale Audrey Saint-Pé a vu plus grand avec BIZARRE. Sur quinze jours, ce sont plus d’une dizaine de collectifs, établis ou nouveaux venus, qui se succèdent derrière les platines d’A la Folie et du Pavillon de la Villette, ou sur les ondes de Tsugi Radio. Projet important dans ce grand tout, vendredi 22 aura lieu la deuxième édition de la soirée qu’a fondé Audrey Saint-Pé, la Futur·e. Avant que la fête batte à nouveau son plein pour la deuxième semaine du festival, on lui a posé quelques questions.
Manifesto XXI – La devise d’A la folie c’est « Open doors for open minded people », et on retrouve cet esprit dans la prog de BIZARRE. Concrètement, comment on gère le mélange des publics le temps d’un festival et tout au long de l’année pour que tout le monde soit toujours à son aise ?
Audrey Saint-Pé : Ça se joue par le rythme de la programmation… Un grand croisement des publics qui viennent pour quelque chose (un event, un·e artiste, un moment…) et qui sans même s’en rendre compte se retrouvent dans un autre univers parce qu’il se passe autre chose au premier étage, ou que c’est le moment du dîner, ou un after. Pour l’accueil, ça se fait assez naturellement je crois.
Le festival présente la soirée « Dyke Ménopause », quelle est l’histoire de cette idée ? Est-ce un genre de manifeste contre l’âgisme dans les scènes culturelles ?
C’est une idée de Fany Corral et Anne Pauly (ndlr, figures de feu le Pulp et Kill the DJ). Elles nous ont parlé de cette envie de monter un projet qui dirait : « Fuck à l’âgisme ! » Et ni une ni deux on a pensé à intégrer cette idée à BIZARRE ! Ça rentre à 100% dans le sujet de l’inclusivité et des valeurs qu’on défend. C’est quand même cool de mettre les points sur les i autour d’un apéro et de danser avec aux platines les personnes qui ont historiquement illuminé les premiers émois de la queerness, notamment au Pulp ! Capice les kids ? (rires)
Quelles sont les soirées queers que tu aimes, admires, et pourquoi ?
Alors à Paris je ne citerai que deux noms : Spectrum et Myst. Ce sont vraiment des soirées que j’aime parce qu’il y a une éthique, un vrai sens de la fête, de l’engagement et un respect du public. L’ambiance est toujours free et je m’y sens bien. Le reste, les grandes wharehouse avec 3 photos de 2 mecs en harnais, c’est assez loin de ce que j’aime.
Quels sont les « modèles » qui t’ont amenée à imaginer Futur·e ?
Pour l’inspiration je l’ai trouvée plus sur le Whole Festival, à quelques heures de Berlin. Il n’y a eu que deux éditions, j’ai hâte de la troisième. Je pourrais en parler pendant 3 heures. On refera une interview à ce sujet !
C’est quoi la petite spécificité de Futur·e ?
C’est un projet qui mêle artistique (ciné, performance, queer-e-oké… ) et clubbing. J’aime beaucoup proposer un début de soirée gratuit avec autre chose que du djing.
Tu officies aussi comme DJ, sous l’alias Pepiita, qu’est-ce que tu nous prépares pour ton set de samedi ? Quelles sont les tracks que tu penses passer, des coups de cœurs récents ?
Alors en toute honnêteté, j’ai préparé quelques tracks que je voudrais absolument passer, mais je prépare assez peu mes sets. Je prends 5 clefs usb et je tricote un truc. C’est une façon de faire hyper stressante, qui me vaut quelques calages un peu douteux, mais même quand je décide de suivre une playlist, je ne le fais jamais. Et pour les tracks du moment :
Qu’est-ce qui fera que le festival est réussi selon toi ? As-tu un dream goal pour cet événement ?
Il sera réussi si le public a été surpris (agréablement) et veut revenir si on en fait un autre ! Mais aussi si les artistes et promoteurs ressentent la volonté et toute l’énergie qu’on a mises pour monter en 3 semaines ce festival ! Le dream goal c’est que ce soit le début d’une longue et bizarre histoire !
BIZARRE – Futur·e : Steffi, Anaïs Leszcynska, MZA, Pepiita & MYST